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Coupe du monde 2018 : La fiche de la Suisse
Par Julien Duez
Avec 17 rescapés de la liste des 23 à l’Euro 2016, la Nati présente un savoureux mélange de cadres d’expérience – parfois proches de la retraite internationale – et de jeunes talents prêts à être révélés aux yeux du monde entier. Pour Mister Petković, l’objectif est simple : faire mieux que les huitièmes de finale au Brésil. Et, pourquoi pas, tenter d’aller plus loin que les historiques quarts de 1954 qui avaient alors eu lieu... en Suisse.
La liste des 23
Gardiens de but : Yann Sommer (Borussia Mönchengladbach), Yvon Mvogo (RB Leipzig), Roman Bürki (Borussia Dortmund)Défenseurs : Stephan Lichtsteiner (Juventus), François Moubaldje (Toulouse FC), Nico Elvedi (Borussia Mönchengladbach), Manuel Akanji (Borussia Dortmund), Michael Lang (FC Bâle), Ricardo Rodríguez (AC Milan), Johan Djourou (Antalyaspor), Fabian Schär (Deportivo La Corogne)Milieux de terrain : Remo Freuler (Atalanta Bergame), Granit Xhaka (Arsenal), Valon Behrami (Udinese), Steven Zuber (Hoffenheim), Blerim Džemaili (Bologne), Gelson Fernandes (Eintracht Francfort), Denis Zakaria (Borussia Mönchengladbach), Xherdan Shaqiri (Stoke City)Attaquants : Breel Embolo (Schalke 04), Haris Seferović (Benfica), Mario Gavranović (Dinamo Zagreb), Josip Drmić (Borussia Mönchengladbach)
Le onze type
Sommer – Rodríguez, Akanji, Schär, Lichtsteiner – Xhaka, Behrami – Zuber, Džemaili, Shaqiri – Seferović.
L’analyse tactique
Si Vladimir Petković a été le dernier de ses collègues sélectionneurs à faire connaître sa liste, le Mister n’a pas provoqué d’onde de choc – comme en Belgique ou en Allemagne – en retirant un nom impensable de sa pré-sélection. Tout au plus peut-on feindre l’étonnement devant l’éviction du milieu Edimilson Fernandes (cousin de), laissé sur la touche au profit d’un attaquant supplémentaire afin « d’avoir davantage d’options sur le plan tactique » , selon les dires de Petković. On devrait donc logiquement retrouver son fétiche 4-2-3-1, indéboulonnable depuis l’Euro 2016. À moins qu’il n’opte pour un nouveau schéma en 4-1-4-1, comme testé face à la Grèce et lors de la deuxième mi-temps face à l’Espagne. Un pari risqué, tant ses joueurs sont rodés à la première option ? Ou bien une manière de mettre en avant sa nouvelle génération, davantage tournée vers l’attaque ?
La stat à la con : 2
Comme le nombre de joueurs présents dans l’album Panini non sélectionnés dans la liste des 23. En l’occurrence Admir Mehmedi et Eren Derdiyok. Ce qui fait toujours moins que la Corée du Sud, recordman de l’exercice avec huit joueurs condamnés à rester au stade de vignette autocollante.
Ce que Poutine dirait de cette équipe « Je ne peux pas vous le dire, c’est secret. Eh oui : qui aurait pu penser que le FSB et les établissements bancaires puissent avoir un truc en commun ? »
Il aurait pu être russe, mais il est né à Mitrovicë (Yougoslavie)
Quand la guerre de ce qui est aujourd’hui le Kosovo éclate en 1989, Valon Behrami n’a que quatre ans. Ses parents gardent en tête le rejet viscéral du maréchal Tito pour le géant soviétique et choisissent de demander l’asile en Suisse plutôt qu’à Moscou. Le jeune Valon grandit dans le canton italophone du Tessin et effectue sa formation chez les deux pontes locaux que sont Chiasso et Lugano. La langue italienne devient la sienne, et le passeport suisse lui permet de disputer en Russie sa quatrième Coupe du monde. Un record pour sa terre d’adoption qu’il fêtera en compagnie de sa compagne, la skieuse Lara Gut, avec laquelle il forme probablement le couple le plus sexy de tout le Sud de la Suisse.
Le joueur frisson : Manuel Akanji
Révélé aux yeux de l’Europe avec le FC Bâle, il est transféré cet hiver au Borussia Dortmund, faisant ainsi honneur à la tradition entretenue par la Suisse avec le BvB depuis Andy Egli. S’il devra encore un peu patienter pour devenir impérial en Bundesliga, il est déjà devenu incontournable en six sélections avec la Nati(six sélections pleines, un seul but encaissé contre l’Espagne). À tel point que l’axe de la défense rime désormais avec son patronyme associé à celui de Fabian Schär. Le tout à 22 ans.
Le joueur qu’on n’a pas du tout envie de voir : Michael Lang
Parce que Vladimir Petković était à deux doigts de réussir à composer une sélection de joueurs évoluant à 100% en dehors de la Super League. Mais non, il a fallu que le Mister aille pêcher un latéral droit jamais sorti de Suisse alémanique et dont le physique rappelle un mauvais sosie barbu de Kurt Cobain. Et qui, en plus, ne vient même pas des Young Boys de Berne, pourtant champions en titre. Tout ça sous prétexte que Monsieur Lang a joué 3951 minutes toutes compétitions confondues avec le FC Bâle, soit le meilleur score de toute la Confédération helvétique, et qu’il est – derrière Stephan Lichtsteiner – le meilleur de son pays dans le couloir droit. Du coup, quelle est la prochaine étape ? Un représentant du championnat national dans chaque secteur du jeu ? Et pourquoi pas se mettre à regarder des matchs de Saint-Gall pendant qu’on y est ?
Le grand absent : Philippe Senderos
Parce qu’une équipe sans grand costaud chauve en défense centrale a nettement moins de chances d’inquiéter sérieusement son adversaire.
S’ils étaient un tube de l’été
Rich Kids. Tout comme le folklore musical helvétique ne se limite pas à la corne des Alpes ni au yodel, la preuve avec Landro, jeune pop-rappeur biennois passé d’illustre inconnu à star des ondes dans la partie alémanique du pays, l’équipe nationale suisse est en pleine phase de transition. Lorsque les cadres Stephan Lichtsteiner, Valon Behrami, Johan Djourou et Blerim Džemaili auront tourné la page de la Nati, Vladimir Petković, s’il est encore aux manettes, pourra compter sur un fameux vivier de jeunes talents pour en assurer l’avenir. En revanche, tout lien entre le titre de la chanson et le supposé niveau de vie des citoyens de la Confédération helvétique n’engage que les amateurs de jeux de mots douteux.
Pourquoi ils vont… en faire tout un fromage
Parce que comme leurs cousins belges, les Suisses vivent dans un pays institutionnellement compliqué, linguistiquement mélangé et souvent pris de haut par le voisin français. Et si en tennis, le Plat Pays doit s’incliner devant la domination helvétique, la Natia encore du chemin à parcourir pour rattraper les Diables en matière de ballon rond. Pour mesurer la vraie valeur de cette équipe, il faudrait en fait un duel belgo-suisse. Culinairement, cela ferait des frites avec du fromage dessus. Au Québec, on appelle ça une poutine. Et ça tombe bien, c’est de circonstance.
Le programme
Brésil-Suisse
Dimanche 17 juin à Rostov-sur-le-Don à 20h
Serbie-Suisse
Vendredi 22 juin à Kaliningrad à 20h
Suisse-Costa Rica
Mercredi 27 juin à Nijni-Novgorod à 20h
La Suisse et le Danemark dos à dos
Dans cet article :
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Par Julien Duez