La liste des 23
Gardiens de but : David de Gea (Manchester United), Pepe Reina (Naples), Kepa Arrizabalaga (Athletic Bilbao)
Défenseurs : Daniel Carvajal (Real Madrid), Álvaro Odriozola (Real Sociedad), Gerard Piqué (FC Barcelone), Sergio Ramos (Real Madrid), Nacho (Real Madrid), César Azpilicueta (Chelsea), Jordi Alba (FC Barcelone), Nacho Monreal (Arsenal)
Milieux de terrain : Sergio Busquets (FC Barcelone), Saúl Ñíguez (Atlético de Madrid), Koke (Atlético de Madrid), Thiago Alcântara (Bayern Munich), Andrés Iniesta (FC Barcelone), David Silva (Manchester City)
Attaquants : Isco (Real Madrid), Marco Asensio (Real Madrid), Lucas Vázquez (Real Madrid), Iago Aspas (Celta de Vigo), Rodrigo Moreno (Valence FC), Diego Costa (Atlético de Madrid).
Le onze type
De Gea – Carvajal, Piqué, Ramos, Alba – Busquets, Thiago, Iniesta – Silva, Isco, Diego Costa.
L’analyse tactique
Rien de neuf au pays.
Misma mierda. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Ou confitures, ou déconfitures, pour le Mondial 2014. Bref, pas vraiment nécessaire d’ajouter d’autres expressions ringos à la liste – ringos étant déjà ringos en soi –, rien de révolutionnaire pour la
Roja. Biberonné au
tiki-taka lors de sa carrière de joueur et professeur appliqué entre 2010 et 2014 lorsqu’il était sélectionneur des équipes espagnoles de jeunes, Julen Lopetegui s’inscrit dans la veine classique du jeu de l’Espagne. 4-3-3 éternel, du dédoublement, des redoublements de passes, un pressing haut pour récupérer le ballon, une progression en triangles. Seule légère nouveauté, le retour en grâce d’une pointe fixe que constitue Diego Costa, co-meilleur buteur espagnol des éliminatoires avec cinq buts. Fan inconditionnel d’Andrés Iniesta, qu’il estimait «
à un niveau fantastique » contre la Suisse et rouage encore essentiel dans un rôle plus reculé qu’auparavant, Lopetegui lui voue une confiance aveugle. Restent les facteurs X, avec Isco et David Silva en détonateurs pour faire sauter la boîte, eux qui marquent d’ailleurs autant que Diego Costa (cinq buts en éliminatoires). Et avec les fléchettes Aspas et Vásquez (entre autres) sur le banc, la
Roja dispose de munitions de rechange attachées à la verticalité.
La stat à la con : 708
Comme le nombre de jours qui séparent l’Espagne de sa dernière défaite – série en cours –, le 27 juin 2016 face à l’Italie en huitièmes de finale de l’Euro français. En bref : Lopetegui est toujours invaincu depuis sa prise de fonction, avec treize victoires, six nuls, 60 buts marqués et 13 encaissés.
Ce que Poutine dirait de cette équipe
«
Celui qui ne regrette pas Xavi n’a pas de cœur. Mais celui qui veut le réinstaurer n’a pas de cerveau. »
Il aurait pu être russe, mais il est né à… Elche
Une gueule d’étudiant moscovite, un caractère de révolutionnaire criméen, les rayures verticales du maillot de l’Atlético comme autant de barreaux derrière lesquels terminer en cas de bêtise, et un prénom qui lui confère un joli taux de résistance initial à une boisson qui coûte là-bas moins cher que de l’eau. Saúl Ñiguez, dulce de Elche.
Le joueur frisson : Álvaro Odriozola
Il y a dix-huit mois, Jean Rochefort et Claude Rich étaient encore vivants, Donald Trump levait la main droite et prêtait serment sur la Bible devant le Capitole, Robert Marchand cognait le record du monde de l’heure en cyclisme sur piste dans la catégorie des plus de 105 ans, et Álvaro Odriozola jouait encore pour la réserve de la Real Sociedad en troisième division espagnole. Depuis, les deux premiers ont passé l’arme à gauche, le Donald ne cesse de brandir la sienne, Robert a pris sa retraite sportive et le petit Álvaro est en passe choper une place de titulaire au Mondial à la surprise générale, avant un probable transfert au Real Madrid cet été. Kézako ? À 22 ans, le petit gamin de Saint-Sébastien a doublé Juanfran, Bellerín ou Sergi Roberto dans la course aux 23, et confirmé avec son but contre la Suisse que la blessure de Carvajal n’avait pas de quoi inquiéter les Espagnols. Petit, rapide, bon centreur (une passe décisive contre l’Albanie)… «
Il nous a surpris » , confiait récemment Lopetegui. Drôle d’oiseau, attention au décollage.
Le joueur qu’on n’a pas du tout envie de voir : Sergio Ramos
Mérite-t-il seulement toute cette haine ?
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, disait la romancière Harper Lee en 1960. Sous-entendu : cela lui ferait trop plaisir. Beaucoup s’y sont d’ailleurs essayés à la suite d’une finale de Ligue des champions qui aura vu le défenseur espagnol blesser le meilleur joueur d’Angleterre, et peut-être du monde, Mohamed Salah. La famille Ramos a même dû changer de numéro de téléphone après réception de menaces de mort, selon les informations pas toujours très fiables de la Cadena Cope.
En réalité, le problème n’est pas tant d’être obligé de poser sa rétine sur le bonhomme, à coup d’angles de caméra dictatoriaux ; il l’est davantage dans la capacité de ce coup d’œil à nous rappeler ce qui n’est pas. Voir Ramos, c’est voir que Salah n’est pas là. Qu’il pourrait louper le premier match, ou les deux premiers, ou le premier tour. Qu’il pourrait s’abstenir d’un engagement total sur les suivants, si tant est que l’Égypte parvienne jusque-là. Volontaire ou non, regrettable ou non, voir la gueule charbonnée d’Henri Fonda dans Il était une fois dans l’Ouest ramène fatalement à celle du petit Charles Bronson lorsque son frère pendouillait au bout d’une corde. Reste à voir si Mo Salah sait jouer de l’harmonica.
Le grand absent : Álvaro Morata
Diego Costa, Rodrigo Moreno. Voilà deux types passés devant Álvaro Morata dans la hiérarchie des buteurs espagnols, alors que le premier n’avait plus foutu un pied en sélection depuis un an et que le second ne compte que cinq sélections. L’attaquant de Chelsea paye là sa deuxième moitié de saison tronquée par les blessures, l’arrivée d’Olivier Giroud, et la volonté de Lopetegui de miser sur la polyvalence, le reste de l’attaque étant complétée par des profils moins axiaux (Iago Aspas – vague sosie de Steeve-O –, Vázquez, Asensio, Isco). Leçon du jour : toujours regarder ce qui se trame dans son dos.
S’ils étaient un tube de l’été…
Attraper, libérer. La chanson préférée de Johan Cruyff, par ailleurs.
Pourquoi ils vont… tous perdre connaissance dans les couloirs du stade Loujniki
Tendus comme le mollet de Roberto Carlos après un premier tour toussoteux et un enchaînement de victoires écrasantes (3-0 contre l’Égypte en huitièmes, 5-1 contre l’Argentine en quarts, 7-2 contre l’Allemagne en demies), la
Roja s’avance en finale face au Costa Rica dans la peau d’extrême favorite. Trop favorite. Étonnante surprise de la compétition, ce petit pays de cinq millions d’habitants présente paradoxalement une défense bétonnée et une attaque qui n’a toujours pas ouvert son compteur de la compétition, se dépatouillant à chaque tour pour passer à la faveur d’expulsions massives et de victoires sur tapis vert. Dans le vestiaire espagnol, la chance est trop belle. La pression est trop forte, les enjeux trop contradictoires. Lopetegui termine un discours blanc comme neige et s’effondre au sol sans avoir le temps d’avaler un sucre, entraînant à sa suite tout l’effectif ibérique, qui tombe en dominos sur les bancs. Le Costa Rica est sacré champion du monde sans avoir à jouer, et un chercheur découvrira plus tard que le sélectionneur basque produisait naturellement du chloroforme dans des proportions anormales en situation de stress, via la transpiration. Ce qui explique également cet épisode.
Le programme
Vendredi 15 juin : Portugal-Espagne
Mercredi 20 juin : Espagne-Maroc
Lundi 25 juin : Iran-Espagne
« Une fois le Mondial attribué, il sera plus difficile de protéger les droits humains en Arabie saoudite »