- CAN 2023
- Gr. A
- Guinée équatoriale-Côte d'Ivoire (4-0)
Des Éléphants, ça se trompe énormément
Défaite par la Guinée équatoriale dans un match décisif pour la qualification en huitièmes de finale de sa CAN 2023 (4-0), la Côte d’Ivoire s’est écroulée, sur et en dehors des terrains. Son avenir dans la compétition ne dépend désormais que d'un concours de circonstances, au jeu des meilleurs troisièmes.
En 1984, l’Afrique vivait quelques bouleversements. Paul Biya était ainsi « élu » président du Cameroun, François Mitterand rencontrait le colonel Mouammar Kadhafi, et la Côte d’Ivoire vacillait sur un séisme. Ni naturel ni politique, mais sportif. Chez eux, les Éléphants quittaient en effet la Coupe d’Afrique des nations dès le premier tour. Rebelote 40 ans plus tard. Attendus à Abidjan ce lundi 22 janvier 2024, les hommes en orange devaient l’emporter devant la Guinée équatoriale pour valider leur billet pour les huitièmes de finale. Résultat : une déroute (4-0), des supporters écœurés et une organisation foutue en l’air.
Des galactiques en poussière
Dans le football, voir le pays hôte sortir par la petite porte est chose assez commune. Mais cette équipe de Côte d’Ivoire n’avait justement rien de commun. Désignée comme porte-flambeau de la génération Drogba-Touré, la bande sélectionnée par Jean-Louis Gasset avait effectivement tout de la finaliste programmée. Sébastien Haller, Franck Kessié, Seko Fofana ou Evan Ndicka devaient ainsi porter les leurs jusqu’à l’ultime marche et accrocher une troisième étoile. Il n’en a rien été. Après un démarrage canon face à la Guinée-Bissau, les Ivoiriens n’ont pas tardé à montrer leurs premières lacunes – défensives notamment – contre le Nigeria (défaite 0-1). De la suffisance due à un talent certain, vite transformée en pression, et qui se sera avérée fatale devant le « jusqu’au-boutisme » équato-guinéen.
Rebuté, le public du stade Alassane-Ouattara n’a d’ailleurs pas lésiné sur l’ironie, applaudissant chaque touche de balle adverse et célébrant allègrement le quatrième but signé Jannick Buyla. Les tribunes se sont vidées au gré des interminables sept minutes de temps additionnel, même si certains « supporters » sont restés pour se frictionner avec des stadiers, balancer quelques projectiles, poussant les joueurs à regagner leur vestiaire sous escorte. Plébiscités par le monde entier, les Éléphants ont donc failli à leur tâche et ont – de manière triviale – laissé tomber une majeure partie de leurs compatriotes. Ne reste désormais plus qu’à compter sur les autres pour espérer se qualifier. Car l’espoir réside chez les rivaux.
Les petits pourcentages d’espoir
Les Ivoiriens devront ainsi faire appel aux meilleurs mathématiciens de la zone pour compter les points. Troisième du groupe A avec 3 unités et une différence de buts à -3, la bande de Jean-Louis Gasset n’a plus son destin en main. Et afin d’accrocher l’un des quatre spots de meilleur troisième, il faudrait que l’un de ces cinq scénarios (après les résultats du groupe plaçant le Ghana dans une position encore plus inconfortable) se produise : le Cameroun et la Gambie se quittent sur un nul ; la Gambie gagne 1-0 ; la Namibie s’incline face au Mali ; la Tunisie ne gagne pas contre l’Afrique du Sud ; le Maroc bat la Zambie. Oui, c’est long, et Abidjan va plonger dans 48 heures de stress.
La catastrophe industrielle est donc bien possible. Celle d’un pays parvenu à organiser une compétition à la hauteur de ce qui était promis, tant au niveau des infrastructures que de l’hospitalité, se retrouvant hypothétiquement orphelin de sa principale source d’attraction. Ne reste désormais aux Ivoiriens que l’espoir d’un miracle. À l’image de ce qu’offre cette CAN 2023 finalement. Une compétition dans laquelle les petits ont décidé de faire la nique aux géants sous les yeux d’un continent fasciné.
Par Adel Bentaha