- Supercoupe de l'UEFA
- Real Madrid-Atlético (2-4)
Costa à l’amiable
Diego Costa a passé sa soirée à prendre des beignes et à en remettre. Mais au milieu de tout ça, le bonhomme a surtout offert un trophée à l’Atlético de Madrid en faisant tomber le Real dans son propre piège.
On l’avait laissé à un petit millier de kilomètres de là, sur la pelouse du stade Lujniki, désemparé et goguenard comme le reste de la Roja après une élimination au bout d’une séance de tirs au but remportée par le pays organisateur. Lors de ce huitième, rares ont été ses occasions de faire pencher la balance. Lui le grand gaillard qui avait jusqu’alors réussi à tirer son épingle du jeu dans ce Mondial (avec trois réalisations) n’avait plus qu’à se coltiner les larmes de crocodile de Sergio Ramos. Un mois et demi plus tard, c’est à Tallinn pour une Supercoupe de l’UEFA que Diego Costa faisait ses retrouvailles avec son capitaine en sélection.
Et c’est peu dire que les souvenirs de vacances ont rapidement été rangés au placard pour laisser place aux affaires courantes. Au bout de quarante-neuf secondes de jeu, la pointe des Colchoneros remporte son duel de la tête avec son vis-à-vis, le contourne et place une accélération à faire pâlir Raphaël Varane. Tout champion du monde que l’on est, on réfléchit à deux fois avant de se mettre sur la route du bus Costa. Au bout de l’action, pas de carambolage. Si ce n’est pour le ballon qui est venu s’écraser dans le petit filet opposé d’un Keylor Navas n’ayant eu le temps de fermer son premier poteau. Difficile de faire plus direct comme entrée en matière. Une manière d’envoyer valser les principes du jeu à l’espagnole, et sa possession à outrance qui l’a mené à sa perte. Dans un pays qui pense pouvoir se passer d’un 9, Diego, lui, ne tourne pas autour du pot.
Dégâts Costatéraux
Alors qu’il a déboulé au plus haut niveau comme un chien dans un jeu de quille il y a bientôt huit ans, l’Hispano-Brésilien semble encore ne pas avoir été complètement cerné par ses adversaires. Ceux-là-mêmes qui encore aujourd’hui cherchent à pousser à bout un type réputé sanguin et incontrôlable, à lui envoyer des piques pour que le taureau voit rouge. Cela a marché un temps, c’est sûr. Sauf que Diego Costa a réussi à faire de cette faiblesse une force. Un principe de base du judo, activité qu’il adore pratiquer avec Sergio Ramos et ses coéquipiers. Ce mercredi, le Merengue a bien essayé de provoquer le Matelassier, en témoigne son coude décollé dans un duel aérien. La réaction n’a pas tardé à venir, Costa laissant traîner la semelle un peu plus tard. Mais pendant que les Blancs s’acharnaient à le déstabiliser, c’est finalement le Real qui a vacillé. Car c’est encore ce même Costa qui était présent dans la surface pour convertir une offrande de l’entrant Ángel Correa et ainsi obliger ses voisins à prolonger les débats (2-2, 79e), avant de participer au coup de grâce en amenant le but de Koke (2-4, 104e).
À moins que la prestation du soir, à mettre en perspective avec celles réalisées depuis son retour à Madrid depuis janvier dernier, ne soit la preuve que Diego Costa n’avait pas fini de grandir et a élargi sa palette depuis son retour d’Angleterre. Plus que le déménageur qu’on a l’habitude de dépeindre, l’attaquant a laissé entrevoir d’autres qualités, plus fines. À Tallinn, les déviations étaient malines (même si Antoine Griezmann n’était pas dans le coup pour en profiter), les appels étaient lancés dans le bon timing, la protection de balle et la temporisation étaient impeccables et son activité au pressing a dû plaire à Diego Simeone depuis sa tribune. La panoplie parfaite de l’attaquant, tel que l’imagine le Cholo, et qui lui permet d’incarner à lui seul le jeu que son entraîneur prône : austère et bagarreur au premier regard, mais offrant en réalité bien plus de nuances qu’il n’y paraît. Alors si en plus, il se met à gagner des trophées aux dépens de son voisin…
Par Mathieu Rollinger