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Corinne Diacre, statu quo bienvenu
Réuni ce mardi, le comité exécutif de la FFF a acté la démission de Noël Le Graët. Il a en revanche soigneusement évité de trancher le cas de Corinne Diacre, affaiblie par la mise en retrait de trois joueuses de la sélection. Ce n’est pas plus mal.
Le 28 février 2023 fera date dans l’histoire du football français. Pas vraiment pour de bonnes raisons, néanmoins. Assailli par les polémiques et mis à mal par un audit accablant, Noël Le Graët a démissionné de la présidence de la fédération (avant de récupérer les commandes du bureau de la FIFA à Paris, mais c’est là une autre histoire). La nouvelle tant attendue a été officialisée à la mi-journée, à l’issue d’un comité exécutif de l’instance fédérale. Qui ne s’est en revanche pas prononcé, comme on aurait pourtant pu le penser, sur l’avenir à court terme de Corinne Diacre. La patronne de l’équipe de France paraissait effectivement être en mauvaise posture. La semaine dernière, trois cadres tricolores (Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, auxquelles s’ajoute Perle Morroni) avaient annoncé leur mise en retrait de la sélection et appelé à des « changements nécessaires » dans le management des Bleues. Pas suffisant, apparemment, pour éjecter la sélectionneuse – ce que seul le président a le pouvoir de faire – dès ce mardi. Le comex s’est contenté de révéler qu’une décision serait prise le 9 mars. Un sursis sans doute très provisoire. Mais absolument nécessaire.
— Kadidiatou Diani 🎀 (@kady944) February 24, 2023
L’équipe de France n’appartient à personne
Tout simplement parce que le message envoyé aurait été désastreux. Les joueuses qui ont communiqué leur souhait de se mettre en retrait de l’équipe de France doivent évidemment être entendues, et leurs motivations prises au sérieux. Néanmoins, évincer Diacre seulement quatre jours plus tard aurait laissé penser que les représentants fédéraux, paniqués à la suite de ce coup de pression, se seraient précipités afin de satisfaire les intéressées. Cela aurait créé un précédent très dangereux, donnant l’impression que l’équipe de France fonctionne sous le régime de la république des joueuses, capables d’imposer leurs choix et d’obtenir, en un rien de temps, la tête du sélectionneur en poste si celui-ci ne leur convient guère. Or, l’équipe de France (féminine comme masculine, d’ailleurs) n’appartient à personne. Ni à celui ou celle qui la dirige, ni à ceux ou celles qui la composent. Forte de ses 141 sélections et de son immense vécu international, Wendie Renard dispose d’une légitimité indéniable. Quand elle a des choses à dire, on l’écoute attentivement. Mais ni elle, ni personne d’autre ne doit avoir le pouvoir de démettre l’entraîneur en place.
De là à dire que Corinne Diacre doit être maintenue coûte que coûte jusqu’au terme de son contrat, à la fin de l’été 2024, il y a toutefois un pas qu’on ne franchira pas. L’ancienne coach de Clermont est inévitablement fragilisée par le départ de Noël Le Graët, qui l’a toujours soutenue contre vents et marées. Sa communication froide, son management cassant et autoritaire lui ont valu pas mal d’inimitiés et ont causé bon nombre de problèmes au cours des années écoulées. Quant aux résultats obtenus sous sa direction à l’occasion des grandes compétitions internationales (quart-de-finaliste du Mondial 2019, demi-finaliste de l’Euro 2022), ils ne sont pas catastrophiques, mais n’ont pas non plus fait passer les Bleues dans une autre dimension. Ce sont ces arguments – entre autres – qui doivent permettre à Philippe Diallo et aux membres de la FFF de prendre la meilleure décision possible pour l’avenir de la sélection féminine, à cinq mois du coup d’envoi de la Coupe du monde 2023. Sans se précipiter, ni céder à une quelconque pression.
Par Raphaël Brosse