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Corgnet : « Un rattrapage tactique à Lorient »
Il aurait pu repartir une saison en L2 sans pour autant l'ouvrir et ainsi ramener illico Dijon en L1, en témoignent ses trois buts en début de championnat. Et ce, malgré une blessure, excusez du peu. Mais Lorient a enrôlé Benjamin Corgnet pour ce qui reste comme l'une des plus belles affaires de l'été, hors folies Al-Khelaifiennes. Pour son plus grand bonheur, mais aussi pour celui du Moustoir, toujours avide de ces caresseurs de ballon, dignes descendants de Pédron ou Feindouno.
Benjamin, tu es lorientais depuis la toute fin du mercato. Regrettes-tu que cela ne se soit pas fait plus tôt ?
C’est sûr que c’est mieux d’intégrer un groupe dès le mois de juin. Mais bon, ça ne m’a pas empêché de faire une bonne préparation et ça m’a aussi permis de faire encore quelques matchs avec Dijon. Je n’ai pas pris énormément de repères ici pour l’instant. Mais il y a un groupe qui vit bien, donc ça facilite l’intégration. Je suis content d’en être.
As-tu eu d’autres touches sérieuses cet été, sérieusement ?
Avec Lyon, on ne peut pas dire que c’était vraiment concret, puisqu’il n’y a pas eu de vraie proposition. C’étaient plutôt des rumeurs. J’ai rencontré Rémi Garde en juin, c’est vrai. Il m’a fait remarquer que j’étais leur priorité en cas de départs. Kim Källström et Ederson sont partis mais je n’ai reçu aucune proposition. Le seul club qui ait proposé quelque chose, c’est Lorient.
Tu as déclaré que Lorient était le meilleur club pour ta progression. Par rapport au fameux jeu des Merlus ?
Du point de vue tactique ou du jeu, le club est réputé pour ça, avec un entraineur qui aime travailler ces aspects-là. Donc pour moi qui ne sort pas d’un centre de formation, ça permet d’apprendre toujours plus. Et puis c’est un club familial, avec de belles valeurs. Exactement ce que je recherchais. Je suis content de ce que je vois depuis trois semaines, c’est ce à quoi je m’attendais.
Si on regarde ta trajectoire depuis la DH, que ce soit à MDA Chasselay (CFA), Dijon ou Lorient, tu as à chaque fois rejoint des clubs à taille humaine, ambitieux et désireux de grandir…
Je le répète mais pour moi qui ne sort pas de centre, j’y porte beaucoup d’attention. Quand je suis venu à Dijon, l’entraineur et tout le monde me voulaient. Ici aussi, il y avait une vraie envie depuis un an et demi. J’ai été observé quand je suis arrivé au DFCO en L2 et il y a eu des contacts. Donc je sentais que j’étais désiré. C’est le plus important, plus que d’aller voir dans un plus grand club. J’ai encore ma place à faire, je ne suis pas un indiscutable. Cette année, je veux m’imposer dans une équipe, c’est seulement ma deuxième saison en L1.
C’est un raccourci facile que de dire que tu ne te sens pas encore prêt à rejoindre une grosse écurie ?
Je ne me suis pas vraiment posé la question à partir du moment où il n’y a rien de concret, donc je ne m’enflamme pas là-dessus. Mais sans doute que ça serait plus difficile. J’ai besoin de sentir que je peux m’imposer.
Où situes-tu ton équipe dans le paysage du foot français ?
Même si la fin de saison dernière a été difficile, ça fait plusieurs années que dans les dix premiers (Ndlr : 10e en 2008 et 2009, 7e en 2010). De bons joueurs sont passés par ici, c’est l’un des plus beaux jeux de L1. C’est une très bonne formation. Bon, c’est certain que par rapport à Paris ou d’autres, on est en dessous. Mais on n’est pas loin des cinq ou six premières places d’après moi.
Est-ce que tu as le sentiment que le club passe un cap quand on voit les bonnes petits affaires réalisées cet été ou votre bon départ ?
Peut-être. Compte tenu du marché des transferts assez bizarre, Lorient a été un des grands animateurs. Le début de saison prouve que, malgré les arrivées, le groupe en place était déjà de qualité malgré la fin de saison dernière. Malgré tout, il ne faut pas voir trop grand. Ça peut basculer dans le mauvais sens, comme l’an dernier. On reste dans une bonne phase, on arrive à gagner ou revenir dans des rencontres où on joue en infériorité numérique, à neuf contre Rennes (2-1), puis à dix contre Nice (1-1). Mais il ne faut pas réfléchir et continuer à prendre le maximum de points le plus tôt possible.
Le patriarche du club, c’est évidemment Christian Gourcuff. C’est comment de bosser avec lui ?
C’est quelqu’un qui est beaucoup basé sur la tactique et sur le jeu. Donc pour un milieu de terrain comme moi qui aime le ballon, c’est plaisant. Vu que je n’ai pas suivi le cursus classique, je fais mon rattrapage tactique, avec tous ces entrainements avec ballon, à base de conservation.
Est-ce que ça veut dire qu’on récite une leçon plus qu’on ne joue un football instinctif ?
Le coach se base beaucoup sur le placement, la tactique et tout ça. Mais quand t’es sur le terrain, il ne faut pas se leurrer, on ne fait pas toujours ce qu’on voit sur les tableaux, les situations sont différentes. Il y a une adaptation. Mais comme il y a un groupe de qualité, ça permet de continuer à bien jouer.
Dans ton registre de jeu, voir autant de mouvements et de solutions s’offrir à toi, c’est appréciable, non ?
C’est vrai qu’il y a toujours quelqu’un qui bouge et qui la demande. Je me suis rendu compte que ça allait être comme ça dès le deuxième entrainement. Donc c’est tellement bossé que ça se met tout seul en place en match.
D’autant qu’avec les recrutements de Traoré, Giuly ou de toi-même, on a l’impression que vous avez plus d’options pour être dangereux ?
Ça, c’est pas à moi d’en parler… Bon, l’an dernier, il y avait déjà des qualités, je pense à celles d’Arnold (Mvuemba). Mais c’est vrai qu’avec Alain ou Ludo, ça peut apporter quelque chose de différent. L’expérience de Ludo, c’est vrai que c’est appréciable. Il a vécu tellement de choses dans les grands clubs où il est passé ou en équipe de France, ça te permet de grandir plus rapidement. Il ne parle pas tout le temps aux entrainements, mais quand c’est le cas, tout le monde l’écoute, moi le premier.
A l’inverse, y-a-t-il des points qui chagrinent votre coach depuis le début de saison ?
Non pas forcément, et puis je viens d’arriver donc je ne suis pas le mieux placé. La seule chose que je retiens, c’est peut-être un manque de sérénité dans la possession. Il faudrait qu’on soit plus acteurs. Ce fut le cas pour le match de Coupe de la Ligue contre Saint-Étienne. Mais mis à part ça, il est satisfait de nos réactions d’orgueil et de notre capacité à revenir alors qu’on était en infériorité lors des deux derniers matches.
Sur un plan personnel, sais-tu comment va t’utiliser Christian Gourcuff cette saison ?
Je vais avoir un positionnement plus bas que celui que j’avais en L2. Même l’an passé, j’étais un peu plus haut. Mais je préfère jouer à la récupération. Ça me permet de partir d’un peu plus loin. Je me sens plus utile. Même avant de me recruter, c’est à ce poste-là qu’ils me voulaient.
Propos recueillis par Arnaud Clément