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Corentin Schmittheissler (Gardien de Strasbourg Koenigshoffen) : « C’est quand même fou qu’un club de R1 soit le dernier représentant alsacien »

Propos recueillis par Alexandre Lejeune
Corentin Schmittheissler (Gardien de Strasbourg Koenigshoffen) : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>C&rsquo;est quand même fou qu’un club de R1 soit le dernier représentant alsacien<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Au lendemain de l'exploit de Strasbourg Koenigshoffen en Coupe de France contre Clermont, le gardien Corentin Schmittheissler est toujours sur un petit nuage. Mais, il sait que ce résultat n'est pas une fin en soi et que tout est possible dans cette compétition, où le FCOSK06 défiera Angers au tour suivant, une autre équipe de l'élite. Et pourquoi pas ?

Quelques heures après votre exploit face à Clermont, tu es dans quel état d’esprit ? Tu réalises ?Honnêtement, on est toujours un peu dans l’euphorie. De mon côté, la dernière fois que j’avais eu autant de messages après un match, c’était pour la montée en Ligue 1 avec le Racing en 2017.

Raconte-nous la fête après la rencontre !Même si on est tous partis du stade assez tardivement, on n’a pas vraiment fêté ensemble cette victoire. Personnellement, je suis rentré aux vestiaires un peu plus tard, car j’ai surtout pris le temps de discuter avec mes amis et ma famille qui étaient là au bord du terrain. Après, mes coéquipiers m’ont envoyé quelques vidéos et forcément, il y avait une grosse ambiance dans le vestiaire. Mais on a surtout prévu de tous se retrouver au restaurant pour fêter ça pour de bon.

Tu t’es dit que vous deveniez favoris à la fin du temps réglementaire ?Pas forcément à ce moment-là, car je trouve qu’on a eu des occasions plus franches qu’eux pendant la partie, ils n’ont pas eu d’opportunités très dangereuses. À part peut-être sur les 10-15 dernières minutes où ils ont un peu plus poussé, car on a eu du mal physiquement. Mais c’est normal qu’on ait pêché là-dessus à la fin, ça reste une équipe de Ligue 1 qui sortait d’une victoire à Lyon, ce n’est pas donné à n’importe qui.

Sur la séance face à Clermont, je m’étais dit que j’allais plonger cinq fois du même côté.

Comment as-tu vécu la séance de tirs au but de l’intérieur ?Je me suis dit que tout reposait sur mes épaules et que si on voulait passer en 16es, j’étais quasi obligé de sortir un tir au but. Mais j’étais serein, car j’avais déjà arrêté un penalty dans la compétition et un autre en championnat dans le même stade que ce samedi. Donc avant la séance, j’avais demandé à mon capitaine de choisir le même côté du terrain où ça s’était passé. Il n’a pas réussi, mais ce n’est pas bien grave vu le résultat final…

Tu avais analysé les possibles tireurs ?Pas du tout. J’ai une anecdote à ce propos : plus tôt dans ma carrière, j’ai joué une demi-finale de DFB-Pokal en Allemagne et mon entraîneur m’avait envoyé des vidéos des tireurs du club adverse. Je les ai regardées au moins cinq ou six fois. Le jour J, je fais exactement ce qu’on m’a demandé et ils ont tous tiré de l’autre côté. Depuis ce jour-là, je préfère faire à l’instinct. Sur la séance face à Clermont, je m’étais dit que j’allais plonger cinq fois du même côté et que sur les cinq tireurs adverses, il allait y en avoir au moins un qui tirerait de mon côté. En face, je pense qu’ils n’étaient plus vraiment sereins et qu’ils ont cogité en se disant qu’ils allaient jouer des tirs au but contre une R1. La pression était plus dans leur camp.

Il paraît que tu étais hyper serein les jours précédant le match et que tu étais convaincu que vous alliez vous qualifier, c’est vrai ?Depuis qu’on a su qu’on jouait contre Clermont, on n’a jamais été dans l’idée de se prendre le moins de buts possible ou de ne pas passer pour des cons. On a toujours parlé de se qualifier et de jouer les 16es. On est vraiment entrés sur le terrain en se disant qu’il fallait gagner le match et pas en se disant qu’il ne fallait pas en prendre trois, quatre, cinq… Cette sérénité, elle vient aussi de mon vécu avec le Racing. Car même si j’étais le plus souvent sur le banc de touche, j’ai pris de l’expérience rien qu’en étant à l’échauffement devant une Meinau pleine. Et ensuite, je connais la qualité de mon équipe et je sais de quoi on est capable ou non. Cette saison, dans les grands rendez-vous, on a toujours été présents, on l’a encore montré hier.

J’ai connu les sélections jeunes de l’équipe de France. Je jouais avec la génération de Maxwel Cornet, Olivier Kemen, Umut Bozok, Gauthier Hein.

Vous n’avez pris qu’un seul but depuis le début de la Coupe de France, c’est la défense votre gros point fort ?Je pense que nos attaquants savent qu’on tient la baraque derrière et que ça les libère de se dire qu’ils n’ont pas à marquer d’entrée de jeu. Avec ces mecs, on a presque tous déjà joué ensemble dans le passé. On est une bande de potes. Et je sais que mon défenseur va se déchirer pour mon autre défenseur, qu’on va se donner à fond les uns pour les autres, et que si l’un passe à travers, on se donne tous derrière pour rattraper l’erreur.

Tu peux nous parler de ton parcours ?J’ai commencé très jeune dans des clubs près de chez moi, avant d’être contacté par le Racing en U13. Ensuite, je suis parti à Metz, période à laquelle j’ai connu les sélections jeunes de l’équipe de France. Je jouais avec la génération de Maxwel Cornet, Olivier Kemen, Umut Bozok, Gauthier Hein… Marc Keller m’a sollicité pour revenir à Strasbourg quelques mois plus tard, j’y suis retourné et j’ai connu la montée en Ligue 2, puis celle en Ligue 1. Plus récemment, j’ai joué à Raon-l’Étape en National 3, puis à Colmar, où j’ai plutôt évolué avec l’équipe 2 et où j’ai un peu perdu l’envie de jouer au foot.

Tout ce qui t’arrive aujourd’hui, tu considères ça comme une revanche ?Non pas vraiment, car si même j’en suis là aujourd’hui, je ne dois rien à personne. Je préfère être là où j’en suis plutôt que de dire merci à quelqu’un. Mais c’est vrai que c’est une sacrée histoire de toucher l’équipe de France jeunes, la montée en Ligue 1 et aujourd’hui d’être en R1. J’ai beaucoup d’amis qui sont passés pro et qui me demandent ce que je fais à ce niveau.

Comment s’est passée ton arrivée au FCOSK06 cet été, en parallèle de ton boulot à côté ?Je suis préparateur de commandes, je bosse pour le président de notre club qui a aussi une entreprise de transports. On livre surtout des pièces automobiles. Et à côté, il y a les entraînements, environ 3 ou 4 par semaine. On est une équipe de R1 qui pourrait largement jouer le haut de tableau en N3. C’est un très gros projet, il y a l’ambition d’être le plus gros club strasbourgeois derrière le Racing. Les dirigeants y mettent les moyens et les formes, ils ne font pas n’importe quoi. J’envoyais des messages à notre président ce samedi en lui disant : « Bienvenue dans une autre dimension. » J’en ai aussi parlé avec mon coach et il m’a dit : « Vivement que les sollicitations médiatiques s’arrêtent car ça bouffe du temps. » Comme on ne vit pas que du foot, après le boulot, on a des rendez-vous avec les médias, donc plus trop de temps libre. Et on s’est dit que ça serait encore pire si on se qualifiait au prochain tour…

Qu’est-ce que ça vous fait d’être le dernier club alsacien en lice, maintenant que le Racing est éliminé ? On en a un tout petit peu discuté, mais pas plus que ça. Ce n’est pas la première idée qui est venue à l’esprit après le match. Après, j’en ai plus parlé avec mon président au téléphone et je lui ai dit que c’était quand même fou qu’un club de R1 soit le dernier représentant alsacien. Logiquement, on devrait avoir toute la région avec nous maintenant.

Retourner jouer dans le stade où nous avons battu Clermont, ça me va bien.

Dans votre groupe, vous êtes supporters du Racing le reste de l’année ?Beaucoup de mes coéquipiers vont voir des matchs à la Meinau quand ils le peuvent. Ceux qui habitent à Strasbourg notamment. Moi, je n’y vais plus trop par manque de temps, car il y a parfois des entraînements au même moment et aussi car j’habite assez loin. Mes équipes de cœur, c’est plutôt le Bayern, car pour moi, l’ambiance allemande, ça n’a rien à voir, c’est exceptionnel, et l’OM, où l’ambiance est aussi incroyable, et car je crois que tout footballeur rêverait de jouer un jour à Marseille.

Tu aurais aimé jouer contre l’OM au prochain tour alors ?Pas forcément, j’en ai parlé avec ma famille et je leur ai dit que je préférais tirer Rennes, Lens ou Auxerre. Lens pour rencontrer Jean-Louis Leca, Rennes pour Steve Mandanda et Auxerre pour Benoît Costil. Juste pour discuter avec eux, échanger, voire avoir un petit maillot. Selon moi, niveau gardiens français, c’est ce qui se fait de mieux en Ligue 1. Costil, c’est un mec qui a plus de 400 matchs dans ce championnat, Mandanda plus de 600. Et Leca, c’est plutôt pour une question de personnalité.

Pour le prochain tour, tu aimerais jouer à la Meinau ?Je pense qu’y jouer serait plutôt un avantage pour nos adversaires, qui ont l’habitude de jouer sur cette qualité de pelouse. Retourner jouer dans le stade où nous avons battu Clermont, ça me va bien.

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