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Corchia, les années parisiennes
Avant de lancer sa carrière au Mans, Sébastien Corchia a fait ses gammes en région parisienne. Avec un passage au PSG aux côtés de Mamadou Sakho et Yacine Brahimi alors qu'il suivait une pré-formation à l'INF Clairefontaine.
« J’étais en deuxième année à Clairefontaine, mais je jouais au PSG le week-end. J’en garde de très bons souvenirs, on n’avait pas perdu un match en 14 ans fédéraux. On avait une très bonne équipe avec Mamadou Sakho, Yacine Brahimi, c’était une superbe équipe et de très bons souvenirs. » Cet été, en marge de la préparation estivale, Sébastien Corchia était revenu dans nos colonnes sur son passé parisien. L’actuel latéral droit du LOSC était alors un tout autre joueur : « C’était un très bon joueur, un milieu de terrain intelligent, technique, tactique, un relayeur qui voyait avant les autres. Il savait prendre l’info avant et trouver des passes que nous-mêmes, on n’avait pas vu sur le bord du terrain » , explique Wilfried Mbatté, éducateur à l’AS Bondy, où Corchia a joué avant de rejoindre le PSG en 2004. Formateur à l’INF Clairefontaine, Jean-Claude Lafargue évoque « un milieu axial qui aimait partir de derrière pour porter le danger offensivement » . Mais alors qu’à Bondy, « il ne parlait pas de devenir pro, même si on sentait qu’il en avait le potentiel » , dixit Mbatté, dans le Saint des Saints de la pré-formation française, Lafargue décide de le replacer arrière droit, « car c’est là que je le voyais faire carrière » .
« Le plus jeune morphologiquement que l’on ait jamais pris »
La vision du technicien de la FFF s’avère d’autant plus pertinente qu’à l’époque, l’adolescent Corchia est un petit gabarit. « Il était en retard morphologiquement, un âge morphologique de 10 ans et demi, peut-être le plus jeune morphologiquement que l’on ait jamais pris » , se souvient Lafargue. Cette carrure de crevette n’a jamais inquiété l’intéressé, comme l’explique Mbatté, anecdote à l’appui : « On avait un match décisif à jouer avec Bondy contre Sarcelles, quand ils sont sortis du vestiaire, c’étaient tous des monstres autour de 1,80m. Sébastien à côté, c’était un poids plume, la différence était énorme, on en a rigolé. Mais au final, il avait beau être plus petit que les autres, il s’en sortait toujours, il compensait par la technique et l’intelligence. » Des qualités qui avaient séduit les décideurs de l’INF, car « on ne prend pas les gamins pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils peuvent devenir » , assure Lafargue. « Sébastien, il était très réfléchi, impliqué, le profil que l’on cherchait, avec une grosse marge d’évolution. » Et à l’INF comme à Bondy, « il compensait ses lacunes physiques par la technique et l’intelligence. Il voyait et exécutait plus vite que les autres » . Il faut dire que l’ado d’origine italienne, perpétuellement suivi par son père, a un état d’esprit irréprochable : « Il posait des questions après l’entraînement, il voulait tout comprendre » , témoigne Lafargue, quelque peu nostalgique, car « Corchia, c’est le type de joueurs avec qui on sait qu’on va avancer, c’est une éponge, il va passer les paliers. C’est le type de joueur qui optimise son potentiel » .
Le Mans pour aller plus haut
Et qui sait faire les bons choix de carrière aussi, notamment en optant pour Le Mans à la sortie de l’INF alors qu’il peut signer dans des écuries plus prestigieuses. « Il savait que percer au PSG serait plus dur, il a bien analysé la situation et choisi Le Mans alors qu’il avait beaucoup de propositions. Il s’est projeté, et a choisi Le Mans en se disant que c’est là qu’il pourrait monter. » Un choix payant puisqu’il débute en Ligue 1 à seulement 18 ans et devient titulaire lors de la saison 2009-2010, à même pas 20 piges. À 25 ans, il comptabilise déjà près de 270 matchs en pro, auxquels il faut ajouter une flopée de sélections chez les espoirs. « Il a encore une marge de progression » , assure Lafargue. Passer un palier pour Corchia, cela signifie évoluer dans un club européen et fréquenter l’équipe de France. « Quand on voit la pénurie de latéraux en France, je pense qu’il a une carte à jouer pour après l’Euro » , s’enflamme Mbatté, pour qui Corchia n’a « rien à envier à Christophe Jallet » . Selon Lafargue, une première sélection passera surtout par un prochain choix de carrière pertinent, car « pour un latéral, il faut un bon contexte, un club qui domine ses matchs, pour pouvoir se mettre en valeur » . À moins que Lille ne reparte de l’avant et squatte de nouveau le haut du tableau.
Par Nicolas Jucha
Tous propos recueillis par NJ