- France
- Lille
- Interview
Corchia : « Antonetti connaît le football »
Deux jours après le renvoi de Frédéric Antonetti, Sébastien Corchia a accepté de se confier sur la mauvaise passe que traverse son club. Le défenseur du LOSC est également revenu pour So Foot sur ses premiers pas en bleu. Entretien.
Sébastien, Frédéric Antonetti a été licencié ce mardi. Quel est ton premier sentiment par rapport à ce départ ?Ça m’attriste un peu, car c’est un coach avec lequel je m’entendais très bien et qui connaît parfaitement le football. Malheureusement, depuis le début de la saison, les résultats ne suivent pas… Moi, de mon côté, je garderai de très bons souvenirs des moments partagés avec lui. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup fait progresser. Je l’en remercie.
Avait-il perdu son vestiaire ?Non, non, je ne pense pas. Au contraire, tous les joueurs étaient derrière lui. Ce qu’on souhaitait tous, c’était redresser la barre. Et ce, avec lui. Mais on a échoué. Frédéric Antonetti en a payé le prix, c’est dommage. Il va falloir se ressaisir.
Dans quelle mesure, vous, les joueurs, vous vous sentez responsables ?Ce genre de période est toujours compliqué à vivre. C’est nous qui sommes sur le terrain, nous qui jouons, nous qui perdons, donc on se sent forcément coupables. On n’y arrive pas. Et pourtant, la volonté est là.
Que vous manque-t-il ?Je ne sais pas vraiment, c’est une bonne question. On a un bon groupe, on s’entend tous bien. On cherche des explications, mais je pense qu’il ne nous faut peut-être qu’un simple déclic. J’espère qu’il arrivera dès ce week-end ! On va tout mettre en œuvre pour ça, en tout cas !
Le projet de rachat du club a-t-il un lien avec le licenciement d’Antonetti ?Honnêtement, je n’en sais vraiment rien du tout. Nous, les joueurs, on essaye vraiment de faire abstraction de tout ce qui se passe en coulisses. On essaye de ne pas trop en discuter entre nous. Car, même si c’est un sujet dont les médias parlent beaucoup, nous, notre préoccupation première doit rester le terrain. On se doit d’être concentrés pour rebondir et éviter de se laisser perturber par tout ça.
Malgré le début de saison compliqué du LOSC, tu as été appelé par Didier Deschamps en équipe de France. Comment as-tu réagi ?J’étais tellement heureux ! C’était vraiment une grande fierté pour moi d’être appelé. C’est toujours un honneur de pouvoir défendre ce maillot, de porter ces couleurs.
Cette première, c’était pour le match contre l’Italie, un pays pour lequel tu aurais pu jouer…
Oui, j’ai la double nationalité grâce à ma mère. Mais ils ne m’ont jamais contacté. De toutes les façons, j’ai fréquenté toutes les équipes de France jeunes, donc le but, c’était de continuer en bleu au plus haut niveau. Mais c’est vrai que d’être appelé pour la première fois contre l’Italie, c’était un joli clin d’œil. Je m’en souviendrai toute ma vie. Ça faisait bizarre.
Raconte-nous un peu ton arrivée.Je suis resté trois ans à l’INF Clairefontaine, je voyais toujours les joueurs de l’équipe de France dans ce château. C’était un objectif de moi aussi pouvoir y être un jour, un rêve. D’y aller, ça m’a rappelé beaucoup de souvenirs.
Comment as-tu été accueilli ?Je connaissais déjà pas mal de joueurs, que j’avais côtoyés en Espoirs. Ça a quand même facilité mon intégration. Même ceux que je ne connaissais pas m’ont vraiment bien accueilli. Il y avait une très bonne ambiance. Tout le monde s’entend super bien. Je me suis tout de suite bien senti dans le groupe. Ça m’a beaucoup plu.
Et le bizutage ?Ah, forcément, je n’y ai pas échappé. J’ai chanté ma petite chanson, le premier soir. C’était Papaoutai de Stromaé. C’était bien. Mais bon, j’avoue que c’est toujours moins marrant pour celui qui chante (rires). C’est le genre de choses sympas à vivre, ça met un peu d’ambiance, ça détend un peu.
Quel joueur t’a fait la plus forte impression chez les Bleus ?Je dirai Antoine Griezmann. C’est un très grand joueur. Il m’a impressionné. À l’entraînement, on fait souvent des centres et reprises. Et lui, devant le but, il est vraiment très, très fort. Et puis il y a Paul Pogba. Techniquement, au milieu, il fait beaucoup de bien. Sa qualité de passe est… top.
Quels ont été les mots de Didier Deschamps ?C’est quelqu’un qui parle beaucoup à ses joueurs. On a eu pas mal d’échanges. Avant le dernier match, contre la Côte d’Ivoire, où j’ai fêté ma première sélection, il est venu discuter avec moi pour me mettre à l’aise. Ça m’a beaucoup aidé. Pour moi, c’est quelque chose de très important, ça prouve qu’il croit en moi, qu’il me fait confiance et ça me motive encore plus.
Le plus dur maintenant chez les Bleus, c’est d’y rester…
Oui, c’est le plus difficile, mais c’est le but. De m’inscrire dans la durée chez les Bleus. Je vais travailler encore plus dur pour pouvoir m’imposer à ce poste. En plus, en côtoyant des joueurs qui évoluent dans des grands clubs, on apprend tous les jours. Sur un rassemblement de dix jours, en les regardant jouer, s’entraîner, en leur parlant, on apprend vraiment. C’est un autre niveau. Je suis quelqu’un qui regarde beaucoup, qui observe pour retenir et apprendre le plus de choses possibles.
Tu dis aimer observer. Tu as un exemple dans le monde du foot ?Un joueur que j’adore, c’est Philipp Lahm. J’aime beaucoup son jeu, je le trouve vraiment fort.
Lille est-il le bon club pour continuer à progresser et s’imposer chez les Bleus ?Je me dis que oui. Mon but, c’est de faire remonter le club au classement et ça passera forcément par de très grandes performances. C’est ce qu’on donne sur le terrain qui importe le plus. C’est certain que si on jouait une Coupe d’Europe, ce serait plus facile, mais justement le but est de se qualifier et d’y retourner.
Tu n’as pas le sentiment de stagner ?Non, franchement, je progresse tous les jours. J’apprends beaucoup ici. Je n’ai que vingt-six ans et j’ai déjà passé la barre des deux cents matchs en Ligue 1. Je pense que d’avoir cette expérience, c’est vraiment un plus pour moi. En juin, il ne me restera plus qu’un an de contrat, donc on va voir comment ça va se passer avec les dirigeants.
On avait parlé de toi au PSG notamment. Qu’en était-il vraiment ?Il n’y a rien eu de vraiment concret. C’est mon agent qui a géré ça. Je sais qu’il y a eu quelques discussions, mais sans plus.
Propos recueillis par Pauline Omam Biyik