- Ligue des Champions – Barrages – Copenhague/Lille
Copenhague, la petite sirène
En héritant du FC Copenhague au tirage, Lille s’évite à la fois un déplacement loin et chaud et s’offre une double confrontation a priori à sa portée. Mais gare à l’excès de confiance, car si les Danois n’ont aucun nom ronflant à aligner sur la pelouse, ils ont plus l’expérience des joutes européennes et peuvent légitimement prétendre au titre de meilleure équipe scandinave du moment.
Jorgensen, Kristensen, Jacobsen, Ottessen… Tous ces noms vous parlent ? Non ? Normal. Déjà parce qu’avouons-le, il est difficile de distinguer des joueurs danois par leurs noms de famille, car beaucoup se ressemblent. Ensuite parce que les noms de joueurs cités, quoique cadres de l’équipe du FC Copenhague, sont des inconnus sur la scène internationale, à l’exception peut-être de Jacobsen, Lars de son prénom (précision importante, puisqu’il y a aussi un Michael Jakobsen dans l’effectif), latéral droit titulaire en sélection danoise et expérimenté avec ses deux ans passés en Allemagne et ses trois ans en Angleterre. Nicolai Jorgensen aussi peut parler aux suiveurs de Bundesliga, puisqu’il est prêté par Leverkusen, où il a peu joué depuis son arrivée il y a deux ans.
Le danger Cornelius
Mais le FC Copenhague n’est pas qu’un club dano-danois. C’est surtout depuis quelques saisons la fierté de la Scandinavie, son meilleur représentant sur la scène continentale, avec d’ailleurs un effectif très « viking » . Trois Suédois, deux Norvégiens et deux Islandais s’ajoutent aux locaux pour former un groupe d’Européens du Nord compétitif, complété par une touche d’exotisme en provenance d’Amérique Centrale et du Sud. Les Brésiliens Cesar Santin et Claudemir sont d’incontournables titulaires, respectivement en attaque et au milieu de terrain, tout comme les Costaricains Bryan Oviedo et Christian Bolaños, latéral gauche et ailier droit de l’équipe (un troisième, Christian Gamboa, ne jouant pas). Le premier joueur cité est d’ailleurs pas mal convoité en Angleterre et en Italie.
Donc résumons l’affaire : le FC Copenhague, c’est une base danoise, complétée par des cousins scandinaves et du nord de l’Europe, avec un touche d’Amérique pour l’exotisme. L’ensemble est généralement organisé en 442, voire en 451 quand l’opposition l’exige. Donc face à Lille, ce pourrait être cette tactique défensive à une seule pointe qui sera privilégiée. Dans ce cas, l’attaquant devrait être Cesar Santin, le seul buteur d’expérience qui reste dans l’effectif depuis le départ récent au Lokomotiv Moscou de l’international sénégalais Dame N’Doye. A moins que le nouvel entraîneur belge Ariël Jacobs (ex Anderlecht) ne privilégie la jeunesse avec la titularisation de la révélation Andreas Cornelius. L’espoir de 19 ans seulement cartonne depuis le début de saison, grâce notamment à sa grande taille (1,93m). C’est lui encore qui a été décisif samedi lors du choc en championnat face au rival Brondby pour l’ouverture du score. Un but d’école : long centre côté droit du latéral Lars Jacobsen pour Cornelius, basé au second poteau, qui remise de la tête face aux cages adverses pour Jorgensen, lequel met aussi sa tête pour marquer son premier but de la saison.
Une défense pataude
Il faudra que les Lillois se méfient de ce type d’action, avec deux très bons centreurs sur les côtés que sont Jacobsen à droite et Oviedo à gauche. Oubliez les clichés sur le football scandinaves : les « Lions » (l’emblème du club né de la fusion de deux formations de la capitale danois il y a exactement vingt ans) forment une équipe joueuse qui aime posséder le ballon et jouer horizontalement. En plus, elle est déjà bien au point physiquement puisque la Superligaen – le championnat local – a débuté mi-juillet. Voilà, ça c’est pour avertir le LOSC de ne pas débarquer comme des touristes. Mais que les hommes de Rudi Garcia se rassurent néanmoins, ils se présentent en larges favoris de cette double confrontation. Car si comme on l’a vu les Danois ne manquent pas de qualités, les défauts sont également nombreux, à commencer par la lourdeur de leur défense, avec un axe Sigdursson/Statsgaard (ou Ottesen) solide mais peu mobile. Il suffit de voir pour s’en convaincre l’égalisation de Brondby ce week-end par l’Américain Goodson, libre de tout marquage pour reprendre un centre venu de la gauche au second poteau. La mobilité pourrait être la clé, d’autant que ce n’est pas non plus le point fort du milieu de terrain. Quant à l’attaque, on l’a dit, elle est privée cette saison de Dame N’Doye.
Le FCK n’est d’ailleurs même plus maître dans son pays ces derniers temps. Après avoir raflé 9 titres nationaux depuis sa création dont 8 depuis le début du millénaire et trois de rang entre 2009 et 2011, le club de la capitale s’est fait doubler au printemps dernier par la modeste formation de Nordsjaelland. Un coup d’arrêt, après une saison précédente quasi parfaite marquée non seulement par le titre national, mais aussi par un excellent parcours européen : qualification lors de la phase de poules de C1 (derrière Barcelone mais devant Kazan et le Pana) et un inédit huitième de finale perdu 2-0 face à Chelsea. De cette épopée récente il reste aujourd’hui dans l’effectif le gardien Johan Wiland, Claudemir, Vingaard, Bolaños et Cesar Santin. Bien évidemment, ils ont dans l’idée de remettre ça cette saison. A Lille de faire le nécessaire pour que ça ne se reproduise pas.
Par Régis Delanoë