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Copain comme cochon
Les Alpes Maritimes et l’Italie, c’est la porte à côté. Et alors ? Mario Balotelli, tout nouveau n°9 de l’OGC Nice, a tout à fait le droit d’entretenir des relations épistolaires avec ses proches. S’il avait dû écrire à son cochon Super, resté chez sa famille à Brescia, voilà ce qu’il lui aurait dit.
Cher Super,
Le temps passe vite à Nice. Deux semaines que je suis ici et j’ai l’impression que ça fait deux ans. Les gens qui ne me jugent que par mes statistiques m’ont expliqué pourquoi. Bref, dimanche, on a battu l’OM, une équipe de football américain. Je ne sais pas si tu as tout bien vu sur le streaming, mais j’ai passé une super soirée ! Mon moment préféré, c’est quand Whoopi Goldberg s’est rapprochée du rond central au moment du coup d’envoi. Je lui ai demandé si Patrick Swayze était sympa dans la vraie vie, elle m’a un peu snobé et a tourné la tête. J’ai regardé dix mètres plus loin et Patrick, le vrai, celui de Ghost, le fantôme, était là. Il y avait écrit « DORIA » dans son dos.
Whoopi était plus bavarde sept minutes plus tard avant mon penalty. C’était bizarre, elle gueulait, je ne comprenais rien, je pense qu’elle a le syndrome Guglielmo della Toretta. Elle criait, je me suis inquiété deux secondes, mais bon, j’ai une gueule d’ambulancier, moi ? Non. J’ai une gueule d’infirmier ? Non plus. Je l’ai calmée en marquant. Mathieu Bodmamma m’a expliqué à la mi-temps que Whoopi était le meilleur buteur en activité de Ligue 1. C’est leur Francesco Totti à eux, alors il faut la respecter. Après son but, elle s’est mise à quatre pattes et s’est enroulée dans nos filets. Quand elle est heureuse, elle imite le chaton et elle le fait vachement bien.
J’y pense : tu étais au courant qu’en France, la loi autorisait de faire travailler les enfants ? On en a un dans notre équipe, il s’appelle Vincent. Quand tu viendras aux vacances de Noël, je te le présenterai. Je n’avais pas vu, mais dans le contrat qu’ils m’ont fait signer, il y a tout un paragraphe qui dit que blablabla je dois prendre Vincent sous mon aile. Pour te la faire courte, s’il devient un vrai homme d’ici la fin de la saison, je recevrai une prime. Je suis professionnel à fond, alors je lui ai déjà ordonné d’arrêter de prendre sa douche en caleçon et de se laver avec du P’tit Dop-ne-pique-pas-les-yeux-évite-les-nœuds. Avec Vincent, on se balade beaucoup, il me fait visiter Nice. L’autre soir, on a fait La Promenade des Anglais. En tournant la tête, je me suis rendu compte que j’avais quitté Liverpool pour quoi ? Une plage avec des cailloux. On a marché, marché, marché, puis on a atterri dans un bar qui proposait un « shot Balotelli » à trois euros. Dedans, il y avait du Kahlúa, du Baileys et de la tequila. Bah c’était dégueulasse. Vincent aussi en a bu un. Quand je l’ai déposé devant chez lui à 22h50 (il a la permission de 23 h en semaine), il m’a demandé si j’avais un chewing-gum parce qu’il avait peur de se faire griller par ses parents. J’ai plein de projets pour lui et moi. On s’est déjà dit qu’après avoir enterré le foot marseillais, ce serait pas mal de s’occuper de son rap. D’ailleurs, la première chose que j’ai imposée dans le vestiaire, c’est l’interdiction d’écouter du SCH. Je déteste les chanteurs aux cheveux sales, j’en ai parlé avec Paul Baysse, on n’avait pas le même avis. Bref, l’objectif, c’est de sortir un album d’ici la fin du championnat. Pour l’instant, on n’a qu’un seul morceau. Il s’appelle Fous ta cagole, c’est une chanson d’amour, on a prévu de tourner le clip à la plage et ce serait cool que tu nous fasses le refrain.
Je te laisse bosser là-dessus. Je te laisse tout court, j’ai un match contre Montpellier à préparer. D’ailleurs, leur président Loulou m’a contacté pour savoir si je pouvais lui donner mon maillot à la fin du match. J’ai tapé son nom dans Google.it, j’ai dit oui direct, je me suis dit qu’un type qui te ressemblait autant était forcément un bon gars.
Embrasse toute la famille,
Mario.
PS : j’ai fait un footing hier pendant que les copains jouaient contre Schalke. Avec ce que j’ai mis à l’Allemagne il y a quatre ans, je me suis dit que j’allais y aller mollo.
Ceci est peut-être une fiction.
Par Matthieu Pécot