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Copa Libertadores : mais ils sont où les Brésiliens?
Alerte sur le football sud-américain, les Brésiliens ont tous disparu des radars de la Copa Libertadores. Pour la première fois depuis 23 ans, le Brésil n'aura aucun représentant en demi-finale de la plus prestigieuse des compétitions d'Amérique du Sud. La faute, en grande partie, aux petits préférés du pape et de Viggo Mortensen : San Lorenzo de Almagro.
Cette 55e édition de la Copa Libertadores, coupée en plein élan par le Mondial brésilien, réserve jusqu’à présent à ses spectateurs quelques drôles de surprises. Côté uruguayen, pas de Nacional ni de Peñarol, sortis (lamentablement) dès le premier tour, mais un beau Defensor Sporting qualifié pour la première fois de son histoire pour les demi-finales. Les gars de Montevideo y retrouveront les Paraguayens du Club Nacional, eux aussi puceaux à ce niveau-là de la compétition. Du nouveau, encore, avec les Boliviens de Bolivar, qui se mesureront pour une place en finale aux Argentins de San Lorenzo, le seul des cinq grands d’Argentine (Boca, River, Independiente et Racing) à n’avoir jamais soulevé la coupe. Conclusion : pour la première fois depuis 23 ans, il n’y aura pas d’équipe brésilienne en demi-finale de la compétition la plus relevée d’Amérique du Sud.
San Lorenzo, le reponsable numéro un
Il faut en effet remonter à 1991 pour trouver pareille déconvenue. Sauf qu’à cette époque, les dix pays de la zone ne présentaient que deux équipes en Copa Libertadores. Cette année, les Brésiliens étaient six : Cruzeiro, Atlético Mineiro, Botafogo, Flamengo, Atlético Paranaense et Grêmio. Un record. Parmi ces lascars, les deux faiblards sont tombés d’entrée, sans grande surprise : l’Atlético Paranaense de l’éphémère revenant Adriano, et Flamengo, presque là par hasard (vainqueur de la Coupe du Brésil et sauvé à la dernière journée du dernier championnat). Le tenant du titre, l’Atlético Mineiro d’un Ronnie pas au top physiquement, s’est lui fait taper en huitièmes par les Colombiens de l’Atlético Nacional. Quant aux trois autres, ils sont tous tombés sous les assauts du solide et séduisant San Lorenzo, dont cette Libertadores est le grand objectif (cf Viggo Mortensen au festival de Cannes). Les coéquipiers d’Angel Correa (la pépite de Rosario, sur le point de rejoindre l’Atlético Madrid), miraculés en phase de poules, ont sorti coup sur coup Grêmio et Cruzeiro, probablement les deux plus beaux effectifs de la compétition.
Plus de deux décennies de domination
Poids lourd historique du foot sud-américain avec ses voisins argentin et uruguayen, le Brésil a creusé l’écart depuis les 90’s. Seuls Boca Juniors et ses quatre titres dans les années 2000 lui ont fait un peu d’ombre. Car pour le reste, c’est un massacre : les Brésiliens ont remporté les quatre dernières Copa Libertadores, ont disputé 19 des 22 dernières finales, ils sont les seuls à avoir eu droit à des finales « nationales » (São Paulo-Atlético Paranaense en 2005, São Paulo-Internacional en 2006) et ont même dépassé l’Argentine l’année dernière dans le nombre d’équipes envoyées en finale (32) depuis la création de la Libertadores, en 1960. Alors, la Bérézina de 2014 a-t-elle de quoi inquièter le Brésil, à l’heure de la Coupe du monde à la maison ? Pas vraiment. Dans les 23 de Scolari, on ne trouve que quatre « locaux » (Jefferson, Victor, Jô, Fred), dont deux gardiens de but. Fred, le seul titulaire de la bande, n’a d’ailleurs pas disputé cette Libertadores. Quant à l’avenir, pas de quoi s’alarmer non plus. Le football brésilien est, de loin, économiquement le plus puissant de la zone. L’échec de cette édition ressemble simplement à un bel accident de parcours. Ou à la malchance d’avoir croisé San Lorenzo et son pape protecteur.
Par Léo Ruiz