- Copa América 2024
- Finale
- Argentine-Colombie (1-0 ap)
À la Copa América, le triomphe du chaos
La Copa América 2024 a été marquée par de nombreux problèmes extrasportifs, sur et en dehors des terrains. À deux ans de l’organisation de la Coupe du monde 2026, les États-Unis n’ont pas rassuré, bien au contraire, sur leur capacité à gérer l’accueil d’un tournoi majeur. La finale entre l’Argentine et la Colombie, à Miami, en aura été le triste symbole.
Ce dimanche, le contraste aura été saisissant entre les finales de la Copa América et de l’Euro. Cette dernière s’est achevée sur un feu d’artifice de jeu, de football, avec la victoire espagnole, tandis que la première n’a malheureusement pas manqué à la réputation de cette édition chaotique organisée aux États-Unis. De nouveaux incidents ont émaillé le match entre l’Argentine et la Colombie, allant même jusqu’à retarder de plus d’une heure le coup d’envoi de la rencontre. En cause, plusieurs dizaines de supporters forçant les barrières de sécurité pour tenter d’entrer dans le stade sans billet, causant de nombreux affrontements en dehors du Hard Rock Stadium de Miami, d’une capacité d’un peu plus de 65 000 places. Ce bazar sans nom a obligé les autorités à fermer l’accès à l’enceinte américaine, ce qui n’a pas stoppé les problèmes, entre les malaises liés à la chaleur et les regroupements de personnes dans des petits périmètres. Ces scènes ont bien sûr rappelé la finale de l’Euro 2020 à Wembley et celle de la Ligue des champions 2022 à Paris, mais elles suscitent surtout l’inquiétude pour le futur et la Coupe du monde 2026.
La colère de Bielsa et l’inquiétude pour 2026
La répétition est manquée, tant on aura davantage parlé des problèmes que du niveau de jeu, bien en deçà de ce que le football sud-américain a pu nous montrer dans l’histoire. Même lorsque les enjeux sont au plus haut, ce sont des incidents qui occupent le haut de l’affiche. Marcelo Bielsa s’était même emporté en conférence de presse après la demi-finale entre son Uruguay et la Colombie. Après avoir vu ses joueurs, et plus particulièrement Darwin Nuñez, se battre avec des supporters colombiens pour protéger leurs familles, El Loco avait pris à partie la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) concernant la sécurité dans les stades : « Les joueurs ont réagi comme l’aurait fait tout être humain. Si vous voyez votre femme, votre mère, votre sœur ou votre enfant être attaqué, sans que personne ne les aide, qu’étaient-ils censés faire ? La sécurité des spectateurs n’est pas du ressort des équipes ou des fédérations, vous savez qui est responsable de ça ? » Quasiment en larmes, le sélectionneur de l’Uruguay avait lâché un grand coup de gueule concernant les organisateurs, et la FIFA, silencieuse sur ce sujet.
"ESTADOS UNIDOS CREÓ EL FIFAGATE CON EL FBI CUANDO SINTIÓ QUE SUS INTERESES ESTABAN SIENDO ATACADOS"
Marcelo Bielsa, en llamas contra la organización de la Copa América: "A Scaloni le dijeron: ´ya hablaste una vez, no hablés más´. Los jugadores lo mismo. Todos amenazados". pic.twitter.com/j8NPIDIzJM
— TyC Sports (@TyCSports) July 12, 2024
Pourtant, la sécurité autour de la finale avait été renforcée, selon les dires de la police de Miami, lieu de tenue de la finale. Cela n’a pas empêché les problèmes, un vrai camouflet et une source d’inquiétude légitime. Sur le plateau de Fox Sports, Alexi Lalas, ancien défenseur international américain, regrettait le visage montré par son pays à cause de cette mauvaise organisation : « Ce n’est pas une bonne chose pour la CONMEBOL, ça ne l’est pas non plus pour nous parce que cela arrive sous notre surveillance, dans notre pays. Cela ne leur fait pas bonne presse à moins de deux ans de la Coupe du monde. Mais je n’ai aucun doute que la FIFA, les États-Unis, le Canada et le Mexique vont faire le point et faire en sorte que cela ne se reproduise pas. »
Retenir les leçons
Mais si l’organisation n’a pas du tout été au rendez-vous lors de cette Copa América, les supporters ne sont pas tout blancs dans cette histoire non plus. Si des incidents ont lieu, c’est aussi le fait de l’incivilité de certaines personnes, responsables elles aussi. Après des scènes de violences rares lors de la demi-finale, des infiltrations dignes des plus beaux films de James Bond ont été vues aux abords du stade la nuit dernière. Les accès au stade limités par les forces de l’ordre afin d’inspecter directement dans le stade si chaque spectateur avait son billet, les fraudeurs ont essayé d’entrer dans l’enceinte du Hard Rock Stadium via… des bouches d’aération. Des scènes surréalistes.
More people getting into the game through… what??? The vent??
What is happening in the Copa America Final? pic.twitter.com/QKgkwEmnCW
— Tactical Manager (@ManagerTactical) July 15, 2024
Cette Copa América 2024 n’a certainement pas montré le meilleur visage du football sud-américain, mais elle a permis de mettre en lumière les failles dans l’organisation d’un tel évènement, qu’elles soient dans le manque d’anticipation dans la réception du public, ou dans le manque de réaction lors des incidents. Chacun va devoir faire son autocritique, les organisateurs comme les fans, pour que le prochain Mondial ne se transforme pas en un gigantesque fiasco. Comment peut-on, dans une finale d’une grande compétition, assister à de telles scènes invraisemblables ? Comment peut-on penser que l’on peut entrer dans un stade via des bouches d’aération ? Comment peut-on arriver à se battre dans des tribunes où familles et enfants viennent soutenir leur équipe préférée ? Il reste deux ans pour que le Mexique, le Canada et surtout les États-Unis, du coup, se préparent à ne pas laisser ce genre de bordel géant se reproduire à l’occasion d’un tournoi majeur scruté en mondovision. Ce sont ces images dramatiques qui tournent, depuis cette nuit, sur les réseaux et un peu partout ailleurs : on aurait préféré voir le but victorieux de Lautaro Martínez ou les adieux d’Ángel Di María en boucle.
Par Maxime Verhille