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Copa América : les enseignements de la première journée
L'Argentine et la Colombie qui déçoivent, des stars au rendez-vous, des petits venus surprendre les favoris : tels sont les enseignements à tirer de la première journée de la phase de poules de la Copa América.
L’Argentine de Tata Martino encore en rodage
Dès son intronisation, l’ancien entraîneur de Newell’s Old Boys et du Barça se démarquait de son prédécesseur. L’Argentine de Sabella, triste finaliste du dernier Mondial, deviendrait celle de Tata Martino, bien plus portée sur l’offensive. Les matchs amicaux ont laissé entrevoir ce changement. Martino a gardé l’épine dorsale de l’ère Sabella, et y a ajouté son petit plus : des joueurs capables de tenir et de faire vivre le ballon. Cette Copa América arrive donc à point nommé pour jauger cette Albiceleste. Toujours sélectionné mais souvent blessé, le métronome de Boca, Fernando Gago, a laissé sa place à Banega pour le premier match. De plus, le très précieux Biglia s’est assis sur le banc du stade de La Serena. Face au Paraguay, les Argentins se sont d’abord promenés, avant de sombrer quand ces mêmes joueurs installés par Martino (Pastore et Banega) ont quitté la pelouse. Outre un match nul qui met les coéquipiers de Messi dans une mauvaise posture, les Argentins ont trop souvent montré le visage d’une sélection désordonnée, alors que Martino espère voir celui d’une équipe qui se trouve les yeux fermés. On attend le réveil des troupes argentines ce mardi face à l’Uruguay.
Retour sur terre pour la Colombie ?
On avait quitté James et ses coéquipiers en larmes au Brésil. L’équipe sensation du Mondial avait fait passer un message clair : la Colombie était de retour au premier plan. Logiquement, on attendait une équipe colombienne plutôt favorite face aux modestes Vénézuéliens. Bien que la Vinotinto ait déjoué les plans de José Pékerman, certains secteurs de jeu colombien semblent en eaux troubles. Tout d’abord, la défense centrale composée de Murillo et Zapata est apparue en grande difficulté devant les rushs incessants de Rondón. On se demande déjà comment la défense colombienne va gérer Neymar, ce mercredi à Santiago, dans un match décisif. Le joueur du Milan AC, qui a plus souvent tâté le banc de San Siro que le ballon, a livré une prestation des plus inquiétantes. Son compère, Jeison Murillo, s’est montré plus solide. Problème, les deux centraux choisis par le Profe possèdent les mêmes qualités. Ainsi, la relance (qui autrefois était assurée par le doux pied de Mario Yepes) en prend un coup. Autre souci, les milieux de terrain défensifs (Valencia et Sánchez) n’ont certainement pas la carrure pour remplacer les blessés (et cadres de l’ère Pékerman) que sont Guarín et Aguilar. La situation est cependant loin d’être alarmante : une victoire face au Brésil ouvrirait le chemin des quarts de finale pour la Colombie. Sinon, il y a toujours la place de meilleure troisième. Mais l’on attend bien mieux des Cafeteros.
Des stars au rendez-vous
Jouer et gagner une finale de Ligue des champions, puis briller une semaine plus tard à l’autre bout du monde ? Une formalité pour Leo Messi et Neymar. L’astre argentin est arrivé au Chili après ses compatriotes de la Selección, mais cela ne l’a pas empêché d’éblouir le public de la Serena de son talent. Malgré un marquage permanent (qui l’a d’ailleurs fait sortir de ses gonds), Messi s’est montré décisif sur le premier but, et a transformé le penalty du deux à zéro. Vous l’aurez compris, le numéro dix argentin rate rarement un date. Son compère brésilien au Barça a décidé de battre le Pérou à lui tout seul. Résultat, un but et une passe décisive venue d’une autre planète pour le capitaine de la sélection entraînée par Dunga. Neymar a même montré qu’il n’avait pas retenu la leçon délivrée par les défenseurs de l’Athletic Bilbao lors de la finale de la Coupe du Roi. Le numéro dix brésilien a réussi à placer son fameux double coup du sombrero, avant de se faire plaquer par un défenseur péruvien. Bref, une performance complète. Un peu plus au sud du Chili, à Santiago, Vidal et Sánchez ont aussi répondu présent pour le premier match de poule du pays hôte de cette quarante-quatrième édition de la Copa América. On en redemande.
La Copa des petits ?
En 2011, le Paraguay de Tata Martino avait atteint la finale de la Copa sans gagner un seul match (victoires aux tirs au but lors des deux matchs de la phase finale), avant d’échouer en finale face à l’Uruguay. Aussi, le Venezuela s’était hissé à la troisième place. Cette année, la donne pourrait être la même. Les premiers résultats laissent penser que les petites nations sud-américaines ne sont pas venues pour servir de punching-balls aux gros. Le Paraguay s’est arraché pour obtenir le nul, le Venezuela a calmé les ardeurs colombiennes, et la Jamaïque a failli tenir le match nul face aux hommes du géographe Edinson Cavani. Même le Pérou a emmerdé le Brésil pendant une heure et demie avant de craquer. Finalement, seuls le Mexique et son équipe de coiffeurs sont venus faire de la figuration au Chili. On parie que le deuxième tour nous offrira encore quelques surprises.
Le Chili con Bachelet
C’est une Michelle Bachelet sobre qui s’est présentée à l’Estadio Nacional du Chili. La présidente du pays hôte de la Copa a laissé de côté son maillot de la Roja. Très critiquée, Bachelet se fait discrète : elle a même demandé à ce que les caméras ne la filment pas pendant le match. On la verra cependant reprendre l’hymne chilien a cappella avec les 47 000 âmes qui remplissent le stade dans la froide nuit de Santiago. Les manifestations étudiantes aux abords du stade viennent s’ajouter au difficile moment traversé par Bachelet. Pourtant, à la fin du match d’ouverture face à l’Équateur (2-0), la présidente a imité Angela Merkel et s’est invitée dans le vestiaire de la sélection entraînée par Jorge Sampaoli. Michelle Bachelet y est même allée de son selfie avec les stars de la Roja. Alexis, Vidal, Medel, tous les cadres ont eu le droit à leur photo avec la femme d’État. On ignore si la présidente chilienne est venue parler tactique avec l’entraîneur argentin, ou si elle désirait écouter les sages conseils de Gary Medel pour calmer les ardeurs des étudiants protestataires.
Par Ruben Curiel, au Chili