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Conte en Nazionale, presque trop évident ?
Dès l'annonce de son départ de la Juventus, Antonio Conte a été pressenti pour reprendre les rênes de l'équipe d'Italie. Maintenant que le nouveau président de la Fédé a été élu, il ne reste plus qu'à le convaincre. Quitte à en oublier les alternatives ?
Après les polémiques (qui vont encore durer des semaines et des semaines), après les larmes, Carlo Tavecchio s’est mis au boulot. Sans plus attendre. Dès son premier jour en tant que président de la FIGC, le bonhomme a mis en route le premier gros dossier à régler : la nomination du sélectionneur italien. « Ce matin, je me suis levé à 7h, et je me suis mis immédiatement au travail. J’ai appelé Conte et trois-quatre autres… Des réponses ? Non, sinon je vous l’aurais dit » , a-t-il affirmé ce mardi, lors de son arrivée au siège romain de la Fédé. Car, mine de rien, cela fait désormais 51 jours que l’Italie n’a plus de sélectionneur. Cela n’était jamais arrivé dans l’histoire de la Nazionale azzurra. Or, depuis le 15 juillet, pour la plupart des Italiens, c’est une évidence : c’est Antonio Conte, démissionnaire de son poste d’entraîneur de la Juventus après trois saisons couronnées de succès, qui va reprendre le flambeau. Un homme qui a de la poigne, qui ose passer des soufflantes quand il y en a besoin, qui connaît déjà une grande partie de l’effectif, et qui, désormais, se traîne une étiquette de coach gagnant. Tout ce dont l’Italie aurait besoin après le fiasco brésilien.
Carte blanche
Pour Carlo Tavecchio, il s’agit déjà d’un défi personnel. Depuis un mois, le nouveau président de la Fédé doit se battre contre les médias et l’opinion publique, après sa sortie de route ahurissante concernant « Opti Poba » , le mangeur de bananes. Tavecchio avait contre lui la plupart des Italiens, mais pas les présidents des clubs, qui ont décidé de l’élire. Pour l’homme de 71 ans, aller débaucher Antonio Conte, actuellement le meilleur entraîneur italien libre de tout contrat, devient donc une mission. Une mission pour le foot italien, d’abord, mais aussi une mission pour son image. Être celui qui a offert aux Italiens un sélectionneur capable de relever la Nazionale. Peut-être, pour lui, le début de la rédemption. Alors, Carlo Tavecchio, soutenu par son désormais inséparable sbire Claudio Lotito (conflit d’intérêt ? Non, à peine…) s’attelle à sa tâche. Mercredi matin, la Gazzetta dello Sport affirme même que Conte pourrait signer son contrat dès samedi.
Si l’affaire est en bonne voie, Conte demande toutefois des garanties avant de s’engager. Il a quitté la Juventus, « son » club, parce que les dirigeants n’étaient pas capables de lui fournir les cautions nécessaires quant à la progression du club. Il semble donc évident qu’il ne replongera pas dans un projet qui ne lui offre pas un maximum de garanties. S’il ne s’est jamais exprimé publiquement sur le sujet, il semblerait que l’ancien Bianconero ait signifié qu’il souhaite un projet global, où les différentes équipes d’Italie (U20, Espoirs, Nazionale) travailleraient main dans la main. Il veut également un staff technique et une équipe de dirigeants qui soutiennent ses idées. En gros, il veut carte blanche. Un Conte qui fait la diva ? Un peu, oui. Mais c’est au moins ce qu’il faut pour relancer la machine italienne après un Mondial complètement raté.
Pas de plan B ?
Tavecchio a tout intérêt à ce que la transaction se termine bien avec Antonio Conte. Car à vrai dire, pour le moment, il n’a pas vraiment prévu de plan B. Après les démissions de Cesare Prandelli, trois noms circulaient pour lui succéder : Massimiliano Allegri, Luciano Spalletti et Roberto Mancini. Le premier est désormais le coach de la Juve. Les deux autres pourraient faire l’affaire, mais ne font visiblement pas partie des priorités du nouveau président. C’est là toute l’absurdité du système italien : Claudio Lotito et Roberto Mancini se détestent, et comme le président laziale est le premier soutien de Tavecchio (et qu’il semble tirer les ficelles), Mancini ne sera pas contacté. Non pas qu’il soit le choix le plus judicieux pour reprendre l’équipe d’Italie, mais s’assurer de sa disponibilité tout en mettant de côté les petites guéguerres personnelles aurait été malin. Car si Conte fait finalement faux bond, les autres noms ont de quoi faire frémir les Italiens. Ces derniers jours, on parlait d’Alberto Zaccheroni, ancien sélectionneur du Japon. Avec tout le respect pour l’homme et son passé de coach, on doute que, du haut de ses 61 ans, il soit l’homme de la situation.
Alors ? Alors, tout sur Conte. Quand le coach est arrivé à la Juventus, le club sortait de deux saisons calamiteuses, et ne s’était même pas qualifié pour la Coupe d’Europe. En quelques mois, seulement, il a transformé son équipe en une inarrêtable machine à gagner. Son bilan ? Trois Scudetti en trois ans, et surtout sept défaites en 114 matchs de championnat. Une équipe nationale n’est évidemment pas un club, mais les profils des deux situations se ressemblent. Au Brésil, l’Italie a perdu son identité, avec des joueurs qui sont apparus démotivés, et un jeu sans queue ni tête. Le beau Antonio a les idées claires sur le sens qu’il voudrait donner à sa Nazionale, aussi bien tactiquement que d’un point de vue humain. S’il est nommé, certains vont d’ailleurs devoir faire de sacrés efforts pour le convaincre qu’ils méritent le maillot bleu. N’est-ce pas, Mario ?
Par Éric Maggiori