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Conseils d’experts pour un exploit européen
Ce mercredi, l'OL doit battre Séville par deux buts d'écart pour se qualifier pour les huitièmes de finale de la C1. Alors, comment réaliser un tel exploit en Coupe d'Europe ? Des anciens joueurs qui ont été dans la même situation racontent.
Christian Lopez (AS Saint-Étienne)
Le pitch : Avec Saint-Étienne, Christian Lopez a connu un tel cas de figure à deux reprises. Lors des seizièmes de finale de Coupe d’Europe des clubs champions 1974-75, Sainté est battu 4-1 à l’aller par l’Hajduk Split. Au retour, les Verts s’imposent 5-1. Un an plus tard, en quarts de finale de Coupe d’Europe des clubs champions, ils s’inclinent 2-0 face au Dynamo Kiev, puis torpillent les Ukrainiens au retour, 3-0.
« On s’était fait chambrer par les Yougoslaves au match aller. Alors forcément, au retour, on est arrivés avec une forte envie de se venger, c’était une question d’honneur, et ces matchs-là sont des questions d’honneur. Kiev, c’était encore autre chose, car on affrontait la référence européenne de l’époque. On a imprimé d’entrée un gros pressing, et puis on s’est reposés sur un joueur clé pour neutraliser le meilleur joueur adverse avec Gérard Janvion qui, pour ce match-là, avait pris Oleg Blokhine. Le schéma tactique, c’est une chose, mais le plus important dans un match comme celui-là, c’est ce que vous allez mettre dedans, l’état d’esprit, que les onze joueurs aient exactement le même objectif. Cela demande plus d’efforts, plus de prises de risques, il faut se dépasser, aller au bout de soi… »
Gernot Rohr (Girondins de Bordeaux)
Le pitch : Ancien coach des Girondins de Bordeaux, Gernot Rohr a réalisé un exploit de taille lors des quarts de finale de la Coupe de l’UEFA 1995-1996. À l’aller, Bordeaux est battu 2-0 par l’AC Milan. Au retour, au Parc Lescure, la bande à Zizou s’impose 3-0.
« On cherchait la motivation partout où l’on pouvait la trouver, et on avait remarqué que les Milanais étaient très sûrs d’eux après le match aller. Cela se sentait dans leurs déclarations, dans leur attitude. La veille du match, ils avaient fait un repérage du terrain, mais ne s’étaient pas entraînés.
On a simplement dit aux joueurs de montrer qu’ils n’étaient pas morts, d’être pragmatiques, professionnels, et surtout, d’y croire. Si on marquait les premiers, en première période, tout devenait possible. J’ai compris qu’on allait passer quand on a mis le second but, on était dans une ambiance de folie, les gens debout, et même Alain Juppé, alors tout jeune maire, qui a admis après avoir été converti au foot lors de ce match. Dix jours avant, on avait mis quatre buts à Metz, j’étais là depuis un mois et demi, j’avais repris une équipe en difficulté, et on commençait à trouver la bonne carburation. C’était un groupe jeune, pas forcément étoffé pour jouer sur tous les tableaux, mais avec des éléments qui ont réalisé de grandes carrières derrière. Cela a mis fin à un hiver difficile, cela a clairement aidé l’équipe à se sauver en championnat. Ce match s’est joué le 19 mars, et cela a vraiment annoncé l’arrivée du printemps. La ville s’est réveillée et on a joué la demi-finale dans une ambiance extraordinaire. Et on a gagné deux fois contre le Slavia Prague avec beaucoup de joueurs qui allaient finir en finale de l’Euro quelques semaines après. »
Steve Marlet (AJ Auxerre et Marseille)
Le pitch : En 1996-97, Steve Marlet et l’AJ Auxerre s’imposent 2-0 sur la pelouse de l’Ajax Amsterdam, lors de la dernière journée de la phase de poules de Ligue des champions, et arrachent la qualification. Marlet connaîtra aussi l’épopée de l’Olympique de Marseille en Coupe de l’UEFA 2003-04.
« Dans des matchs comme ceux-là, il n’y a pas besoin de motivation, le travail de l’entraîneur n’en est que plus facile. On ne se demande pas si l’adversaire est plus fort, on se dit simplement que l’on a tout à gagner.
C’est comme Lyon contre Séville. Après le tirage au sort, c’était déjà bienvenu en Ligue Europa dans la bouche des observateurs, et finalement, ils ont fait le nécessaire pour être encore vivants et jouer leur chance à la maison contre le triple vainqueur de la Ligue Europa, c’est déjà un exploit en soi. Pour un match comme celui-là, il faut être bon de la première à la dernière minute, car un but encaissé trop tôt, c’est presque fini. L’idéal, ce serait de marquer tôt pour faire douter l’adversaire, et être aux portes de l’exploit à dix minutes de la fin, pour mettre une pression maximale. En revanche, de marquer trop tôt le second but peut être à double tranchant car cela mettrait les Lyonnais face à un choix stratégique lourd : tenter d’en mettre un troisième ou gérer ? Après, je ne m’inquiète pas pour la jeunesse des Lyonnais, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas matures, à l’image d’un Maxime Gonalons qui va savoir comment aborder cette rencontre. »
Profitez de nos bonus et pariez sur le match Lyon-SévilleTous propos recueillis par Nicolas Jucha