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Confinés mon frère !
Sans football depuis près de sept semaines et après seulement 27 matchs joués, le Paris-SG décroche son neuvième titre de champion de France dans une saison qui, quoi qu’il arrive, restera historique.
Chaque titre de champion de France a une valeur particulière. Quand il s’agira de regarder dans le rétroviseur pour savourer la valeur du titre de 2020, le Paris-SG aura bien du mal à expliquer les sentiments qui ont parcouru son esprit quand la LFP a décidé, à la sortie d’une réunion de crise, d’arrêter le championnat de France 2019-2020 le 30 avril après seulement 28 journées disputées. Le PSG, lui, n’avait plus joué en championnat depuis le 1er mars et la réception de Dijon (4-0). La pandémie mondiale liée au Covid-19 a stoppé le championnat de France début mars. Faute de fenêtre de tir sanitaire suffisante pour boucler le championnat, la LFP a préféré dire stop. On arrête là.
Avec 12 points d’avance sur l’OM, et un match en moins, le PSG conserve donc son titre. Le neuvième de son histoire et le septième de l’ère QSI après ceux de 2013, 2014, 2015, 2016, 2018 et 2019. C’est donc chez eux, éparpillés aux quatre coins du monde, que les Parisiens ont appris la chose. Une formalité si on se fie à l’avance et à la domination permanente des Parisiens sur le sol national depuis l’ouverture de la saison (75 buts inscrits, 14 clean sheets, 406 dribbles réussis). Qualifié pour les deux finales de coupe et toujours en course en Ligue des champions, le PSG s’avançait vers une fin de saison excitante comme jamais. Et puis le destin a décidé de placer l’humanité sur pause, Neymar y compris puisque le football n’échappe pas à la règle, bien au contraire.
Cavani et Thiago Silva, drôles de fin
Mais un titre de champion ça se prend, même après seulement 28 journées. Personne ne s’en offusque vraiment car il ne pouvait pas échapper aux Parisiens, tout du moins très difficilement. Avec beaucoup de retenue, le club de la capitale a simplement souhaité dédier ce titre aux personnels soignants ainsi qu’aux héros du quotidien dans la lutte contre l’épidémie qui touche durement l’Île de France. Un titre qui se conjugue, forcément, avec la mémoire de James Rophe, figure reconnue et respectée des tribunes du Parc des Princes disparu la veille de l’officialisation de la fin de saison. Un titre décidément pas comme les autres. Pas de fête, pas de célébration, pas de communion populaire comme ce fut le cas le soir de la qualification contre le Borussia Dortmund le 11 mars dernier. Des images qui semblent appartenir à une autre époque. Un autre monde. Le PSG a appris son titre à la sortie d’une réunion de la Ligue qui faisait suite aux annonces gouvernementales. À défaut de pouvoir reprendre le chemin des entraînements et de la vie sportive, la LFP a décidé de ne pas aller plus loin pour ne pas sacrifier le prochain exercice en plus de l’actuel. Pour Thomas Tuchel, déjà champion dans des conditions particulières l’an dernier après le fiasco de Manchester United, ce deuxième titre de rang a également un drôle de goût. Difficile de se réjouir, confiné, d’un titre accordé ailleurs que sur le terrain. Voilà près de sept semaines que l’entraîneur allemand ne voit plus ses joueurs.
Adepte de la calinothérapie et de la communion physique, l’ancien coach du BvB Dortmund ne peut même pas célébrer la chose avec son staff et son groupe. La frustration doit d’ailleurs être de mise car on ne saura malheureusement jamais où cette équipe, sur sa lancée immédiate de Dortmund, aurait pu aller. Mbappé aurait-il terminé meilleur buteur du championnat ? Neymar aurait-il retrouvé l’amour du Parc des Princes ? Ángel Di María aurait-il établi un record de passes décisives sur une saison ? Edinson Cavani et Thiago Silva auraient-ils eu les adieux qu’ils méritaient à la fin de leur contrat ? Autant de questions qui auraient mérité des réponses. Des images. Des mots. Des larmes. Des émotions. Car ce titre de champion de France tombe comme ça, un jeudi soir, à travers un communiqué qui arrive dans une boîte mail. C’est froid. Un peu triste. Presque anonyme. Et ça ne permet pas de savourer ni de se projeter. À l’aube de la saison qui doit permettre au club de fêter son cinquantième anniversaire, le PSG est dans l’inconnu comme tout le football français. Quid des deux finales de coupe ? Et la Ligue des champions ? Et le mercato ? Quel avenir pour ce groupe ?
Sur son palmarès, le PSG va pourtant accrocher un neuvième titre de champion, à une longueur du record de Saint-Étienne, mais dans quelques heures, tout le monde aura oublié. Le football, cette parenthèse enchantée qui permettait à tout le monde de s’évader l’espace d’un match, ne reprendra pas ses droits. Dans un monde idéal, le PSG aurait dû recevoir Brest au Parc des Princes ce week-end. Dans le monde actuel, le club de la capitale ne sait pas quand il recevra son trophée ni s’il pourra le fêter. C’est une première. Et on espère la dernière.
Par Mathieu Faure