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Conceição-Jardim, si proches, si loin
La rencontre entre l’AS Monaco et le FC Nantes de ce dimanche soir sera l’occasion de voir s’affronter pour la première fois en Ligue 1 Sérgio Conceição et Leonardo Jardim. Deux coachs que tout semble opposer, malgré une nationalité et des principes de jeux similaires.
Ce dimanche soir, Leonardo Jardim et son compatriote Sérgio Conceição se croiseront sur un terrain pour la quatrième fois de leur carrière d’entraîneur. La première fois, en avril 2012, le Sporting Braga de Jardim s’était incliné à domicile contre Olhanense et son rookie Sérgio Conceição. Mais l’actuel coach de l’ASM s’est vengé seize mois plus tard en giflant 4-0 l’Académica Coimbra avec son Sporting. Sûrement encore atteint par la volée du match aller, Sérgio Conceição et ses joueurs avaient gratté un 0-0 au stade José Alvalade au retour au prix d’un jeu très défensif. Une tactique critiquée par Leonardo Jardim au coup de sifflet final. Mis en alerte, l’ancien milieu de terrain de la Lazio avait alors répondu à son collègue : « L’entraîneur du Sporting, pour qui j’ai énormément de respect, a déclaré que ce n’est pas facile de jouer contre une équipe qui met dix joueurs devant le gardien, je n’ai pas vu la même chose. Lui aussi a déjà utilisé des tactiques défensives dans son passé. Ma stratégie a fonctionné, car on repart d’ici avec des points. »
Le sportif face à l’intello
Si ce petit échange par conférence interposée n’a pas été plus loin, il est révélateur des différences entre les deux hommes. Tandis que Sérgio Conceição brillait ballon au pied sur les pelouses du Portugal et de Serie A (Lazio, Parme, Inter Milan) avant d’user de son statut d’ancien international portugais pour s’asseoir sur un banc de touche, Leonardo Jardim, lui, étudiait l’éducation physique à l’université de Madère et passait ses diplômes d’entraîneur pour atteindre son but en 2003, lorsqu’il devient l’entraîneur principal de l’AD Camacha (3e division portugaise) à seulement vingt-neuf ans. Huit ans plus tard, en 2011, après avoir fait ses classes dans les divisions inférieures et s’être fait un nom au Portugal, Leonardo Jardim obtient son premier grand poste : celui d’entraîneur du Sporting Braga. Lors de la même saison, Sérgio Conceição, lui, débarquera sur le banc d’Olhanense, en première division, pour sa première expérience sur un banc en tant qu’entraîneur principal.
Si l’ancien international portugais a pu se servir de son CV de joueur pour arriver à son but, une fois arrivé, il a dû prouver, comme les autres, qu’il avait les capacités de diriger un groupe. Et, en plus d’avoir des résultats positifs, Sérgio Conceição s’est très vite fait remarquer pour son caractère sanguin sur le banc de touche, comme pourra le remarquer Pascal Dupraz quelques années plus tard. Une réputation que le beau Sergio, cheveux gominés, barbe soignée et costard cintré, cultive depuis sa carrière de joueur, où il a notamment écopé de quatre mois de suspension en 2006, alors qu’il évolue au Standard de Liège, pour avoir réalisé un combo crachat sur l’adversaire et maillot jeté sur l’arbitre. Loin, très loin, de son compatriote plus introverti, et plus calme, qui replace ses joueurs enfoui dans sa parka ou sous son polo du club.
Un Portugais peut en cacher un autre
Difficile alors de trouver des points communs entre Leonardo Jardim et Sergio Conceição, quand bien même Jorge Mendes ne peut pas être avancé comme argument, Jardim étant un des rares Portugais à ne pas être sous son aile. Pourtant, en étudiant leurs équipes respectives, on se rend compte que les deux hommes partagent autre chose qu’une nationalité et une année de naissance. D’abord, il y a cette tactique. Ce fameux 4-4-2 avec deux attaquants de pointe, deux ailiers techniques, deux bulldogs gratteurs de ballons et deux latéraux qui n’hésitent pas à apporter le surnombre en attaque. Sur le papier, les deux équipes sont donc très proches, à la différence près que le Falcao nantais se nomme Emiliano Sala ; le Bernardo Silva, Adrien Thomasson ; le Tiémoué Bakayoko, Guillaume Gillet ; et le Benjamin Mendy, Lucas Lima. Une différence majeure donc.
Outre la tactique mise en place, et le pressing haut pour empêcher les adversaires de relancer proprement, les deux hommes partagent plusieurs idées du gourou de la nouvelle vague portugaise : José Mourinho. Comme l’actuel entraîneur de Manchester United, Leonardo Jardim et Sérgio Conceição sont des pragmatiques qui s’adaptent à la qualité de leur effectif. Un constat qui se vérifie à l’AS Monaco, qui est passée en deux ans d’équipe au jeu défensif, à la meilleure attaque d’Europe, alors que l’entraîneur en place n’a pas changé. Un pragmatisme dont usera de nouveau Sérgio Conceição ce dimanche soir face à l’AS Monaco où il devra dégainer, n’en déplaise à Jardim, une tactique plus défensive qu’à l’accoutumée. À voir si sa stratégie sera à nouveau payante.
Par Steven Oliveira