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Comment (vraiment) gâcher sa sortie
Lionel Messi n'était pas content quand Tata l'a remplacé contre la Real Sociedad. Il n'a salué ni son coach ni ses coéquipiers. Boudeur, il allé s'asseoir tout seul sur un coin du banc. S'il est le meilleur joueur du monde, Messi a en revanche encore beaucoup à apprendre question sorties orageuses. Voici quelques idées dont il pourrait s'inspirer à l'avenir…
Ne pas serrer la main de son coach
Le grand classique. Peut se décliner sous toutes ses formes, du petit mouvement d’humeur au gros coup de gueule. Si Messi avait voulu faire les choses en grand, il se serait inspiré du maître Zidane. Souvenir : Coupe du monde 2006, deuxième match de poule, l’EDF est en train de terminer son match contre la Corée du Sud sur un piteux 1-1. ZZ est averti à la 85e minute, un carton synonyme de suspension pour le dernier match des poules contre le Togo. Si la France ne se qualifie pas pour les huitièmes, Zidane ne reportera plus le maillot bleu. À ce moment, tonton Raymond décide de le remplacer par Trezeguet. Un affront pour Zidane qui, au lieu de baisser la tête au moment de passer devant Domenech, lui adresse un regard noir aussi significatif qu’un « va te faire enculer sale fils de pute » , puis file aux vestiaires. La légende voudrait qu’il ait ensuite fracassé une porte dans un accès de rage.
Jeter son maillot à terre
Janvier 1989, Cantona est au somment de sa (mé)forme. Il patauge à l’OM et vient quelques semaines plus tôt de traiter son sélectionneur Henri Michel de « sac à merde » . Gérard Gili, alors coach de l’équipe phocéenne, ne se méfie pas et demande à son joueur de sortir lors d’un match amical contre le Torpedo Moscou à Sedan. C’en est trop pour King Éric qui jette son maillot aux pieds de son coach et sort sous la bronca du public. Le point de non-retour est atteint, Canto est sanctionné pendant un mois et prêté dans la foulée à Bordeaux. Le joli geste de Cantona a fait des émules. Plus Récemment, Marama Vahirua, Mateja Kežman et Mario Balotelli s’y sont essayés. Avec forcément moins de classe…
Tout simplement sauter à la gorge de son sélectionneur
Lors de la demi-finale de la CAN 2006 contre le Sénégal, Ahmed Hossam Hussein Abdelhamid alias « Mido » ne comprend pas que son sélectionneur, Hassan Chehata, ait le toupet de le remplacer à la 79e minute. Ce qui suit reste dans les annales : l’ancien Marseillais vomit un torrent d’insultes en sortant, s’approche de son banc, puis revient à la charge avec la ferme intention de mettre un coup de boule à son bouseux de coach. Son pote Hossam Hassan a du mal à le retenir tandis que les 75 000 supporters crient « dehors » . Ironie de l’histoire, c’est son remplaçant, Amr Zaik, qui inscrit le but de la victoire quelques instants plus tard. « Je m’en fous, l’Égypte a eu de la chance » , dira-t-il après la rencontre. La finale, le sale gosse ne la passera pas sur le banc, mais en tribunes.
« Ah le tempérament égyptien » , une perle de commentateur.
Shooter dans un objet (si possible en proférant un juron très grossier)
Barré par Ibrahimović, Kevin Gameiro doit se contenter de bouts de match par-ci par-là. Assis sur le banc à ronger son frein pendant de longs mois, l’ancien Lorientais accumule peu à peu la frustration jusqu’au jour où tout explose… Pour une fois titulaire contre Troyes, Kev’ ne supporte pas qu’Ancelotti le sorte à l’heure de jeu. La mâchoire serrée, il passe devant son coach sans un regard, envoie une grosse mine dans une bouteille d’eau innocente et se laisse tomber sur le banc en pleurnichant comme un gosse : « Y en a marre, c’est toujours la même chose ! Maintenant je m’en bats les couilles. » La poésie du geste et du langage.
Prendre un second carton jaune parce qu’on a mis trois plombes à sortir
Le 6 septembre 1997, le Portugal joue en Allemagne une rencontre décisive en vue de la Coupe du monde 98. En fin de match, la Seleção mène 1-0 grâce à un but de Pedro Barbosa et tient sa qualification. À ce moment-là, Artur Jorge décide de faire sortir Rui Costa, principalement pour gagner du temps. Le joueur de la Fiorentina prend peut-être trop son rôle à cœur et se dirige sans se presser vers le bord du terrain. Un geste d’antijeu aux yeux de l’arbitre Marc Batta — un Français — qui, dans un excès de zèle, se précipite sur le joueur pour lui mettre un carton jaune, un second. Expulsé, Rui Costa sort sans pouvoir être remplacé. La fin de l’histoire est particulièrement triste, puisque le Portugal, en infériorité numérique, se fait rejoindre au score et voit son rêve de participer au mondial s’envoler. Sur le bord du terrain, Rui Costa est en pleurs.
Applaudir son entraîneur
Delio Rossi est un homme sanguin. Un homme qui n’hésite pas à remplacer un de ses joueurs à la 31e minute si son attitude lui déplaît. Un homme qui déteste surtout qu’on se paie sa tête et qui sort de ses gonds pour un rien. Adem Ljajić ne savait sans doute pas tout ça le jour où il a ironiquement applaudi son entraîneur alors que celui-ci venait de le faire sortir. Vu les beignes que le jeune homme a encaissées, il est probablement aujourd’hui plus prudent.
Foutre la pétoche à tout le monde parce qu’on est fils de dictateur
Saadi Kadhafi avait envie d’être footballeur et un papa dictateur, il a été footballeur et a joué 11 minutes pour l’Udinese. Capitaine de la sélection libyenne, le frère de Saïf al-Islam dispute en 2003 un match amical contre le Canada, chez lui, à Tripoli. Au moment où son numéro s’affiche sur le tableau du quatrième arbitre, Saadi, loin d’être mécontent, commence à serrer une à une les mains de tous ses adversaires. La scène, surréaliste, dure plusieurs minutes. Tout le monde attend, mais personne, même l’arbitre, n’ose dire quoi que ce soit. Quand on sait que quelques années plus tard, Saadi Kadhafi partait avec ses troupes écraser la rébellion de Benghazi, on comprend mieux pourquoi…
Bonus « comment être sûr de se faire sortir »
Tenter un geste technique grotesque face au but
Quand il entend « match amical » , Mario Balotelli s’imagine qu’il peut faire mumuse avec la balle pendant 90 minutes. Contre les Los Angeles Galaxy, Super Mario, seul face aux cages, cale avec nonchalance une roulette totalement foireuse en sortie de but. Le genre de geste de « petit con » qui a le don de mettre Roberto Mancini hors de lui. Ni une ni deux, l’Italien demande à Milner d’enfiler un short et fait sortir son joueur sur le champ (on joue alors la 31e minute). Loin d’avoir honte, Balotelli se permet en plus d’engueuler son coach au passage. Quelques mois plus tard, les deux hommes en viendront aux mains à l’entraînement.
Par Pablo Garcia-Fons