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Vincent Kompany, bien dans sa casquette
Ce mercredi, dans le choc de la journée en Ligue des champions, le Barça, en pleine bourre, croisera le fer contre des Bavarois revigorés après leur saison ratée. À la baguette depuis cet été, Vincent Kompany a fait taire plus d’un sceptique, adoptant un football total et destructeur.
Il y a un peu plus d’un an, après sept journées de Bundesliga, le Bayern Munich de Thomas Tuchel affichait le même bilan comptable que celui de Vincent Kompany : cinq victoires et deux nuls. A priori, l’augure de traditionnelles balades de fin d’été. Sauf qu’en 2023, Harry Kane et ses copains pointaient alors à une inquiétante troisième place – et ne termineront pas mieux en fin d’exercice. Au terme d’une saison sans trophée, l’Allemand prend logiquement la porte, sans savoir encore qu’il rebondira à la barre de l’Angleterre. Son remplaçant, l’ancien roc de Manchester City, n’a pas perdu de temps, et a redonné confiance à un groupe qui en manquait cruellement. Dénigré pour ses expériences à la tête de projets bien plus modestes (Anderlecht et Burnley), le Belge a remis l’équipe dans le droit chemin, en faisant (presque) taire la tonne de commentateurs sceptiques à son arrivée.
Un rouleau compresseur à la sauce Guardiola
Pour la plupart de ses matchs, le Bayern version Kompany a atteint un niveau qu’il n’avait plus affiché depuis belle lurette. Malgré les 24 buts inscrits en championnat, il faut voir au-delà des statistiques – déroutantes – pour comprendre que cette équipe a tout pour reprendre possession de son trône. Sur le rectangle, un 4-2-3-1 modulable à la perte, où seuls Michael Olise et Aleksandar Pavlović (gravement blessé à la clavicule) se sont invités dans le onze. Sans renier leur identité offensive, les hommes en rouge impriment un rythme de rouleau compresseur. Et les résultats sont éloquents. Les critiques entendues à la suite des rares accrocs (les nuls contre Leverkusen et Francfort et la défaite contre Aston Villa avant la dernière trêve internationale) se sont rapidement estompées, et l’effectif a retrouvé l’envie, les jambes et la soif de reconquérir son royaume.
De quoi emballer les médias allemands, où la patte du nouveau venu est régulièrement comparée à un ancien de la maison : Pep Guardiola. Un poil exagéré ? Au contraire, répond Lothar Matthäus, aujourd’hui consultant pour Sky Sports. « Je trouve que la tactique du Bayern d’aujourd’hui est encore meilleure que celle de l’époque de Guardiola, estimait la légende du club début octobre. Sous Guardiola, on voyait souvent des phases géniales, avec des passes rapides et de nombreux changements de position, mais ce n’était pas aussi limpide qu’aujourd’hui. Ça joue encore plus vers l’avant. » Ça tombe bien, l’homme au crâne lisse est fidèle à la philosophie de son ancien coach : possession à outrance, des ailiers très libres, un latéral intégré au milieu pour créer de la supériorité, un contre-pressing à la perte de la balle… Résultats des courses ? L’emprise est totale sur l’adversaire, très souvent incapable de trouver des solutions.
Vincent, le groupe… et les autres
Naturellement, la machine accuse encore quelques failles. Avec une moyenne d’un but pris par match en Bundesliga, le jeu à risque de Vince laisse des espaces à la perte. En témoigne le match nul spectaculaire à Francfort (3-3). Dominateurs, les Bavarois ont encaissé les trois buts sur des contre-attaques. Même schéma quatre jours plus tôt contre Aston Villa. En fin de match, Manuel Neuer, trop avancé, se fait surprendre par un lob de Jhon Dúran (1-0). Pourtant, même en pleine mue, il faut avouer que ce Bayern Munich prend la bonne direction. Et les choix forts de son coach n’y sont pas étrangers.
Doté d’un sacré caractère de cochon, l’ancien entraîneur de Burnley a mis en place ses propres règles. Terminé les amendes à quatre chiffres pour les écarts. Désormais, chaque joueur en retard à l’entraînement doit rester aussi longtemps que Vincent Kompany au campus. Côté sportif, les séances sont longues et éreintantes. Le tout encadré par des analyses vidéo spécifiques à chaque poste. « Il considère le football comme un véritable métier et souhaite rendre chaque joueur meilleur. Les joueurs donnent tout à l’entraînement et travaillent jusqu’à être fatigués », dégaine pour Kicker Uli Hoeness, devenu président d’honneur du club. Ce mercredi soir, au moment de défier le leader de Liga, il sera temps de savoir ce que le mastodonte allemand a vraiment dans le ventre.
Par Aurèle Toueille