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Comment va la Suède sans Zlatan ?
Après quinze ans d’ère Zlatan, la Suède a débuté un nouveau cycle l’été dernier. Entre esprit viking retrouvé et responsabilités partagées, la sélection, désormais emmenée par Janne Andersson, tente de se reconstruire modestement avec, en ligne de mire, la deuxième place de sa poule pour atteindre les barrages du Mondial 2018.
Le public applaudit, se lève en son honneur et scande son nom. Sur un fond ténébreux de Hans Zimmer, l’idole retire son brassard de capitaine pour la dernière fois, puis retrouve sa femme, ses fils et prend le volant en direction de Rosengård, le quartier de Malmö où tout a commencé. C’est dans un clip sponsorisé par Volvo que Zlatan Ibrahimović a dit adieu à la sélection suédoise l’été dernier, après une défaite contre la Belgique (0-1) qui signait l’élimination des Blågult au premier tour de l’Euro. Une mise en scène à son image, égocentrique, mais esthétique. Du Mondial 2002 aux côtés d’Henrik Larsson à sa dernière compétition ratée à la barre d’une équipe faiblarde, de son aile de pigeon inoubliable face à l’Italie à son retourné mythique contre l’Angleterre, le Z a mis un point final à quinze années, 116 sélections et 62 buts qui resteront gravés en Suède. Mais comment tourner la page ?
« Zlatan a fait plus que Larsson » , pose d’entrée Pontus Farnerud – qui a joué avec les deux géants suédois – pour illustrer à quel point le meilleur buteur de l’histoire de la Suède a pesé sur sa sélection, même si celui-ci n’a jamais été plus loin qu’un quart de finale de championnat d’Europe en 2004 lors d’une grande compétition internationale. Reconstruire, c’est la tâche du sélectionneur Janne Andersson, qui a succédé à Erik Hamrén après l’Euro 2016. D’autant que d’autres tauliers comme Andreas Isaksson et Kim Källström ont aussi rangé la tunique jaune dans leur armoire. Après avoir fait ses classes à Halmstads BK, coach Andersson s’est fait un réputation à l’IFK Norrköping. « Il a remporté le championnat en 2015 avec moins de moyens qu’un club comme Malmö, habitué à soulever les trophées » , précise Pontus Farnerud. Dix mois après l’arrivée du nouveau sélectionneur, le premier bilan est encourageant : la Suède pointe à la deuxième place du groupe A devant la Bulgarie et les Pays-Bas.
Un manque en attaque, une pépite en défense
Sans superstar, la Suède s’en remet à la mentalité nordique qui la caractérisait par le passé. « Les responsabilités sont davantage réparties entre les joueurs. L’équipe est plus portée sur la défense. On a retrouvé la notion de groupe, un peu comme l’Islande, avec beaucoup d’enthousiasme et de cœur à l’ouvrage » , note Thomas Ravelli, l’ancien gardien de la sélection suédoise, héros de la séance de tirs au but face à la Roumanie en quart de finale du Mondial 94. Janne Andersson façonne une équipe jeune, à commencer par Emil Forsberg (25 ans), meilleur passeur de Bundesliga cette saison avec le RB Leipzig, propulsé artilleur en chef de l’attaque suédoise par défaut depuis la retraite de Zlatan. « Dans le secteur offensif, il y a un manque » , concède Pontus Farnerud. Le point fort de cette jeunesse suédoise est à retrouver en charnière centrale, avec l’éclosion de Victor Lindelöf (22 ans), qui pourrait quitter le Benfica pour Manchester United dans les prochaines semaines. « Il est très élégant, il ressemble à Varane. Ça va être le patron de la défense suédoise pour les dix prochaines années » , prédit Farnerud.
La courte défaite de la Suède au Stade de France (2-1), en novembre dernier, résonne comme le match référence de la bande à Janne Andersson. En cas de victoire lors de la manche retour ce vendredi, à Solna, près de Stockholm, les Suédois pourraient même choper la première place du groupe aux Bleus. En cas de résultat négatif, la Suède serait ensuite contrainte d’aller chercher des points en Bulgarie et aux Pays-Bas pour préserver au moins sa deuxième place. Face à la bande à Didier Deschamps, l’arène qui a accueilli la dernière finale de la Ligue Europa sera pleine. Pour une fois. Car bizarrement, depuis l’été dernier, la sélection n’attire plus les foules. Thomas Ravelli et Pontus Farnerud s’accordent à dire que c’est une autre conséquence de la retraite internationale de Zlatan. Une nouvelle preuve de son impact gigantesque dans son pays natal. Ce vendredi, le Z ne sera pas sur le terrain, mais pas loin. Une statue immense portant ses traits trône depuis cet hiver aux abords du stade national de Solna.
Par Florian Lefèvre
Tous propos recueillis par FL.