- Italie
- 10e journée
- Frosinone/Carpi
Comment va la bleusaille italienne ?
C'est un peu le choc de cette dixième journée de Serie A : Carpi et Frosinone, tous deux débutants en Serie A, se retrouvent au stadio Matusa. Si les débuts ont été difficiles, chacun a choisi une stratégie différente pour affronter cette trépidante aventure, et l'un des deux s'en sort mieux que l'autre.
Deux points d’écart, c’est peu, vous nous direz, en tout cas arithmétiquement insuffisant pour tirer des conclusions radicalement opposées du premier quart de championnat de ces grands débutants. Et pourtant, leur début de saison n’a pas grand-chose en commun, à tel point que le moral des troupes diverge totalement au sein de ces deux équipes qui inaugureront une affiche totalement inédite dans l’histoire de la Serie A et qui l’était aussi en Serie B jusqu’à la saison dernière.
Castori viré, Stellone confirmé
Cette grande première, Fabrizio Castori n’y sera pas convié, puisqu’il a déjà été remercié après seulement six journées. Une décision qui a soudainement mis fin au conte de fées, ramenant tout le monde à la réalité. Malgré ses promesses et son statut de fleuron de la mode italienne, Stefano Bonacini n’a pas fait dans la dentelle en le dégageant suite à un gros revers contre la Roma. Le « castor » s’en est retourné dans ses Marches, non sans délivrer un splendide message d’adieu à sa ville d’adoption : « Ne vous inquiétez pas mes chers garçons, nous resterons à jamais les immortels ! » Pour suppléer « Immortan Joe » , Beppe Sannino, bon à Varese, Sienne et Watford, beaucoup moins à Palerme, Catane et au Chievo. Avec ce changement, Carpi est officiellement entré dans sa nouvelle dimension, celle de l’improvisation. À l’inverse, Frosinone tient à conserver son côté terroir, et hormis grosse surprise, Roberto Stellone n’est pas près de sauter.
Révolution vs continuité
Le plus dur pour Carpi a été sans aucun doute le départ – volontaire cette fois – de Cristiano Giuntoli, parti dispenser ses miracles du côté de Naples avec un autre magicien. Ce directeur sportif connaît tous les joueurs des divisions inférieures, surtout les autochtones. Ils ont ainsi formé un noyau dur qui a gravi les échelons un à un jusqu’à la Serie A. La vraie force des Biancorossi. Son successeur, Sean Sogliano, arrivé du Hellas, a décidé de tout chambouler, internationalisant l’effectif outre-mesure avec Brkić, Belec, Silva, Fedele, Cofie, Bubnjić, Wallace, Iniguez, Wilczek et Matos. Les piliers, eux, ont été vendus ou priés de s’asseoir sur le banc, seuls quatre éléments de la saison passée résistent dans le onze de départ. Un entassement de près de 20 recrues qui n’a fait que créer une énorme confusion. Là encore, Frosinone a opté pour une stratégie diamétralement opposée. À vue d’équipe type, seulement 4 changements qui sont les fruits des 10 recrues lors du mercato estival. Le talent de Leali dans la boîte, l’expérience de Rosi à droite, Diakhité pour manger des tibias et Chibsah. Pour le reste, on ne change rien. Ça ne suffira peut-être pas, mais au moins, les Frusinati mourront avec leurs idées.
Frosinone lancé, Carpi à quai
Toutefois, cette politique commence à porter ses fruits après les quatre défaites consécutives en guise de dépucelage, qui auraient bien pu être cinq sans cette égalisation à la dernière seconde de Blanchard au Juventus Stadium. Le genre de buts qui vous galvanisent un effectif pour les mois à venir. Dans la foulée, premier succès historique face à l’Empoli, rebelote deux journées plus tard contre la Sampdoria. 7 points en 9 matchs, le butin reste maigre, mais suffisant pour se retrouver hors de la zone rouge. Surtout, la défense tient la route : 11 buts encaissés, jamais plus de deux dans une même rencontre. Des valises, Carpi en a déjà pris deux face à la Samp et la Roma (5 pions à chaque fois), mais peut récriminer contre un calendrier extrêmement difficile (Fiorentina, Inter et Torino également déjà affrontés). Néanmoins, la série de rencontres face à des concurrents directs a déjà été amorcée il y a deux journées, pour autant de défaites. Des débuts contrastés, puisque ce club est la dernière équipe à avoir stoppé le Napoli et a aussi battu un Toro lancé vers la 1re place. Mais l’image la plus marquante est celle des joueurs squattant devant les portes fermées du stade de Modène que les dirigeants ont refusé de mettre à disposition pour un entraînement suite à un désaccord administratif. La saison va être longue.
Par Valentin Pauluzzi