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Comment se remettre d’une non-sélection en équipe de France ?

Par Nicolas Jucha
5 minutes
Comment se remettre d’une non-sélection en équipe de France ?

C'est une spécialité française : tous les deux ans, un joueur de talent, présumé intouchable, se fait éjecter de la liste pour le Mondial ou l'Euro. Cette année, c'est Adrien Rabiot qui trinque (à moins d'un forfait de dernière minute) comme de nombreux autres gros poissons avant lui. De Cantona à Benzema, chacun n'a pas géré l'échec de la même manière et ils offrent aujourd'hui une diversité de pistes que peut suivre ou non le Marquis pour revenir plus fort en septembre.

La méthode Éric Cantona : annoncer sa retraite Le 25 janvier 1995, Éric Cantona répond à une provocation d’un supporter de Crystal Palace avec un coup de pied acrobatique. La légende personnelle du King prend encore plus d’épaisseur, au prix de sa carrière internationale. Car le meilleur joueur français du moment, adulé à Manchester United, prend neuf mois de suspension. En son absence, Aimé Jacquet construit un collectif autour de Zinédine Zidane et Youri Djorkaeff, ses deux maîtres à jouer. De nouveau éligible, Canto ne revient pas pour autant dans un collectif qui part sans lui à l’Euro 1996 en Angleterre. Privé d’apothéose dans le pays de ses exploits, Éric Cantona décide d’annoncer sa retraite internationale à l’issue de la saison 1996-1997. Histoire d’anticiper une nouvelle non-sélection au Mondial 1998 ? Pas impossible, vu la fierté démesurée du bonhomme.


La technique Ginola : séduire un autre pays Nul n’est prophète en son pays, selon la formule consacrée. Le 11 octobre 1995, la France va chercher une victoire décisive et fondatrice en Roumanie (3-1) sans David Ginola, touché à la cuisse. L’ancien Parisien a beau être l’un des meilleurs éléments français de sa génération, il ne reportera plus le maillot bleu et assistera donc aux sacres de 1998 et 2000 depuis son canapé. Le coup est dur, mais le beau gosse du foot français fait avec : il se focalise sur son aventure anglaise, à Newcastle puis Tottenham. Outre-Manche, la dimension glamour de Gino est compatible avec son apport sur le terrain : en 1999, il remporte la League Cup et surtout le prestigieux titre de joueur de l’année de la Football Players Association. Un mec qui a plutôt bien vécu ses non-sélections, en partie parce qu’elles n’ont nullement nui à sa starisation.

La jurisprudence des bannis de 1998 : laisser le destin faire son œuvre C’est peut-être la mise à l’écart la plus spectaculaire et cruelle de l’histoire des Bleus – le millésime 2008 étant hors catégorie à cause du budget hélicoptère de Raymond Domenech –, lorsque Aimé Jacquet décide de sacrifier pas moins de six joueurs avant le Mondial 1998. Parmi eux, le jeune Nicolas Anelka poursuit sa progression, portée par son insolence. Le gardien Lionel Letizi, plombé par une tuile contre la Russie quelques mois plus tôt, reste fidèle à lui-même : un mec sympathique, compétent, mais pas forcément béni des dieux puisqu’il ne revient pour une dernière pige qu’après l’Euro 2000. Timing de tueur.

Martin Djetou, quant à lui, s’écroule après l’Euro 2000, qui lui passe sous le nez de justesse également. Pierre Laigle et Sabri Lamouchi, eux, continuent d’honnêtes carrières en Italie et en France. Mais celui qui était peut-être le plus talentueux de tous à l’origine, Ibrahima Ba, rate le bon wagon à cause d’une saison poussive à l’AC Milan. L’après 98 est pour lui un chemin de croix qui le voit enquiller les échecs sportifs à Pérouse, Marseille, Bolton, Rizespor et même Djugårdens en Suède. Sa véritable carrière s’est arrêtée avant 25 ans, la nuit où il a dû quitter Clairefontaine en catimini et assister à la télévision au succès de l’équipe de France sans lui.


Le plan Mexès : encaisser et attendre son heure Manquer une Coupe du monde que l’on pense mériter, cela fait mal. Pour Philippe Mexès, il a fallu regarder à la télé deux championnats d’Europe en plus. En 2004, alors qu’il apparaît comme le futur taulier défensif des Bleus, Jacques Santini préfère miser sur l’expérience et la puissance de Jean-Alain Boumsong. Pas totalement illogique, d’autant plus que le joueur formé à Auxerre à l’avenir devant lui. Plus étrange en revanche, la propension de Raymond Domenech, sélectionneur des Bleus à partir de l’été 2004, à ignorer le blondinet en 2006. Dur de voir Pascal Chimbonda ou Gaël Givet dans les 23 alors que l’on se sent au top. Rebelote en 2008 pour l’Euro, ce qui pousse les journalistes italiens à se foutre de la gueule de leurs homologues français, car Raymond La Science s’est passé du central de la Roma et de David Trezeguet. Domenech redonnera sa chance à Mexès du bout des lèvres à l’automne 2008. Tellement en confiance, ce dernier sort un hippon en plein match contre l’Autriche et ne reverra plus les Bleus avant la nomination de Laurent Blanc, dont il sera un titulaire décent à l’Euro 2012. Enfin.

Le précepte Giuly : accepter l’injustice avec philosophie Avec Robert Pirès, Ludovic Giuly est l’autre grande victime de l’ère Domenech. Et pour celui qui brille alors au FC Barcelone, l’absence au Mondial 2006 a des relents de scandale. Champion d’Europe avec le Barça, il voit Franck Ribéry s’installer dans le couloir droit pendant le Mondial allemand et Sydney Govou, plus fort dans les replacements défensifs et la répétition des efforts, s’imposer comme le gars sûr du joueur de poker le plus célèbre de l’Hexagone. Le joueur formé à Lyon fait avec son infortune : l’éclosion de Lionel Messi l’éloigne de la Catalogne, ce qui le pousse à quelques jolies piges à la Roma et au PSG. Sans regrets.

Les cas Benzema et Nasri : tirer avantage de la situation Symboles d’une génération 1987 qui devait tout casser, Karim Benzema et Samir Nasri sont éjectés de la liste pour le Mondial 2010 à la surprise générale. Pour se justifier, Raymond Domenech se contente d’évoquer leur jeunesse et l’opportunité pour eux de faire d’autres phases finales, plus tard. Un mal pour un bien, puisqu’ils évitent ainsi le fiasco de Knysna. Un épisode qui aurait encore plus écorné leur image – même si rien ne leur sera pardonné lors de leurs futurs faux pas. D’ailleurs, à seulement 23 ans, les deux enfants terribles du football français ne se laissent pas abattre et tracent leur route, au Real Madrid pour la Benz et à Arsenal pour le Petit Prince de Marseille. Avant de rentrer dans les listes de Laurent Blanc jusqu’à l’Euro 2012.

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