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Comment se relève-t-on des « ligaments croisés » ?
Clac. Un tout petit bruit pour l'oreille, mais le plus grand mal pour le footballeur. Vendredi, Nabil Fekir et, dimanche, Benoît Costil sont entrés dans la longue liste des ruptures de ligaments. Et voici au moins cinq manières de vivre l'après-blessure.
La méthode Mickaël Landreau
C’est la voie la plus suivie sur le chemin de la guérison. Quelques jours après la rupture, le temps que l’hématome se résorbe, on passe sur le billard. Docteur Miniot, médecin du sport, fait le calcul : « Sujet jeune, sportif de haut niveau, rupture des ligaments croisés = chirurgie dans l’immense majorité des cas. » Et en gros, après six mois de rééducation et de renforcement musculaire, on revient sur les terrains. Pour un mec comme Mickaël Landreau, ça a pris trois mois. Mais dans l’idéal, « ça devrait prendre neuf mois. Moi qui me suis occupé d’autres types de sportifs, on freine la reprise. Mais bon, dans le foot, avec le pognon qui est en jeu, avec un salaire moyen de 45 000 euros, il faut rentabiliser. Tout ça pour dire que neuf mois, je pense que c’est le temps minimum qu’il faut pour s’en remettre. » Et si le travail musculaire, notamment au niveau des ischio-jambiers, est consciencieux et bien équilibré entre les deux jambes, ça marche. Neuf mois = début de l’Euro pour Nabil et Benoît. Ça risque donc d’être un peu trop long.
La méthode Anthony Réveillère
Anthony n’est pas un surhomme. C’est juste un pionnier. Un type qui a su prendre des risques : « On m’a dit : « Ça n’existe pas de ne pas se faire opérer, tu vas perdre du temps et en faire perdre au club. » Je connais mon corps. Je n’ai pas eu une rupture totale. Je suis allé voir sur Internet, je me suis renseigné. Tout le monde peut lire une IRM. J’ai senti, dans les footings, que ça allait passer. » Il faut donc croire que le renforcement musculaire sans intervention chirurgicale, ça peut fonctionner, puisqu’après sa blessure, Anthony a joué pendant encore sept ans. C’est le seul footballeur connu à avoir suivi cette voie-là. Et Docteur Miniot croit savoir pourquoi : « Je ne connais pas précisément son cas, mais ça se fait pour les gens qui ont des genoux serrés, avec très peu de tiroir, très peu de laxité, très peu de débattement. » En gros, un genou bien compact. Ce n’est donc pas donné à tout le monde.
La méthode Rafi Dahan
La retraite. Tout simplement. Une solution radicale pour Docteur Miniot : « C’est une solution, mais ça dépend aussi de l’avancée de la carrière et de l’importance du joueur. Et ça se discute cas par cas. Et même à la retraite, il y a des gens qui ne font plus de sport, mais qui ont de l’instabilité, et du coup, on va les opérer quand même. Pourquoi on opère ces genoux en fait ? Pour leur assurer de la stabilité, mais aussi pour éviter une dégradation du genou. » C’est donc le cas de Rafi Dahan, ancien joueur israélien victime du pire tacle de l’histoire du football. Un an après, à 25 ans, il s’explique : « C’était un crime. Il voulait mettre un terme à ma carrière. Je ne lui pardonnerai jamais. » Attention les yeux…
La méthode Ronaldo (le vrai)
C’est une sorte de « Landreau » , mais ratée. On revient. Trop vite. Et on se re-pète à cause de déséquilibres musculaires : « Il n’y a pas de vérité là-dessus. On sait qu’il y a des gens qui se pètent plus facilement. En fait, c’est pour ça que maintenant, en début de saison, on fait des tests pour vérifier le ratio de force entre les quadriceps et les ischio-jambiers. Et quand il y a une différence trop importante, il y a un risque de rupture des ligaments croisés. Y a des mecs qui se re-pètent parce qu’il reprennent trop tôt, mais aussi à cause de ce différentiel. » Et là encore, les exemples sont nombreux. Mais c’est bien Ronaldo, le vrai, le champion toutes catégories en la matière.
La méthode Falcao
En gros, il s’agit de rechausser les crampons sans trop se presser et d’abaisser volontairement son niveau de jeu, histoire de ne pas avoir à trop forcer sur le genou. Forcément, le résultat n’est pas fou. Voire complètement mauvais. Et puis ça finit par se voir. Entre la peur de trop utiliser son genou et un manque de confiance à peine dissimulé, la différence de niveau entre le Falcao d’aujourd’hui et son cousin éloigné de l’Atlético fait vraiment peine à voir.
Par Ugo Bocchi