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Comment se passe le confinement pour les gardiens de but ?
Footballeurs à part, les gardiens de but vivent généralement un confinement différent des joueurs de champ. Sur le plan psychologique, en raison de leur poste qui les habitue plus ou moins à la solitude. Et sur le plan physique, pour lequel ils doivent se montrer inventifs afin d'entretenir leurs réflexes et autres spécificités liées au rôle du portier.
La vidéo, publiée par la maman journaliste du protagoniste, a fait le tour de Twitter en un temps record. Elle met en scène l’entraînement de Nathan Fanagan, jeune gardien de but irlandais de onze ans, obligé de transformer un mur en partenaire en cette période de confinement. Très vite, les réactions s’enchaînent. « Même un maléfique virus ne peut empêcher un talentueux gardien de s’exercer », félicite Peter Schmeichel alors que David de Gea « adore ».
Love it! ??? https://t.co/Xmdp3ZDXf6
— David de Gea (@D_DeGea) March 23, 2020
« Les gens disent qu’il faut être dingue pour être gardien, mais parfois, il faut également être intelligent », embraye, de son côté, Jack Butland. David Seaman, Ben Foster, Tom Heaton ou encore Juan Mata applaudissent eux aussi l’initiative. Jusqu’à ce que Leeds invite carrément le gamin à une séance, lui qui adore Marcelo Bielsa et se présente en fan absolu du club. De quoi donner des idées à ses confrères bien plus matures ?
Appuis, parades et vision au programme
C’est que le confinement des portiers ne peut pas ressembler exactement à celui des joueurs de champ, du point de vue des activités sportives. « Il y a effectivement des spécificités à entretenir, comme la coordination œil-main ou le jeu au pied, confirme Christophe Lollichon, actuel responsable des gardiens de Chelsea qui prépare des séances axées sur l’aspect visuel et la réaction. En fait, il y a deux priorités : l’entretien physique (courses, circuit training, gainage, travail avec haltères ou poids de corps…) partagé avec tous les autres footballeurs, et l’entretien technique. Pour ceux qui ont des jardins ou du terrain, ça va. Même si c’est mieux d’avoir un peu de matériel chez soi, un ballon et un mur, c’est déjà bien. On peut frapper, se coucher, faire des parades, travailler la réaction des visions périphérique et centrale, réaliser des arrêts à une main, à deux mains ou au pied… C’est important, car il faut nourrir le mécanisme. »
« On a un poste complètement à part, donc ça reste différent, on ne travaille pas tout à fait les mêmes choses. Notamment concernant les appuis et les réflexes, corrobore Geoffray Lembet, dernier rempart de Sedan qui n’a encaissé qu’un seul pion cette saison. J’ai la chance d’avoir un bout de jardin, un ballon, des plots… Donc je peux potasser mes prises de balle et autres fondamentaux. Je travaille aussi mes plongeons, mais je n’ai pas le droit de trop abîmer la pelouse ! Surtout, j’ai mon beau-frère avec moi qui me fait des frappes. Pour ceux qui sont seuls… Il faut de l’imagination ! Des balles de tennis ou un ballon de rugby à envoyer dans le mur pour bosser les réflexes, c’est efficace. Ce n’est pas la même intensité que d’habitude, mais ça permet de conserver la sensation au niveau des mains. »
Les idées des génies
L’imagination comme coéquipier, donc ? Les meilleurs de la planète, d’aujourd’hui ou d’hier, acquiescent. Alisson Becker a par exemple trouvé une bonne solution pour améliorer la précision de ses relances à la main, en visant de l’extérieur les fenêtres de sa maison.
« Il s’agit d’une période génératrice d’idées et source d’inspiration, pour ceux qui sont motivés. On voit plein de choses sur les réseaux sociaux, c’est génial ! kiffe Lollichon.Les gardiens sont généralement très professionnels, ils savent ce qu’il faut mettre en place pour rester performant. Regardez Willy Caballero, qui publie des exercices de base réalisés dans son jardin à 38 ans… »
Et dans la tête, ça donne quoi ?
Claudio Bravo, lui, préfère utiliser son trampoline pour se tester aux lobs ou aux… coups du scorpion. Reste une question : les capacités mentales du gardien, souvent mises à rude épreuve durant sa carrière, servent-elle à vivre plus sereinement le confinement psychologiquement parlant ? « Peut-être que la personnalité du gardien permet de moins subir la situation, suivant les cas », estime Lollichon.
Pa que no se pierda la magia ? pic.twitter.com/GwyfvG6Fet
— Claudio Bravo Muñoz (@C1audioBravo) April 16, 2020
Avis de Lembet, après son footing : « Notre poste aide, oui. Moi, le confinement ne me dérange pas plus que ça ! Durant la saison, on est dans notre bulle. On est souvent seuls, isolés… Donc ça joue forcément, ça permet de mieux gérer une période où l’on voit moins de monde. La solitude ne nous dérange pas, elle ne nous fait pas de mal en tout cas. La plupart des gardiens sont comme ça. » S’il a raccroché les crampons, Petr Čech et ses jonglages ne font certainement pas exception à la liste.
Par Florian Cadu
Propos de CL et de GD recueillis par FC