- Turquie
- Sivasspor
- Transfert de Robinho
Comment Robinho s’amusera-t-il en Turquie avec des anciens de Ligue 1 ?
Tiens, Robinho est encore en vie. Mieux, il joue encore au football et va débarquer dans le championnat turc. Le Brésilien s'apprête à nouer une romance avec le Sivasspor, où il fréquentera une jolie brochette d'ex-joueurs de Ligue 1 avec qui il ne peut que bien s'entendre. Passage en revue des activités qui attendent Robinho et ses nouveaux potes.
John Boye
Un jour, alors qu’il dirigeait John Boye à Rennes, Fred Antonetti a osé : « John Boye, c’est sans doute le meilleur de l’effectif sur le plan défensif. » Presque comme le Brésilien, qui a entendu des phrases du type « Robinho, c’est sans doute le meilleur du monde et de la galaxie et de l’univers » pendant les années où on pensait qu’il était le nouveau Pelé. Ça n’a pas duré bien longtemps, comme la popularité de Boye en Bretagne. Entre anciens espoirs en qui plus personne n’a espoir, les deux larrons s’entendront à merveille, c’est sûr. Exilé en Turquie depuis 2014, Boye sera un guide touristique hors pair et pourra même initier Robinho à l’Azonto, cette danse ghanéenne qu’il dit maîtriser à la perfection. Une danse au principe simple, puisqu’il s’agit d’enchaîner les pas mimant des actions quotidiennes de la vie, dont celles que l’on effectue au travail. Boye pourra donc se trémousser en imitant un défenseur qui marque intelligemment un joueur adverse, tandis que Robinho aura tout le loisir de danser en faisant semblant de réussir sa carrière.
Carl Medjani
C’est un grand classique des pseudo-globe-trotters, une question aussi prévisible qu’inévitable. En effet, impossible de croiser un étudiant en école de commerce qui s’est enquillé le trip classique Laos-Vietnam-Birmanie en pantalon large ou qui a déjà fait une escale à New York en allant à Montréal pour son année de césure sans échapper au : « Vas-y, montre-moi les tampons sur ton passeport ! Moi, je commence à en avoir pas mal ! » Carl Medjani et Robinho ont beau avoir 32 et 33 ans, avec leur CV absurde, ils résisteront difficilement à la tentation de comparer leurs papiers d’identité. Dans le coin gauche du ring, Medjani, cinq championnats différents visités, et des matchs avec l’équipe de France espoirs avant d’opter pour la sélection algérienne. Dans le coin droit, le petit Robin, qui va découvrir son sixième championnat et qui aura joué sur trois continents différents. Et avec un peu de bol, en faisant le trajet Brésil-Turquie, Robinho a fait une escale à New York. Et boum, un tampon en plus. Prends-ça, Carl !
Thievy Bifouma
Ce Thievy Bifouma a vraiment l’air sympa, se dit Robinho après quelques entraînements avec son nouveau club. Alors pour s’en faire un copain pour la vie, il décide de lui en mettre plein la vue en l’invitant chez lui pour lui montrer sa sale des trophées. « Tu vois Thievy, ça, c’est ma médaille de champion de Chine. Et là, mon Bola de Ouro, une récompense que personne ne connaît donnée par un magazine brésilien. Là, c’est mon World soccer award. Celui-là, c’est un magazine anglais qui l’attribue. Et ici, c’est ma médaille d’argent du classement du Samba d’or en 2008. Un truc de Brésiliens qui n’intéresse que nous et que je n’ai jamais gagné. »
Fasciné par cette visite au pays des récompenses bidons, Bifouma lance à son tour une invitation à son nouveau brother pour lui montrer ses propres breloques. « Tu vois Robin, ça, c’est ma coupe de Catalogne. Oui oui, ça existe. Et là, le truc que tu vois en six exemplaires, c’est mes trophées du meilleur joueur congolais. Je l’ai gagné six fois entre 2010 et 2016. Viens me chercher, avec tes samba je sais pas quoi. »
Plus forts que Géraldine Nakache et Leïla Bekhti dans Tout ce qui brille.
Delvin Ndinga
Delvin est triste. Lui, l’ancien espoir du championnat de France, l’ancien petit prince d’Auxerre pisté par l’OL il y a dix ans, n’est plus grand-chose. Abîmé par les mauvais choix de carrière et des passages en Grèce et en Russie, le voilà exilé au fin fond de la Turquie à quelques semaines de ses trente ans. Pour Ndinga comme pour Robinho, le train est déjà passé et le temps perdu ne peut pas se rattraper. À moins que… En cherchant si on parle encore de lui sur internet, Ndinga tombe par hasard sur la fiche Wikipedia de Casimir Ninga, un jeune attaquant qui fait le yo-yo à Montpellier entre l’équipe 1 et la réserve. Parfait. Dans le fond, est-ce si grave que cela d’usurper une identité ? Ndinga passe le mot à Robinho et lui annonce qu’il a pensé à une super astuce pour relancer leur carrière en se faisant passer pour des joueurs plus jeunes qui portent presque le même nom. « C’est facile, lâche Ndinga à Robinho. J’appelle des recruteurs et des agents, je dis que je suis Casimir Ninga, 24 ans, international tchadien, qui connaît la Ligue 1. Et bim, des couillons comme Bournemouth, ils lâchent 15 briques. Tout ce que t’as à faire, c’est trouver un jeune dont le passeport peut être confondu avec le tien. » Des étoiles dans les yeux, Robinho file faire un tour sur le net trouver le pigeon idéal puis décroche son téléphone. « Allô ? Bonjour, je m’appelle Coutinho, j’ai 25 ans, je suis brésilien. Quelqu’un a un bon club européen sous la main pour moi ? »
Elderson Echiéjilé
Été 2016, les patrons de l’AS Monaco n’en peuvent plus. Cet Echiéjilé est définitivement une arnaque, un vrai pitre. Comment ont-ils pu se faire avoir à ce point ? La cellule de recrutement, habituellement si performante, était pourtant allée le chercher dans le championnat portugais. Si on ne peut même plus faire confiance aux clubs lusitaniens pour nous refiler des pépites, où va le monde ? Monaco doit le dégager, mais personne n’en veut. Alors en deux coups de stylo, un prêt au Standard Liège est bouclé. Problème réglé, du moins pendant six mois. À l’hiver suivant, ça frappe à la porte. Toc toc, qui c’est ? Coucou, c’est Elderson, revenu de Belgique. Trois minutes plus tard, le boulet dégage à Gijón, toujours en prêt. Rebelote l’été qui suit, Echiéjilé revient sur le Rocher. Sauf que cette fois-ci, les Monégasques réussissent à le vendre loin, très loin, au Sivasspor, dans la ville de Sivas, au centre de la Turquie. Là-bas, son contrat stipule qu’il est obligé de suivre une thérapie pour lutter contre sa peur de quitter le nid. Et sur le canapé du psy, voilà que Robinho le rejoint sans prévenir pour parler de ses retours incessants à Santos à chaque fois que sa carrière connaît un coup de mou. Main dans la main, les deux Tanguy avanceront plus vite vers la rédemption.
Par Alexandre Doskov