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- 28e journée
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Comment rendre Alain Casanova swag ?
L'entraîneur du TFC est un homme qui n'a jamais brillé par son charisme. Travailleur discret, Alain Casanova porte mal son nom et refuse la séduction. Le fond c'est bien, mais il ne faut pas négliger la forme en 2015. Alors à quoi pourrait ressembler le Casanova nouveau ?
Adopter un nouveau look pour une nouvelle vie
Alain Casanova a trop sacrifié l’élégance au profit du confort et de l’usage du vêtement. Survêtement noir trop large et polo mal taillé, Alain porte exclusivement le package distribué en début de saison par l’équipementier du TFC. Olivier Sadran peut toujours expliquer que « Casa a un charisme monstre » , les personnes extérieures au club voient juste un prof d’EPS auxiliaire s’agiter le long de son banc de touche. Pas facile à 53 ans d’opérer un virage vestimentaire sans tomber dans le ridicule. On ne va pas lui suggérer par exemple de porter une chemise blanche ajustée et lui payer des séances d’UV. Non, il faut tenir compte de sa personnalité et son physique (rond et court) pour trouver un style dans lequel il sera à l’aise, mais qui pourra enfin le démarquer, l’identifier immédiatement. En 2010, l’entraîneur toulousain s’était présenté en tenue militaire à la suite d’un pari perdu. Le résultat laissait à désirer, mais l’intention était là. Avec une veste de l’armée allemande dégotée chez Groucho rue Peyrolière, Alain doit éviter de tomber dans le piège du ton sur ton. Pourquoi ne pas oser l’association chino d’une couleur plus vive. Rouge par exemple. Et pour ne pas sacrifier au confort, on peut imaginer un tee-shirt Daniel Johnston sous sa veste comme le porte tous les vrais influenceurs en 2015. Et sinon pour les cheveux, il ne faut pas aller contre les lois implacables de la calvitie et opter pour le crâne rasé. Dernier point, une barbe épaisse s’impose. Cela va de soi, si on ne veut pas passer pour un énorme ringard.
Devenir une grande gueule
Un mot d’ordre : fermer le robinet d’eau tiède. Ou plutôt deux mots d’ordre : fermer le robinet d’eau tiède et ouvrir les vannes. Les expertises grises n’intéressent personne. Le complexe est chiant, les phrases interminables aussi. Les mots justes n’ont aucune résonance. Pour exister médiatiquement, Alain Casanova doit muscler son jeu en conférence de presse et arrêter de rendre compte du réel. Il doit vendre du rêve. Au programme : du trash-talking sur les arbitres, des vannes sur ses propres joueurs, de l’ironie, des insultes, un petit sourire et l’impression donnée d’être le plus malin. Être plus méridional, il entraîne Toulouse, pas le Bayer Leverkusen. Oui, on a envie de voir l’homme derrière le coach appliqué et consciencieux. Quelque part entre Pascal Dupraz et René Girard, Alain Casanova a tout pour viser juste et faire rire la France du foot. Le phrasé du coach de district, l’humour, le regard vif. Il faudra juste transformer sa vraie humilité en fausse prétention. Il faudra aussi arrêter de parler tactique et ouvrir un compte Twitter pour troller tout ce qui bouge, comme l’a compris l’immense @JM_Aulas. En fait, il faudra arrêter de parler de football.
Profiter de la vie et humer la tendance
Thierry Uvenard et Christophe Gardié, ça va cinq minutes. Alain Casanova avait révélé un jour écouter Daft Punk, Bruno Mars, Robin Thicke, Ayo, Naughty Boy et Seal. Il en faudrait en fait pas beaucoup plus pour qu’il ne devienne le coach le plus cool de Ligue 1 et sorte définitivement des années 80 ou d’une affiche de Jean-Pierre Mader. Peut-être un café au bar du Matin aux Carmes avec Julien Barbagallo, le batteur toulousain de Tame Impala, pour commencer la journée. Ensuite, on enchaîne avec un déjeuner chez Navarre ou au Solilesse où « jamais poseuse, l’ardoise, retaillée au quotidien, électrise les papilles » , assure le Fooding. Le week-end, une promenade et une expo aux Abattoirs entrecoupée de la lecture de Society pour saisir le monde actuel. Le dimanche après-midi, une séance des Nouveaux Chiens de Garde à l’Utopia, suivie d’un débat avec Henri Maler et toute l’équipe d’Acrimed. Quelques concerts au Saint des Seins. Et pourquoi pas le Shanghai ou la Casa Manolo pour s’encanailler… S’il est courageux, il pourra finir sa soirée au marché Saint-Pierre en savourant un dernier verre de Fronton. En fait, il faudrait juste qu’Alain Casanova se lâche un peu et révèle son côté Phil Collins.
Par Alexandre Pedro et Antoine Mestres