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Comment Luka Modric a pris le pouvoir au Real

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Comment Luka Modric a pris le pouvoir au Real

Décrié l'an dernier, Luka Modrić fait l'unanimité cette année. Un changement de statut qui doit beaucoup à l'arrivée de Carlo Ancelotti au Real Madrid et au départ de Mesut Özil. Mais avant tout, c'est son talent et son attitude irréprochable qui lui ont fait prendre le contrôle du jeu merengue.

La carrière madrilène de Luka Modrić a débuté le 5 mars 2013. À Old Trafford, il trépigne sur le banc de touche. Comme d’habitude. À la 59e minute, José Mourinho fait appel à lui : malgré une fraîche supériorité numérique, le Real est pour le moment éliminé (1-0 pour MU). Il court, il dribble, il sue et il frappe. Une frappe merveilleuse de spontanéité qui se loge dans le petit filet de De Gea. Dans la foulée, Cristiano Ronaldo inscrira le but d’une qualification qui n’aurait pu être effective sans l’entrée du Croate. Ses 37 minutes passées sous la pluie mancunienne changeront son destin du tout au tout. De flop à 40 millions d’euros, Luka Modrić devient le sauveur de la patrie madrilène. De remplaçant de luxe, il se mue en l’espace de quelques mois en métronome du jeu merengue. Ce changement de statut, il le doit autant à Carlo Ancelotti, nouveau gourou du Real, qu’à un talent intact. Depuis le début de saison, Luka Modrić est la pierre angulaire du système de Carlito. Celui qui dicte le tempo, fait des différences, distille des caviars et comble les trous : du football champagne importé des Balkans.

Özil gênant, Pirlo 2.0

Cette adaptation tardive devait beaucoup à Mesut Özil. Indiscutable dans le XI madrilène, l’Allemand jouissait d’une certaine liberté sur le pré. De fait, lorsque les deux hommes étaient alignés, ils se marchaient dessus. Proche de la caricature, cette situation s’est répétée à maintes reprises. De quoi exaspérer le Santiago Bernabéu et une presse qui n’a pas tardé à parler de flop. Plutôt qu’un titulaire en puissance, il devient une motivation supplémentaire pour Özil : « L’arrivée de Modrić va bousculer Özil » , espérait-on dans les arcanes du Santiago Bernabéu, dixit Marca. À plus de 40 millions d’euros, la carotte est chère. D’autant plus que le milieu de José Mourinho ne réserve pas de place à Luka. Derrière le quatuor offensif, la paire Khedira-Xabi Alonso est intouchable. Modrić sert donc à boucher les trous, à pallier une blessure ou à jouer les matchs de moindre importance. Son but mancunien va changer la donne, l’ambiance dans le vestiaire merengue également. Le climat délétère entre Mourinho et son escouade va profiter au Croate. En fin de saison, il affiche 53 apparitions sous la liquette madrilène.

À nouvelle saison, nouvel entraîneur. Et nouvel objectif, donc. Dès son arrivée, Carlo entend proposer « un jeu attractif » . Modrić saisit la balle au bond. Lors de la pré-saison américaine, il marque des points et étonne la nébuleuse du Nord de la capitale. La presse découvre le Modrić de Tottenham : « S’il y a quelque chose à souligner dans cette pré-saison du Real, c’est la vitesse et l’agilité avec laquelle Modrić projette le ballon vers l’avant avec des caresses à une ou deux touches de balle » , selon El País. Mieux physiquement et mentalement, Modrić prend de l’épaisseur aux yeux d’Ancelotti. Carlito s’essaye donc à faire du Croate son « Pirlo 2.0 » . Autrement dit, il va le faire reculer d’un cran. Conséquence, Khedira saute du onze, Illarramendi accompagnant Modrić au cœur du jeu – en attendant le retour de blessure de Xabi Alonso. Les débuts sont prometteurs. Moins proche du front de l’attaque, il profite de sa technique et d’un pressing moins intense pour faire des différences. Souvent, un décalage en découle. Du pain béni pour les flèches madrilènes.

Comme un air d’Iniesta merengue

Le départ en fin de mercato du Némo local ne va finalement rien changer. En concurrence l’an dernier, ils ne l’étaient plus suite au repositionnement de l’intéressé. La grave blessure de Khedira ne va que renforcer son importance. Ainsi, depuis le début de saison, Modrić est le quatrième joueur le plus utilisé de l’effectif derrière les intouchables Diego López, Cristiano Ronaldo et Karim Benzema. Un cercle dont il fait désormais partie. Pourquoi ? Parce qu’il rayonne. Sa justesse technique et sa vision du jeu en font l’un des chouchous du Bernabéu qui s’extasie devant ses sucreries. Dans sa gestuelle, il rappelle un certain Andrés Iniesta. Depuis le retour aux affaires de Xabi Alonso, il a pris une nouvelle dimension. Grâce à la science de son comparse basque, Luka Modrić n’est plus au four et au moulin. Il est au four ou au moulin. Leur complémentarité permet au Real de trouver un juste équilibre. Rien de surprenant si, depuis décembre, le fonds de jeu est enfin au rendez-vous. Plus porté vers l’avant, il se permet quelques envolées offensives. Comme cette caresse face à Copenhague. Football plaisir.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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