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Comment l’OM peut éviter une 13e défaite de suite en C1 ?
En battant le Real Betis le 5 décembre 2005, Anderlecht mettait fin à douze défaites de suite en C1, soit la pire série de l’histoire de la compétition. Mais ça, c’était avant que l’OM ne perde à Porto lors du match aller, égalant le record des Mauves. Pour éviter de les dépasser, mais aussi relativiser, les Marseillais seraient bien inspirés d’écouter Franky Vercauteren, Walter Baseggio et Laurent Delorge.
Le casting :
Laurent Delorge, passé par La Gantoise, Coventry, Lierse, ADO Den Haag, l’Ajax et Roda, il a joué une saison à Anderlecht lors de la saison 2005-2006.Walter Baseggio, arrivé à Anderlecht à 8 ans, il a joué avec les Mauves entre 1996 et 2005, avant un retour en 2007.Franky Vercauteren, vainqueur de la Coupe UEFA en 1983 avec Anderlecht, il a été entraîneur adjoint des Mauves entre 1998 et 2005, puis coach principal entre 2005 et 2007.
Quels souvenirs gardez-vous de cette rencontre à Séville ?Laurent Delorge : Ça fait un bout de temps… Mais je m’en souviens, car c’est le seul match où j’ai été titulaire en Ligue des champions avec Anderlecht. On savait avant qu’on n’avait plus rien à jouer, donc on avait envie de prouver des choses.Walter Baseggio : Je me rappelle également très bien ce match-là, j’avais fait la passe décisive pour Vincent (Kompany). D’ailleurs, comme on avait un match important le week-end qui suivait, Franky avait titularisé des joueurs différents, mais on avait fait un très bon match. Attention, ce n’était pas un soulagement, on n’y pensait même pas, aux douze défaites, avant ce match contre le Betis. Franky Vercauteren : Je dois dire qu’en général, on garde souvent en mémoire les bonnes choses ou les catastrophes. (Rires.) Ce n’est pas un match qui m’a particulièrement marqué dans ce sens-là. Les erreurs, les défaites ou les matchs avant, peut-être que oui, mais alors englobés dans un ensemble.
Est-ce que faire tourner l’équipe est la solution ultime ? Ou, au contraire, faut-il aligner la meilleure équipe possible ? FV : Pour nous, c’était déjà le dernier match. Il est donc clair que la priorité n’était plus l’Europe, mais le championnat. Encore aujourd’hui, on voit que beaucoup d’équipes ont des difficultés quelques jours après la C1, sauf les équipes avec de très gros noyaux. C’était un moment idéal pour faire jouer ceux qui n’en avaient pas souvent l’occasion, et leur donner l’opportunité de se mesurer à de grands joueurs.LD : Il y avait la motivation de faire un bon match pour tout le monde, et moi, de me montrer comme titulaire à ce niveau-là. En ce sens, c’était presque un match dans le match pour certains joueurs d’Anderlecht, car c’était notre seule et dernière occasion pour faire quelque chose sur la scène européenne. L’objectif était d’avoir des bonnes vibesaprès ce match-là.
D’un autre côté, on peut penser que le Betis, qui n’avait plus rien à jouer non plus, a peut-être levé le pied ? Ce qui ne sera pas le cas du FC Porto contre l’OM…FV : Vous savez, jouer un match de C1 n’est jamais anodin, et les joueurs adverses, même s’ils n’avaient plus rien à jouer, avaient tout autant envie que nous de l’emporter. Mais c’est vrai que parfois, lors du 5e ou 6e match de poule, certaines équipes viennent avec une autre formation et on peut donc en profiter, ou en être victime… naturellement. WB : Les joueurs de Marseille ont des qualités pour gagner à la maison, ils ne doivent pas se mettre la pression. Porto ? Ouais, c’est une bonne équipe, mais ce n’est pas non plus Manchester City. L’OM a quand même un entraîneur et certains joueurs qui ont de l’expérience.
Marseille est dans une poule bien moins relevée que la vôtre à l’époque, puisque vous étiez avec Liverpool et Chelsea en plus du Betis. Ça joue aussi ?LD : Bien sûr, même si pour une équipe comme l’OM, c’est devenu encore plus difficile d’exister qu’il y a quinze ans. Parfois, on a une mauvaise série comme ça, et ça dépend énormément des équipes qu’on affronte. WB : Mis à part Liverpool qui était au-dessus cette saison-là, lors des autres matchs, tout pouvait arriver. Et c’est d’ailleurs pareil pour Marseille. C’est ça la Ligue des champions, quand il devient difficile d’aligner une victoire, tu te mets forcément en difficulté, car en face il y a des équipes qui ont beaucoup plus d’expérience et qui ne te font pas de cadeau. Les saisons précédentes, on avait joué le Bayern, Manchester United, Lyon, la Lazio, mais on n’avait pas été ridicules pour autant, bien au contraire.FV : Pour Anderlecht, c’était un groupe très difficile, donc nos résultats n’étaient pas nécessairement anormaux. Mais en effet, au regard des scores, à part une rencontre contre Liverpool, il y avait match à chaque fois, et on n’était pas ridicules comme on peut parfois le voir actuellement avec des scores fleuves en C1.
En tant qu’entraîneur, comment prépare-t-on une rencontre qui peut vous faire entrer négativement dans l’histoire ?FV : Pour ma part, je ne parlais pas du résultat. Je le fais d’ailleurs très peu, ce qui ne veut pas dire que je ne joue pas pour gagner, ou que je ne pense pas au résultat. Le plus important, c’est de ne même pas en parler aux joueurs. Ils doivent être libérés, confiants, même si en face d’eux, il y a une équipe plus forte. Et dans le cas de Marseille, ils ne sont pas là pour rien.
Quels conseils leur donneriez-vous afin qu’ils ne dépassent pas votre record ?WB : L’important, c’est de ne même pas y penser. Nous, on avait pris ce match comme si c’était le premier de l’année en C1, alors que c’était le dernier. Je me souviens qu’avant cette série de douze matchs, on avait battu Manchester United et le Real Madrid à la maison. Ce sont des moments qui te rappellent que c’est possible de le faire, et il faut s’y attacher pour garder la bonne mentalité. FV : Il faut qu’ils le dépassent. (Rires.) Il faut qu’ils mettent l’accent sur ce qu’ils doivent faire pour gagner, et défendre leurs chances. Dès qu’on commence à penser au résultat, on est mal barré je crois, même quand on est mené 1-0. Ce n’est important qu’à la fin de la rencontre. Le reste, le passé, on ne peut plus le changer. On vit aujourd’hui, on vit demain, on ne vit pas avec ce qu’il s’est passé auparavant, surtout pas avec les douze défaites précédentes. D’autant que dans l’équipe actuelle de l’OM, aucun n’a participé à tous les matchs de cette série*, loin de là.
Propos recueillis par Maxime Renaudet
* Steve Mandanda y échappe de peu pour une suspension lors de la défaite du 28 mars 2012 contre le Bayern.