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Comment les jeux vidéo avaient déjà imaginé la Superligue

Par Jérémie Baron
Comment les jeux vidéo avaient déjà imaginé la Superligue

Leur projet de nouvelle ligue continentale réservée aux mastodontes mis en sourdine, Andrea Agnelli, Florentino Pérez et tous les autres pourront sécher leurs larmes en se lançant dans le gaming. Car avant le nouveau millénaire, l'European Super League existait déjà sur console et ordinateur. Même si elle n'avait pas tout à fait la même tronche.

Selon les rumeurs et les archives de la presse catalane, Joan Laporta potassait déjà sur une Superligue européenne dès 2004, à l’aube de son premier mandat à la tête du FC Barcelone. Petit joueur, le Catalan : en réalité, les esprits fantaisistes les plus malades présents dans les rangs des éditeurs de jeux vidéo avaient pris les devants dès la fin du XXe siècle. Et le casting imaginé à l’époque n’avait pas grand-chose à voir avec le championnat des ogres qui, dans un monde sans contre-pouvoir, aurait vu le jour dès 2024 entre Londres et Milan.

Olympique de « Marseilles »

En 1990, avant même le premier FIFA (FIFA International Soccer), Matrix Developments est le premier à sortir du four un drôle d’objet du nom d’« European Superleague ». Un jeu de management dans la même veine que Player Manager, faisant partie des ancêtres de Championship Manager (qui naîtra dès 1992, avant de devenir Football Manager) et où il n’est donc pas question de simulation de matchs. L’objectif est « seulement » de gérer son staff, les transferts de son effectif, la semaine d’entraînement de son groupe, sa relation avec sa direction et la presse et, évidemment, son plan d’attaque pour chaque rencontre. Avec les vrais effectifs à disposition, trois niveaux de difficulté et déjà un paquet de possibilités.

web.archive.org

Voilà quel est alors le casting de cette Superligue à huit têtes (et non douze), avec du très lourd et du plus surprenant : Liverpool (trois finales de LDC dans les années 1980 dont deux remportées, et six titres de champion d’Angleterre sur la décennie), Rangers FC (un quart de LDC en 1988, c’est à peu près tout à l’échelle continentale), AC Milan (sur le toit de l’Europe en 1989 et 1990), Marseilles (sic), Bayern Munich (deux finales dans la coupe aux grandes oreilles, en 1982 et 1987), Arsenal (une petite finale de C2 en 1980, mais déjà neuf titres de champion national à l’époque), PSV (qui avait soulevé la C1 et la Supercoupe en 1988), le Real Madrid (déjà un palmarès long comme le bras, et deux C3 consécutives en 1985 et 1986) sur les ordinateurs Amiga, Atari ST et Amstrad CPC, le Barça (deux finales de C1 à l’époque dont 1986, mais aucune victoire) sur le ZX Spectrum. Et, étrangement, aucune possibilité de faire de Clásico.

Pas de Manchester United ni de City, pas de Chelsea, pas de Tottenham, pas d’Atlético, pas de Juve (finale de C1 en 1983, succès en 1985) et pas d’Inter, donc. Avec sa demie de C1 en 1990 et la finale qui suivra en 1991, l’OM a en revanche toute sa place dans ce lot, même si l’orthographe (déjà vue, mais très rare) laisse à désirer. Pourtant, la tactique phocéenne a été étudiée de près. Assez, en tout cas, pour dire qu’une « solide bataille au milieu de terrain » est attendue lors d’un match contre cette équipe. Le jeu est assez complet pour l’époque, même si le magazine Amiga Format de décembre 1990 pointe déjà les premiers problèmes de la Superligue : « Le défaut principal est qu’après une semaine épuisante en tant que patron, le match en lui-même ne réussit pas à créer beaucoup d’excitation. » Comme quoi, le football – le vrai – semblait dès lors passer au second plan.

Göteborg et Game Boy Advance

Son successeur offre une décennie plus tard quelque chose de plus terre à terre et comparable aux FIFA et PES d’aujourd’hui, les graphismes, la maniabilité et l’intelligence artificielle en moins. Né au début des années 2000, « European Super League » (avec, déjà, la problématique du nom de la ligue en un ou deux mots) promettait « de faire évoluer seize prestigieuses équipes européennes de football(douze, dans certaines versions), possédant les vrais noms des joueurs. Le jeu inclut les stades réels ainsi que les chants officiels des supporters. » Cette fois-ci, le casting est un peu plus large : Milan, Ajax, Leverkusen, Barça, Dortmund, Bayern, Inter, Juventus, Liverpool, Chelsea, Marseille, Olympiakos, PSG, Real Madrid, Benfica. Sans oublier l’IFK Göteborg, vainqueur de deux C3 dans les années 1980 et auteur de beaux parcours européens, mais qui avait quelque peu disparu de la circulation après un quart de C1 en 1995 au moment de cette sortie (aucun trophée national depuis 1996). Manquent toujours à l’appel les deux Manchester, Tottenham et l’Atlético. Arsenal, lui, passe à la trappe malgré ses exploits en Coupe des coupes (victoire en 1994, finale en 1985) et la Premier League 1998 raflée.

Sorti (notamment sur Dreamcast et PlayStation) alors qu’International Superstar Soccer bat son plein, le jeu n’est pas assez bon pour rester dans les annales. Le média spécialisé Gamekult ne se montre d’ailleurs pas clément, après avoir testé le jeu sur la regrettée Game Boy Advance : « European Super League, avec deux vues plus larges (du dessus ou isométrique) et ses petits joueurs à l’apparence de Hobbits offre un meilleur confort visuel(par rapport à ISS Advance)… mais c’est là sa seule qualité. En effet, le jeu s’avère rapidement mauvais sur tout le reste : la maniabilité atroce et l’intelligence artificielle désespérante font dès les premières minutes pâle figure et donnent envie de tout envoyer bouler.(…)Ajoutons à cela le petit nombre d’équipes (une douzaine) »

Cette dernière phrase résonne plus que jamais, cette semaine, alors qu’ils étaient exactement douze frondeurs partis pour tourner le dos à l’UEFA avant que tout ne capote. Resteront à Andrea Agnelli ses regrets et ses analogies de l’enfer, comme en témoignent ses propos dans le Corriere dello Sport : « Les plus jeunes veulent voir des grands événements. Créer une compétition qui simule ce qu’ils font sur les plateformes digitales – comme FIFA – signifie se rapprocher d’eux et faire face aux compétitions de Fortnite ou Call Of Duty qui sont leurs centres d’intérêt. » Qu’on file une GBA à cet homme, et qu’il s’éloigne très loin du football.

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Par Jérémie Baron

Capture d'écran : Dreamcast - European Super League (Sebastien Chonkal)

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