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La culture, un autre fondamental pour les apprentis footballeurs
Ce jeudi s’est tenue la première édition du Festival Open Football Club du Fondaction du football, sous l’égide de la FFF. Les jeunes de 9 centres de formation et pôle Espoirs ont présenté leurs projets artistiques et culturels. Retour sur les initiatives des apprentis footballeurs et footballeuses.
« C’est bien, le foot, mais le mieux, c’est d’avoir plein de cordes à son arc, être formé à ce qu’est la vie en général, et notamment la vie artistique et culturelle », lance Guillaume Naslin, délégué général du Fondaction, dans son discours d’introduction. Trois larges écrans de projection et des rangées infinies de sièges qui se remplissent petit à petit. Le jury s’installe composé, entre autres, de Patrick Braouzec, président du Fondaction, Laura Georges, secrétaire générale de la FFF, l’arbitre Clément Turpin ou encore l’animatrice Isabelle Giordano. Puis, les lumières s’éteignent dans le grand auditorium du siège de la FFF à Paris, là où Didier Deschamps a pris pour habitude de réciter les noms de sa liste. La cérémonie peut commencer.
Dans la peau d’un autre
Cinquante-huit jeunes du pôle Espoirs de Castelmaurou (Haute-Garonne) ont mené des actions sociales en faveur des Restos du cœur, de personnes âgées et de personnes en situation de handicap, le tout restitué sous la forme d’une capsule vidéo. Les apprentis footballeurs ont participé au dérush, au montage des images, composé la musique et écrit le texte. « La vie est un combat, penser qu’elle est facile vous fera tomber bien bas », voilà pour le refrain d’un texte conscient prônant des valeurs humaines comme la solidarité, la fraternité et l’entraide. « L’objectif était de mettre en avant la différence comme une richesse au quotidien », explique Julie Druart, référente socio-éducative. Le Grand Prix de la créativité artistique leur a été attribué sous un tonnerre d’applaudissements.
Dans l’Hérault, Vis ma vie de la génération 2007 du MHSC a reçu le Prix Open Football Club. Les jeunes ont pris la place d’apprentis cuisiniers dans un lycée hôtelier. L’un d’entre eux était chargé de la voix off du reportage. Charlottes, couteaux, tabliers, tout y était. Il a fallu préparer le service pour 30 personnes. Et la discipline était de mise, le chef Alain Freite n’hésitant pas à les reprendre : « Ce n’est pas “oui, monsieur”, c’est “oui chef” ! » Au menu, samoussas, crevettes et autres délicieux mets préparés en binôme avec les élèves du lycée. « C’est un métier que je découvre, je ne savais pas qu’il y avait autant de préparation avant de manger », confie un des jeunes footballeurs. À leur tour, les apprentis cuisiniers ont été invités à un entraînement de l’équipe professionnelle de Montpellier et à une conférence de presse, avant de découvrir les ateliers techniques des jeunes. Ismael Gueddari reconnaît qu’au football comme en cuisine, on a besoin de « beaucoup de cohésion » et surtout, « il faut avoir une bonne condition physique dans les deux cas », se marre-t-il.
À Clairefontaine, c’était sensibilisation au harcèlement. Insultes griffonnées sur un post-it et vêtements déchirés : les jeunes n’ont pas manqué d’inspiration. « À travers une série de photos, les stagiaires ont cherché à exprimer les émotions ressenties par les jeunes qui sont victimes du harcèlement. Chaque cliché a été minutieusement travaillé et composé pour susciter une émotion forte chez les personnes qui les contemplent », présente Robin Courtois, éducateur à l’INF Clairefontaine. Bingo. Ce projet, réalisé par 8 stagiaires de l’institut, intitulé À travers leurs yeux, a été récompensé par le Prix Émotion du jury.
Moi, apprenti footballeur
Au pôle Espoirs de Saint-Sébastien-sur-Loire, les jeunes ont réalisé un slam. Dans À la base, on rêvait, ils reviennent sur leurs parcours de jeunes footballeurs, avec l’aide de Lucie Grenais, coordinatrice scolaire à la Ligue de football des Pays de Loire. Lokman Gouasmia et son coéquipier Mohamed Ali Chraïti s’avancent timidement sur l’estrade pour répondre aux questions du jury. « C’est un projet qui nous tient à cœur, car il nous représente. Ça a permis de renforcer les liens entre une promo qui ne se parlait pas beaucoup », confie Lokman, en réponse à une question du public sur l’apport de ce projet. « Ça nous sert à l’école comme pour le foot et dans la vie quotidienne », reconnaît Mohamed Ali. Et leur travail a été récompensé puisqu’ils ont reçu le Prix spécial du jury.
À Tours, les filles du pôle Espoirs ont créé un podcast Ça cast’ au Pôle. Lilou Charron tient fermement le micro et explique ce que ce projet lui a apporté : « Ça m’a permis de savoir qu’en fait, j’aimais l’oral. » Chacune s’est livrée comme elle le souhaitait. Comme cette jeune fille qui explique ne pas comprendre qu’il y ait eu faute sifflée de Dembélé sur Di Maria lors du dernier Mondial. Certaines se sont confiées de manière plus intime encore en évoquant la « charge mentale et physique » d’être en internat, loin de sa famille ou encore d’arriver au lycée et de s’apercevoir « qu’on est personne » en dehors du pôle.
Le Grand Prix et les prix spéciaux remis, les apprentis footballeurs et les représentants des clubs ont été invités à prendre place sur l’estrade. Personne n’est reparti les mains vides, puisque tout le monde a reçu un trophée du Fondaction, même ceux qui n’ont pas gagné de prix. Les flashs des appareils photos immortalisent les sourires, et la cérémonie se termine avec une salve d’applaudissements. Tous les jeunes présents jeudi dernier ont su exprimer combien la découverte de l’autre les avait enrichis. Le mot de la fin sera pour Isabelle Giordano, journaliste et animatrice télé : « On a aimé que dans certains films, il y ait de la mixité, de la parité, on est toujours content de voir des filles jouer au foot. » Pour étendre ça au grand public, il faudrait maintenant trouver un diffuseur en France pour la Coupe du monde à venir.
Par Gnamé Diarra