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Comment le retour d’Oasis va entraîner la chute de Manchester City

Par Ulysse Llamas et sa boule de cristal

Mieux que la prolongation d’Erik ten Hag, l’éclosion de Savinho ou le retour d’İlkay Gündoğan, la reformation d’Oasis est l’annonce de l’été à Manchester. Sauf que Pep Guardiola ne le sait pas encore : cette annonce inattendue marque le début de la fin du grand City.

Comment le retour d’Oasis va entraîner la chute de Manchester City

« Quand Oasis se portait bien, City était nul. Maintenant qu’on s’est séparés, le club va mieux », prophétisait Liam Gallagher au Daily Mirror en 2010. Nous voilà quatorze ans plus tard, en 2024, l’année où Céline Dion a rechanté, où Rafael Nadal a rejoué au tennis, où Eddy Murphy a fait son retour dans Le Flic de Beverly Hills, et donc où Oasis a décidé de se reformer. C’est comme ça. La victoire de Manchester City en Ligue des champions en 2023 a eu raison des embrouilles de Noel et Liam Gallagher. Plus besoin de jeter des tambourins ou de se battre : leur équipe de cœur a gagné la plus grande des compétitions européennes pour la première fois de son histoire. Une bonne fois pour toutes, une époque est révolue, celle que racontait Noel, l’aîné, aux Inrocks : « Manchester United n’intéresse que les gens qui ne vivent pas à Manchester, les gens de l’extérieur. Les vrais Mancuniens ne s’intéressent qu’à Manchester City. » Les deux frères de la scène alternative anglaise sont alors les premières stars à afficher ouvertement leur amour pour un club de foot.

La dernière fois qu’Oasis se produisait ensemble, avec Paul « Bonehead » Arthurs, Paul « Guigsy » McGuigan et Tony McCarroll, Abou Dabi venait de racheter leur club de cœur. En 2008, l’équipe est composée de Joe Hart et du Gallois Ched Evans, plus adeptes des bastons de skinheads dans les eighties que de riffs chaloupés de guitare. Vincent Kompany et Pablo Zabaleta viennent d’arriver, ce qui pousse Liam à assumer son affection pour le foot business dans nos colonnes : « Je suis donc bien content qu’on se soit fait racheter. Je suis bien content qu’on soit un “money club”. » Vraiment ?


⇒ La saison de tous les rêves

Le rêve de Manchester City n’est pas terminé. Cette saison 2024-2025 se conclut par ce que tout le monde attendait : un cinquième titre d’affilée en Premier League. Sous la pression d’Arsenal et de Liverpool et emmenée par un Erling Haaland qui finira Ballon d’or, l’équipe de Pep Guardiola dépasse la barre symbolique des 100 points. C’est tout ? Non, la Ligue des champions revient aussi à la maison, à la suite d’un penalty manqué par Endrick en finale (Kylian Mbappé était sorti à la 78e), alors que Kevin De Bruyne a mis tout le monde d’accord pour hisser City sur le toit de l’Europe.

Pour marquer le coup, les membres du groupe Oasis décident de se montrer ensemble pour la première fois lors de la parade dans les rues de Manchester, près d’un an après l’annonce de la réconciliation des frères Gallagher. Les chanteurs de Wonderwall ressortent leur vieux maillot 1994 siglé Brother. La marque d’imprimantes devient le signe de leur unité retrouvée. Trente et un ans après, avec quelques cheveux blancs, mais les mêmes pattes devant les oreilles. La photo est prise par Kevin Cummings. Elle acte le renouveau définitif d’Oasis, les rois de la Brit pop. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer, franchement ?


⇒ Gibraltar, pneus, et « Fuck United »

Noel et Liam Gallagher choisissent la date du 22 septembre 2025 pour chanter à nouveau dans un stade de Manchester City. 22 comme leur dernier concert ensemble avant ceux de l’été 2025, le 22 août 2009, à Stafford. La reine du Brat Summer Charlie XCX et Philippe Katerine, tout récent bleu citizen, les stars musicales de l’été précédent, sont invités. Arsenal est alors devant Manchester City au sommet de la Premier League à la différence de buts, mais les caméras du monde entier sont braquées sur l’avant-match. Oasis se reforme, et les deux frères sont à leur image : grandes gueules, lunettes noires. Entre Wonderwall et Don’t look Back in Anger, des « Fuck United » sortent du micro des Britanniques. Comme en 1997. Philippe Katerine fredonne aussi. City l’emporte 2-0.

Noel, présent lors du titre en 2019, et Liam filent dans les vestiaires. Pep Guardiola, qui avait été interviewé avec le premier pour son arrivée à City en 2016, laisse tourner la playlist d’Oasis dans les vestiaires des Citizens, qui accompagne chaque victoire du groupe depuis la parade dans Manchester. Ils démarrent des pas de danse avec Rodri, qui entonne par ailleurs à nouveau des choses bizarres sur Gibraltar. Noel recommence même les folies de sa jeunesse : exploser les pneus des adversaires de City, cette fois du car d’Arsenal. Mais les festivités choquent la bien-pensante association de la Premier League, qui inflige une défaite sur tapis vert aux Mancuniens.


⇒ Miroir inversé

Les trois points en moins face à Arsenal ne sont pas les premiers. City perd ensuite à Newcastle. Lors du match suivant, contre Fulham, l’équipe de Guardiola joue gros. Noel Gallagher, porte-bonheur des fans de City lors de la rencontre face aux Cottagers en 2024, est cette fois en tournée avec son frangin. Résultat, une nouvelle défaite pour les hommes de Pep Guardiola, avant un nul face aux Wolves. Un nul et trois défaites pour Manchester City en Premier League, une première depuis…2008.

Pour frapper fort, Pep Guardiola interdit les enceintes dans le centre d’entraînement, et avant les matchs. Plus d’Oasis, pourtant chanté à tue-tête par Jack Grealish et Bernardo Silva. « C’est stupide », sort dans la foulée Kevin De Bruyne. Le génie belge prend les rênes de la fronde. Les Citizens veulent de la musique dans les vestiaires. « I don’t believe that anybody feels the way I do, about you now », chantent-ils tous en chœur lors d’un entraînement, reprenant ainsi les paroles de Wonderwall (oui, on ne connaît que ce tube). Noel Gallagher revient sur son idée qu’« au moins 90 % des footballeurs sont des idiots finis » dans un tweet.

Quand les gens de ma génération ont quitté l’école, il n’y avait que trois choix qui s’offraient à eux : le foot, la musique ou le chômage.

Noel Gallagher

Oasis et l’effectif mancunien commencent à détester Pep Guardiola, exactement comme Liam et Noel détestaient leur père Tommy. En janvier, Pep, dogmatique, recrute alors Renaud Ripart et Xavier Chavalerin, de Troyes, club satellite de Manchester City. Phil Foden, enfant du club mis au placard, a alors une idée : proposer à Oasis un concert de protestation. Sacré symbole : un enfant du club, qui n’a pas fait d’études, mais qui est devenu une idole, un peu comme Noel Gallagher. Ce dernier accepte sans hésiter, se rappelant de propos qu’il tenait avec le réalisateur Ken Loach : « Quand les gens de ma génération ont quitté l’école, il n’y avait que trois choix qui s’offraient à eux : le foot, la musique ou le chômage. Voilà pourquoi il y a tant de grands groupes de rock qui viennent du nord. Quand je voyage dans le reste du pays, je me rends compte que les gens ont une culture plus sophistiquée, plus artistique que la nôtre. » La réunion aura lieu face aux Londoniens de West Ham pour la première à domicile en 2026.


⇒ Colle, Renaud Ripart et Savinho

À Noël, Kyle Walker sort en boîte de nuit et découvre les adresses nocturnes de Jack Grealish. Les deux font la une des tabloïds. Le défenseur, pourtant si solide, est en roue libre. Comme Noel Gallagher en 1994, il marche au Jack Daniel’s, « mais sans excès : jamais plus d’une bouteille par jour ». En juin, l’international anglais en remet une couche sur la BBC, en citant du Noel, dont l’influence commence à être discutable, dans le texte : « Le foot, John Lennon et la colle : voilà à quoi ressemblait ma vie. Aller au stade, s’éclater la tronche et écouter les Beatles. » West Ham, donc : sur le terrain, Savinho est le seul rescapé de la saison de rêve citizen. Les arabesques de l’icône de la multipropriété, associée pour la première fois à Renaud Ripart, ne sont rien à côté de la prestation d’Oasis lors de ce fameux concert de protestation : Foden et Grealish apparaissent sur scène et, entre deux chants injurieux contre United, certains fans finissent par envahir la pelouse de l’Etihad Stadium, provoquant l’interruption de la rencontre alors que City menait au score grâce à un pion dantesque de Nico De Préville (oui, lui aussi a signé).

Liam Gallagher reprend alors ce qu’il avait dit à propos de Wayne Rooney à So Foot, pour clasher le pauvre Savinho : « Rien que de prononcer son nom, ça me ruine ma journée. Je ne supporte pas sa gueule. Même avec ses implants en poils de chatte sur la tête. » Dans les couloirs de l’Etihad, c’est le foutoir, certains se rappellent le vieux concert dans le feu Maine Road, l’ancienne enceinte des Skyblues. Les citations de Noel Gallagher présentes dans les couloirs de l’Etihad Stadium, comme « chaque fan de foot veut simplement être fier de son équipe » sont taguées par un type encagoulé. On accuse Kevin De Bruyne. Le leader de la première fronde n’a toujours pas digéré son transfert forcé en Arabie saoudite au mercato d’hiver.


⇒ Chute, embrouilles et immortalité

Le lendemain, Manchester City écope d’une sanction qui fait mal : un retour en Championship, pour la première fois depuis la saison 2001-2002. Les instances sont sans pitié et ne tolèrent pas un tel chaos, bien plus grave selon eux que 115 infractions financières aux règles de la Premier League. Il ne faut pas déconner, sérieux. Un conflit éclate alors entre le groupe de rock et le club : Liam, qui avait enregistré en 2011 une version de Blue Moon avec City, demande l’intégralité des droits. Il ajoute : « J’ai vu mon club jouer en troisième division ; ils jouaient comme des merdes et c’était quand même merveilleux. Comme disent ces connauds de joueurs : “Tout ce qui compte, ce sont les trois points de la victoire.” » Reste que l’ancien quintuple champion d’Angleterre doit se préparer à affronter Portsmouth, Oxford United ou Middlesbrough.

C’en est trop pour Pep Guardiola, qui tire sa révérence au son des Stones Roses, eux les supporters de Manchester United, où Erik ten Hag est maintenu en poste après une encourageante 7e place. Le foot n’est plus roi à Manchester. La deuxième tournée anglo-saxonne d’Oasis est un énorme succès à l’été 2026. Un peu de fraîcheur et de kif en pleine canicule européenne, qui ne facilite pas la tâche de Patrick Kisnorbo, nouveau technicien assis sur le banc de Manchester City. C’est la fin d’une époque en Angleterre, la fin d’un règne, et les Citizens lancent leur saison de D2 en s’inclinant au Racecourse Ground contre le Wrexham de Ryan Reynolds et Rob McElhenney, qui ont prévu d’accorder une place de choix aux nouveaux losersdans la saison 5 de leur documentaire. Noel Gallagher a le dernier mot : « De toute façon, je préfère la défaite, pour le chaos et la tension dramatique qu’elle procure. » Les grands clubs, comme les grands groupes de musique, sont immortels.

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Victoires faciles de Manchester City et Tottenham, triplé d’Erling Haaland
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