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Carvajal casse, le Real aux abois ?
Blessé au genou et absent pour dix mois, Dani Carvajal laisse un énorme vide dans le couloir droit du Real Madrid. Un manque réel que les Merengues devront rapidement combler. Pourquoi pas en piochant en Angleterre ?
Il fallait que la scène se déroule dans les dernières secondes d’un match déjà gagné et près des micros de télévision. Ce 5 octobre, dans le temps additionnel d’une victoire actée contre Villarreal (2-0), Dani Carvajal dispute un duel sans importance avec Yeremy Pino. Prêt à dégager le ballon, le défenseur madrilène voit son genou heurter l’adducteur de son adversaire et se plier de manière spectaculaire. La suite sera accompagnée par les éprouvants cris de douleur du blessé, captés par les micros télé installés en bord de touche, et des sanglots péniblement camouflés par ses mains collées au visage durant sa sortie sur civière. Bilan : rupture du ligament croisé antérieur et instabilité postéro-externe au genou droit, intervention chirurgicale et absence des terrains pour une durée de dix mois. Du lourd, que le Real Madrid doit donc désormais remplacer. Mais comment ?
À Madrid, frustration et maigres options
La blessure de Dani Carvajal amène avec elle quelque chose de plus frustrant encore que les dégâts physiques. Longtemps sujet aux pépins (537 jours d’absence depuis son retour au Real Madrid à l’été 2013 et 25 blessures différentes), le latéral avait retrouvé une forme étincelante ces deux dernières années. Suffisant pour le voir glaner deux Ligues des champions, deux titres de champion d’Espagne et un Euro avec l’Espagne. Le tout, en ayant toujours l’un des rôles principaux (buteur en finale de C1 contre le Borussia Dortmund par exemple). Surtout, Carvajal est parvenu à inscrire son tempérament volcanique – ou détestable pour certains, c’est selon – dans une palette technique qu’on ne présente plus. Vicieux, teigneux, roublard, le défenseur incarne à lui seul la culture de la gagne couleur meringue. Dans ce contexte, difficile donc de trouver un substitut de qualité à un type qui, si les latéraux étaient primés, aurait pu décrocher le prochain Ballon d’or.
Le Real Madrid n’a pourtant pas le choix. Parmi les options proposées localement, on retrouve ainsi Lucas Vázquez en tête de liste. Bricoleur attitré du club, l’ailier droit/latéral/attaquant compensera certainement l’absence de son aîné sur ces premiers mois. Apprécié par coéquipiers et supporters pour sa simplicité dans le jeu, Vázquez ne va donc pas faire tache à court terme. Mais seulement à court terme. L’autre option se nomme Éder Militão. Formé comme latéral droit à São Paulo et lancé à ce même poste lors de son arrivée en Europe, du côté de Porto, le Brésilien pourrait tout aussi bien dépanner pendant quelques piges. Problème, la charnière centrale a besoin de lui. Car avec le départ du soldat Nacho en Arabie saoudite et la blessure visiblement insoluble de David Alaba, seul Antonio Rüdiger assumerait la fonction (Jesús Vallejo n’entre définitivement pas dans les plans de Carlo Ancelotti, tandis qu’Aurélien Tchouaméni ne veut plus entendre parler de défense centrale). Enfin reste l’infime possibilité de voir Eduardo Camavinga, déjà utilisé à gauche, filer un coup de main. Option peu probable.
Alexander-Arnold ciblé en janvier ?
Ne reste alors que l’élément redouté de tous : le mercato d’hiver. Pas habituée à recruter en janvier – les deux dernières signatures hivernales du Real Madrid étant Klaas-Jan Huntelaar en début d’année 2009 –, la Maison-Blanche va peut-être devoir céder. Piste privilégiée, Trent Alexander-Arnold, avec sa fin de contrat en juin prochain à Liverpool, aurait déjà les faveurs de la direction madrilène à en croire Marca. Si aucun détail n’a filtré concernant ce fumeux transfert, il n’est pas vraiment surprenant de voir l’Anglais précipiter son départ de la Mersey, lui qui a déjà entamé des discussions avec ses dirigeants l’été dernier. Interrogé sur le sujet en conférence de presse ce vendredi, à la veille de son déplacement à Vigo pour y défier le Celta, Ancelotti a évidemment botté en touche : « Je n’ai pas demandé de nouvelle signature en janvier, car l’année dernière, nous avons bien géré la situation (avec la blessure d’Alaba), et nous ferons pareil cette année. Recruter le joueur idéal pour le Real Madrid à ce moment-là et dans les meilleures circonstances n’est vraiment pas facile. Donc nous n’y pensons pas. » Fin de transmission.
Devenu maître du travail en effectif réduit (23 joueurs à disposition « seulement » depuis la saison dernière, tous utilisés), l’Italien pourrait donc ne pas hésiter à réitérer la chose. Même si l’offre Alexander-Arnold paraît alléchante. Polyvalent et excellent centreur, le Scouser – connu pour être proche de Jude Bellingham – semble paré de tout le filon technique pour s’ajuster au collectif et servir de relais à Rodrygo ou Kylian Mbappé. La grosse interrogation réside alors dans son apport défensif. Nonchalant à souhait doublé de belles sautes de concentration, TAA est finalement l’anti-Carvajal dans ce registre. Pas sûr, également, que Liverpool laisse partir son joueur sans soutirer quelques gros billets à Florentino Pérez. Le bricolage devrait donc se prolonger à Madrid, le temps que Dani Carvajal retrouve un genou tout neuf.
Par Adel Bentaha