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Comment le Paris Saint-Germain a manqué son mercato
Trois départs, aucune arrivée, Ziyech retoqué pour trois minutes et trois mauvais documents envoyés par Chelsea et, dans la foulée, Ramos et Mbappé qui sortent blessés à Montpellier avant un marathon de février de tous les dangers... Luis Campos, le conseiller sportif du PSG, n’a pas réussi à redresser la barre.
Et si le PSG était vraiment construit sur un cimetière indien ? C’est souvent ce que se disent les supporters du club de la capitale quand la poisse semble s’inviter dans le onze de départ. Jusque dans les dernières heures du mercato d’hiver, la direction parisienne, incarnée notamment par son conseiller sportif Luis Campos, a souhaité engager des nouveaux joueurs avec comme profils visés un défenseur central (Milan Škriniar) et un joueur offensif polyvalent (Hakim Ziyech). Alors que le Slovaque a une nouvelle fois été retenu par l’Inter Milan (ce fut déjà le cas l’été dernier), le Marocain, lui, était dans les locaux de la Factory, le siège du club, où tout était prêt pour lui : le costume Dior, son numéro de maillot, les modalités de son prêt et les pizzas au saumon. Tout sauf les documents signés par Chelsea qui arriveront avec trois minutes de retard sur l’heure de clôture du mercato après trois premiers envois erronés. Le recours auprès de la LFP n’y a rien changé, Ziyech ne jouera donc pas au PSG.
Ironie du sort, moins de 24 heures après cette fin de mercato rocambolesque, le PSG a perdu deux joueurs sur blessure à Montpellier : un défenseur central (Sergio Ramos) et un joueur offensif majeur en la personne de Kylian Mbappé. Et comme dans le même mercato, le club a vendu Pablo Sarabia en Angleterre, voici donc un PSG amoindri numériquement et qualitativement, notamment en sortie de banc, dans le secteur offensif. « On voulait remplacer numériquement le départ de Pablo Sarabia avec un joueur qui peut aussi évoluer sur le côté droit de notre attaque d’où Hakim Ziyech, a lancé Christophe Galtier à la sortie du match à Montpellier en conférence de presse. Malheureusement, cela ne s’est pas fait. Mais c’est le mercato. Ce sont les aléas. Il faut l’accepter. Je tiens à préciser, de ce que j’ai vu, la responsabilité n’incombe pas au PSG dans le dossier Ziyech. » Dans la foulée, relancé sur la profondeur de son effectif, le coach s’est montré, comme souvent, très optimiste : « J’ai un effectif de qualité, les jeunes vont avoir leur mot à dire dans cette deuxième partie de saison. Évidemment, dans un calendrier chargé, il faut faire attention aux blessures et à la fatigue. Je suis satisfait de l’effectif que l’on avait en début de saison. Malheureusement, on aurait pu le renforcer à la suite du départ de Pablo Sarabia, mais on n’a pas pu le faire. »
Luis Campos au centre des critiques
Malgré tout, la manière dont le PSG a géré ses deux mercatos sous l’égide de Luis Campos interroge forcément. La gestion du dossier Milan Škriniar, par exemple, est improbable. Que ce soit en août dernier ou en janvier, le PSG a travaillé sur le dossier pendant de longues semaines, le joueur allant même jusqu’à déclarer à la télévision slovaque son envie de rejoindre le club de la capitale. Rien n’y fait, l’Inter n’a jamais cédé aux offres parisiennes, petites, ridicules ou grandes. Moralité, en ce début février, Galtier n’a dans son effectif que le seul Marquinhos comme défenseur central de métier apte en plus du très – trop – jeune El Chadaille Bitshiabu, 17 ans, puisque Presnel Kimpembe n’a plus commencé un match depuis septembre et semble souffrir du tendon d’Achille et que Sergio Ramos, touché contre Montpellier, enchaîne les matchs insipides depuis de longs mois. Reste le bricolage habituel autour de Danilo ou de Nordi Mukiele, ce dernier étant lui aussi blessé. En septembre dernier, dans un entretien accordé à Jérôme Rothen pour RMC, Luis Campos avait d’ailleurs déclaré que l’absence d’une recrue majeure en défense centrale représentait un « grave problème ». Rappelons au passage que le PSG avait cédé Abdou Diallo dans les dernières lueurs du mois d’août sans le remplacer. Un détail.
À l’époque, le conseiller sportif du club avait une excuse toute trouvée en la personne d’Antero Henrique, l’homme chargé de purger l’effectif de tous ses indésirables payés au-dessus de la décence. Près d’une dizaine de prêts plus tard, Campos estimait que les caisses du club ne s’étaient pas suffisamment remplies pour mener à bien son mercato. En janvier, Henrique n’entrait plus dans l’équation, il faut donc trouver un autre bouc émissaire à ce mercato d’hiver raté. Chelsea ? Ça se tient. Les ventes ? Difficile, puisque Luis a visiblement repris la main, et les trois départs de janvier sont faméliques : Sarabia a été vendu 5 millions en Premier League où le moindre être humain en crampons est acheté pour 20 bâtons, Navas y a été prêté sur le gong et la promesse Ayman Kari a pris la direction de Lorient avec une option d’achat assortie à son prêt. Dans le sens des arrivées, on l’a dit, rien. RAS. Nada. Que dalle. Peau de zob. Circulez, y a rien à voir.
Une recrue : Seferović à Vigo
Pis, Luis Campos a réussi l’exploit de « mieux » réussir son mercato d’hiver pour le Celta de Vigo, club qu’il conseille aussi, avec, de ce côté, au moins une arrivée en la personne de Haris Seferović. Et si le problème du PSG était finalement là ? Avoir un conseiller sportif qui bosse pour deux clubs en même temps ? On a suffisamment pointé les multiples casquettes de Nasser al-Khelaïfi pour ne pas trouver lunaire que l’homme qui doit mener à bien la politique sportive d’un club ô combien compliqué à gérer ne soit pas à temps plein sur ce dossier. Après des succès, mérités et probants, dans les constructions d’effectifs à Monaco puis à Lille, la patte Campos se fait toujours attendre dans la capitale, car après deux mercatos, la seule bonne trouvaille s’appelle Nordi Mukiele, recruté pour soulager Achraf Hakimi et filer un coup de main en défense centrale. Pour le reste, et pour le moment, Fabian Ruiz, Carlos Soler, Renato Sanches et Hugo Ekitike oscillent entre l’immense déception et le très passable. Durant ce mercato d’hiver, on a également eu du mal à suivre les idées sportives de l’architecte du club : Malcolm, Rayan Cherki, Hakim Ziyech, Jonathan Bakayoko, Dodi Lukebakio. Autant de pistes que de profils différents. Comme si rien n’était planifié. L’été dernier, tout semblait indiquer que le PSG souhaitait évoluer avec une défense à trois, mais à la sortie de l’hiver, le cas Milan Škriniar n’était pas décrit comme une priorité du mercato. Voilà donc le PSG lancé dans ce mois de février de tous les dangers avec un effectif moins bien fourni qu’en janvier, alors que son principal concurrent, l’OM, a enregistré trois renforts majeurs durant la même période. Et souvent au PSG, quand les échecs sportifs sont retentissants, le mercato qui suit est gargantuesque. En attendant, en juin prochain, on a déjà les premiers noms des nouveaux visages qui viendront garnir le groupe à la reprise, outre Milan Škriniar qui devrait s’engager sans indemnité de contrat, Layvin Kurzawa, Julian Draxler, Georginio Wijnaldum, Leandro Paredes, Colin Dagba, Mauro Icardi devraient effectuer leur retour dans la capitale. Chouette. Rêvons plus grand.
Par Mathieu Faure