- Coupe du monde 2014
- 1/2 finale
- Pays-Bas/Argentine
Comment Lavezzi est devenu le Ribéry 2006 de l’Argentine…
Parti au Brésil comme joueur offensif secondaire de l'Argentine, Ezequiel Lavezzi se retrouve un peu par surprise sous les projecteurs : les blessures des autres lui offrent du temps de jeu, son corps fait fureur, ses blagues à la Ribéry plaisent et détendent le groupe.
Il y a d’abord Messi, bien sûr. Et puis Di María, quand même. Mais après, c’est lui. El Pocho. L’Argentin qui, depuis le début de ce Mondial brésilien, capte le plus l’attention des médias de son pays, au point de faire régulièrement la Une des gros quotidiens de Buenos Aires. La question qui vient immédiatement à l’esprit est donc : mais pourquoi, bon sang ? Le Parisien ne brille pas spécialement sur le terrain, il n’a à aucun moment endossé le costume de héros national, il n’a pas réalisé de geste remarquable. Non, sportivement, il n’y a rien. Il n’est même pas un titulaire indiscutable de Sabella, loin de là. Mais Ezequiel a mieux que tout ça : en confiance dans le groupe, il est devenu en quelques semaines le grand animateur de la galerie et le chouchou des Argentines.
Défensif plus qu’offensif
Pour Lavezzi, auteur d’une saison coussi-coussa au PSG (bien terminée toutefois), tout est un peu concours de circonstances. Le gars de Rosario ne devait pas avoir vraiment son mot à dire dans l’impressionnante armada offensive de l’Albiceleste, mais Sabella n’a pas voulu de Tévez, Higuaín est arrivé au Brésil en méforme (visiblement, ça va mieux), Agüero s’est blessé face au Nigeria puis Di María en a fait de même, contre la Belgique. Résultat, très peu de Quatre Fantastiques, et plus de temps de jeu que prévu pour les jokers, dont le champion de France fait partie, avec Palacio, Maxi Rodríguez et Ricky Álvarez. Et si au départ, l’Intériste à tresse avait l’avantage, c’est finalement le profil du supporter de Rosario Central, plus à même de bosser défensivement, qui a convaincu Sabella. « On va aider Messi à réaliser son rêve, rejoindre la finale. Il faudra être à la hauteur et travailler pour lui et ceux qui font la différence » , déclarait-il depuis Cidade do Galo, où est basée l’Albiceleste. Lavezzi a parfaitement compris ce que son coach (qui préférerait jouer avec une défense à cinq) attend de lui : tenir son couloir d’abord, apporter offensivement ensuite. La preuve, lui-même ne se considère pas comme un joueur qui « fait la différence » dans cette sélection, mais plutôt comme un bosseur du milieu de terrain.
« Je ne me voyais pas devenir un sex symbol »
Ce rôle sur le terrain, inespéré il y a encore quelques semaines, Pocho s’en contente largement. Apprécié des leaders et donc à l’aise dans le groupe, il a rapidement mis à profit son caractère jovial et chambreur pour faire rire tout le monde et gagner du crédit, malgré la lourdeur de ses vannes « ribéresques » . L’ambiance est bonne et Lavezzi en est le premier responsable. Sa cible préférée : le froid et réservé Sabella. De l’eau dans sa figure au moment de son entrée en jeu face au Nigeria, une imitation de sa chute après la qualif’ face à la Belgique. Suffisant pour créer le buzz en Argentine. D’autant que l’ancien Napolitain a touché un public bien précis au pays : le féminin, apparemment fan de son combo abdos-tatouages (une page Facebook « Mouvement pour que le Pocho Lavezzi joue sans maillot » fait fureur au pays avec pas moins de 384 000 likes). L’Argentine l’avait vu quitter San Lorenzo pour l’Italie avec une affreuse coupe au mulet et une silhouette de petit grassouillet, elle le retrouve avec une belle gueule et un corps d’athlète. « Petit, je ne me voyais pas devenir un sex symbol. Il suffit d’ailleurs de regarder les photos de quand j’étais gamin. T’imagines bien qu’avec ce physique, je n’étais pas prêt de m’imaginer en arriver là » , répond-il en toute franchise à une question sur cette « mode Lavezzi » . Qui a dit qu’il fallait nécessairement être performant pour réussir sa Coupe du monde ?
Par Léo Ruiz