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Comment la C3 est devenue vitale pour MU
Absolument pas considérée comme un objectif par les Red Devils en début de saison, la Ligue Europa constitue désormais une priorité pour les hommes de José Mourinho. Parce qu’elle constitue le chemin le plus court pour atteindre la Ligue des champions, mais aussi parce que les sommets européens commencent à manquer au Special One et à son club.
« Ce n’est pas une compétition que veut disputer Manchester United. Ce n’est pas la compétition que je veux ou que les joueurs veulent. » Sujet évoqué : la Ligue Europa. Auteur de la déclaration : José Mourinho. Lieu de la déclaration : salle de presse du Feyenoord Rotterdam. Date de la déclaration : 14 septembre 2016, veille de la première journée de phase de poules du tournoi. Le lendemain, les joueurs confirment les propos de leur guide en essuyant une défaite. Il faut dire que le Portugais lie les gestes à la parole, puisqu’il aligne une équipe bis aux Pays-Bas : seulement trois joueurs présents dans le onze de départ étaient de la partie cinq jours plus tôt contre Manchester City. Même Morgan Schneiderlin a le droit à sa titularisation. C’est dire le peu de respect que porte l’entraîneur pour la C3.
Près de sept mois plus tard, le discours a radicalement changé. Le temps pour Mourinho de passer un petit coup de fil à Jacques Dutronc afin de savoir quelle était la meilleure façon de retourner sa veste. Aujourd’hui, l’entraîneur ronchonne toujours autant, mais pour défendre les intérêts de la Ligue Europa. C’est ainsi qu’il a menacé, en conférence de presse, d’envoyer les U23 le 21 mai prochain en championnat. La raison ? L’éventualité de gagner la coupe européenne. « La finale se déroulera un mercredi et on jouera contre Crystal Palace le dimanche. On aura joué juste avant contre Southampton… Et ils veulent qu’on joue une finale – avec tout le respect que j’ai pour le Celta, car cela reste une situation hypothétique – dans des conditions désastreuses.(…)Je pourrais envoyer Nicky Butt et son équipe de U23 pour jouer contre Crystal Palace, et avec un peu de chance, ils ne joueront pas leur maintien sur ce match. »
Des ambitions bouleversées et légitimes
Alors, que s’est-il passé entre septembre et avril pour qu’une épreuve de seconde zone devienne progressivement la compétition à aller chercher coûte que coûte dans les esprits mancuniens ? La première raison semble évidente : désormais, une victoire finale en C3 ressemble au chemin le plus court pour gagner une place en Ligue des champions, qui s’impose aujourd’hui comme une urgence pour United. Cela fait en effet plus d’une année que l’hymne de la LDC n’a pas été entendue à Old Trafford, et enchaîner une deuxième saison de suite sans participation à la C1 serait intolérable pour un club de ce statut. Or, à l’origine, les Red Devils ont toujours estimé que viser les quatre premières places était plus accessible et moins risqué que compter sur le marathon de seize rencontres qu’impose la Ligue Europa. Sauf que ce n’est absolument plus le cas actuellement : malgré une motivation quelconque lors des poules, MU a chopé la deuxième place et son appétit a grossi au fur et à mesure des qualifications qu’il dévorait. D’autant que la mayonnaise n’a jamais véritablement pris en Premier League, Manchester ne dépassant pas la cinquième place depuis la cinquième journée en dépit de résultats réguliers (aucune défaite en 25 rencontres ; cinquième à une toute petite unité de Manchester City).
Le meilleur du monde doit-il remporter la Ligue Europa quand il la joue ?
Autre argument : l’orgueil. De Manchester United et de son technicien. Car si elle ne fait pas toujours rêver les joueurs, la Ligue Europa reste une compétition continentale majeure. Une compétition qui n’apparaît ni dans le gigantesque palmarès de United, ni dans celui presque aussi énorme de Mourinho (qui a tout de même gagné son ancienne version, l’UEFA). Sans compter que MU n’a plus atteint des sommets européens depuis bientôt une décennie (vainqueur de la LDC en 2008, finaliste en 2009 et 2011) et que le Special One a joué sa dernière finale européenne en 2010. Ce qui fait un peu tache (et long) quand on se revendique meilleur club ou meilleur entraîneur du monde. Dès lors, à trois marches du trophée, le défi s’avère plus que tentant. Rien que pour pouvoir dire : « J’ai gagné toutes les compétitions auxquelles j’ai pu participer dans mon histoire. » Donc oui, le Manchester de José signerait tout de suite pour le prestige d’une Ligue Europa glanée accompagnée d’une sixième place en PL plutôt qu’une élimination (en demi-finale ou en finale) consolée par une place sur le podium en championnat. Après tout, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis.
Par Florian Cadu