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Comment jouer avec ses propres règles ?

Par Florian Cadu
Comment jouer avec ses propres règles ?

Les règles menstruelles partagent souvent la vie sportive des joueuses. Mais ce cycle peut-il avoir une influence sur leur performance ? Et si oui, quelles sont les solutions à préconiser ?

Un match cauchemardesque, un vrai. En janvier 2015, Heather Watson rencontre Tsvetana Pironkova au premier tour de l’Open d’Australie et se fait sortir sans ménagement par la Bulgare sur le sévère score de 6-4, 6-0. Forcément déçue après la rencontre, la Britannique justifie alors sa défaite par « un truc de filles » ( « girl things » , en version originale). Sous-entendu, ses règles menstruelles seraient la cause principale de sa mauvaise prestation. Une explication très rarement entendue dans le sport de haut niveau pour excuser une contre-performance, et encore plus dans le monde du football féminin.

Pourtant, la vice-championne du monde de kayak slalom 2013 Nouria Newman rappelait dans Libération que les règles gênent « au moins une fois dans leur vie toutes les sportives » . La question mérite donc également d’être posée pour les sports collectifs, et par ricochet pour le foot : comment jouer de manière optimale avec ses règles ?

Chiant, horrible… et tabou ?

Si le sujet semble tabou au regard des nombreux refus d’interview à ce propos de la part des joueuses, ce n’est visiblement pas le cas au sein même des vestiaires. « Il peut nous arriver d’en discuter entre nous » , amorce Morgane*, joueuse du CA Paris. Plutôt rassurant quand on sait qu’en moyenne, une femme saigne six ans et demi non stop durant son existence. « Mais on ne se répète pas non plus systématiquement :« Ah les filles, j’ai mes règles… Ça va être emmerdant ! » » Autrement dit, la date fatidique n’est pas cochée dans le calendrier pour celles qui disposent d’un cycle hyper régulier (pour les autres, le risque de variante est de toute façon trop élevé).

Toutefois, les footballeuses y prêtent une certaine attention. Car oui : si elles forcent les plus jeunes à sécher quelques cours, les menstruations peuvent également transformer une pelouse en un véritable enfer. « Quand tu as tes règles en même temps qu’un gros match, ça peut être chiant. Mégachiant, même. Parce que si tu perds beaucoup de sang, tu es très très fatiguée, tu as les jambes lourdes, tu n’avances pas, tu es épuisée…, témoigne Morgane. Donc c’est très difficile d’être sur le terrain dans cet état-là, surtout s’il fait chaud. En plein cagnard, c’est juste horrible. Tu peux jouer, mais tu vas au stade en traînant les pieds. Ta puissance, ta vitesse, ta vivacité, ta lucidité, ta concentration et ta capacité à changer de rythme en prennent un coup. Forcément, tu n’es pas aussi performante qu’une autre semaine où tu ne les as pas. »

Un mélange diarrhée-angine-fièvre-gastro

La défenseuse parisienne de 28 ans compare cet état de fatigue à celui « d’une diarrhée passagère, d’une angine ou à de la fièvre » . Ainsi, à l’instar de N’Golo Kanté et sa gastro-entérite lors de sa finale de Coupe du monde 2018 ratée, l’Allemande Dzsenifer Marozsán pourrait très bien foirer son quart de Mondial contre la Suède si ses règles décident d’être de la partie ce week-end. Heureusement, des solutions autres que les gros yeux de Corinne Diacre existent pour se rendre sur le terrain en évitant de réclamer un changement à la mi-temps – ce qui n’arrive pratiquement jamais – et limiter les dégâts (qui n’ont rien à voir avec les fuites, un tampon par mi-temps voire même une serviette hygiénique accomplissant parfaitement leur mission).

D’abord, il faut savoir que l’adrénaline présente avec les gros rendez-vous a le pouvoir de diminuer la sensation de douleur. « C’est comme pour tout, hein. Tu arrives sur le terrain, et tu te dis : « Allez, go ! » » , confirme Morgane, qui idolâtre la bêta-endorphine sécrétée par l’organisme au bout de trente minutes d’activité et stimulant le sentiment de bien-être. Des athlètes seraient même plus performantes en période de menstruations, selon les observations de certains gynécologues qui ne peuvent toutefois pas expliquer pourquoi. « C’est vrai qu’à certains moments, tu es super énergique, tu n’as aucun problème, tu ne sens absolument rien, confirme Morgane. Ce n’est pas du tout quelque chose de normé, tout varie différemment en fonction des individus et du contexte. »

La solution, ce n’est pas que le tampon

Concrètement, la joueuse peut tout simplement décider de faire disparaître ses règles pendant un événement sportif attendu comme une Coupe du monde sans mettre en péril sa santé. Soit de manière complètement intentionnelle, en prenant la pilule en continu pour décaler la période de menstruation : « La contraception hormonale est une bonne aide, elle permet de diminuer les saignements et les douleurs, mais également de programmer la survenue des règles, préconise d’ailleurs Marion Delmas, gynécologue qui souligne ne pas avoir de patientes atteintes par la problématique règles/sport. Bien sûr, il faut prendre en compte les éventuelles contre-indications. » Soit de manière plus inconsciente, l’activité sportive de haut niveau et les fortes dépenses énergétiques pouvant provoquer la mise en veille du système d’ovulation… pendant plusieurs années, parfois !

L’autre remède, plus fréquent et plus classique, s’appelle le comprimé anti-douleur à avaler avant le coup d’envoi. Les 90 minutes passent alors plus vite, les efforts se font logiquement plus supportables. Et pour la récupération, alors ? « Bizarrement, tu ne te sens pas plus crevée, tu n’as pas de problème pour fêter une victoire, rassure Morgane. En réalité, on a l’habitude des règles. On sait comment les gérer. Et si on est capable de se booster pour aller jouer, c’est aussi pour participer à la troisième mi-temps. » Jusqu’au mois suivant.

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Par Florian Cadu

Propos recueillis par FC, sauf mentions
*Le prénom a été changé

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