- CDM 2019
Comment je suis tombé amoureux de…
Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'une joueuse. En voilà trois qui nous ont tapé dans l'œil lors de la phase de poules de la Coupe du monde féminine : Vanina Correa (Argentine), Thembi Kgatlana (Afrique du Sud) et Barbara Bonansea (Italie).
Vanina Correa (Argentine)
L’action qui nous a fait fondre :
C’est un match disputé face à l’Angleterre lors duquel la gardienne de Rosario Central encaisse le seul pion de la partie, certes, mais réalise dans le même temps une performance de haut vol sans laquelle l’addition aurait pu être sacrément plus corsée pour l’Albiceleste. Le climax de ces 90 minutes au terme desquelles elle est élue femme du match ? Un penalty de Nikita Parris tiré à mi-hauteur et repoussé par Vanina sur un saut de panthère et une claquette de premier choix.
Pourquoi elle est si excitante :
En 2007, la grande gardienne (1,80m) de Rosario Central écrit tristement l’histoire de la Coupe du monde féminine en encaissant onze buts de l’Allemagne (score final 11-0, dont deux CSC). Un record tombé il y a quelques jours seulement, lors de la correction infligée par les États-Unis à la Thaïlande (13-0). Ses deux autres matchs de poule, Vanina les passe à l’époque sur le banc, et l’Argentine quitte la Chine la tête basse. Trois ans plus tard, elle décide de se mettre en retrait de l’Albiceleste, incapable de se qualifier pour le Mondial 2011. Pendant six ans, Correa disparaît des radars, préférant s’occuper de ses jumeaux, nés en 2014. De son côté, la sélection coule, face au manque de moyens qui lui sont alloués par la Fédération. Mais en 2017, la gardienne décide de rechausser les gants et participe à la troisième qualification des siennes pour la phase finale.
Et elle vient d’où ?
De Villa Gobernador Gálvez, dans la province de Sante Fe. Une petite ville pas loin de Rosario, où elle voit le jour en 1983 et commence sa carrière dix-sept ans plus tard, sous le maillot de Rosario Central, avant de passer par d’autres clubs bien connus chez les garçons, comme Banfield ou Boca Juniors, avant de revenir chez son premier amour. Et si son avenir s’écrivait en France ? Vanina a en effet débarqué dans l’Hexagone avec le bras orné d’une tour Eiffel, en référence à une promesse qu’elle s’était faite si l’Albiceleste remportait son barrage qualificatif face au Panama.
Thembi Kgatlana (Afrique du Sud)
L’action qui nous a fait fondre :
On peut choisir de danser sur la piste de l’Angelus de Gien ou préférer celle du stade Océane du Havre. Thembi Kgatlana, 156 centimètres de puissance et la vitesse d’une Triumph débridée, étant une femme de goût, c’est en Normandie que la mobylette sud-africaine a décidé de se produire le 8 juin dernier. C’est donc aussi à cet endroit que l’attaquante du Beijing BG Phenix – le seul club féminin professionnel en Chine – a choisi de casser les hanches de la pauvre Vicky Losada. Suffisant pour succomber en quelques secondes, d’autant que Kgatlana s’est amusée à conclure l’affaire d’une merveille d’enroulé déposé dans la lucarne de Sandra Panõs. Malheureusement, tout ça n’aura pas suffi à offrir la victoire à l’Afrique du Sud, finalement battue par l’Espagne (1-3).
Pourquoi elle est si excitante :
Parce qu’avec huit buts plantés en quinze sélections, Thembi Kgatlana est le soleil de cette Afrique du Sud, arrivée en France avec des ambitions (finaliste de la CAN 2018), mais repartie avec trois défaites dans les valises. Sans elle, les Banyana Banyana n’auraient même pas vu la couleur d’un but inscrit en Coupe du monde. Rien que pour ça, Kgatlana mériterait une statue, surtout lorsqu’elle célèbre ses buts avec la même pose que José Mourinho à Turin.
Et elle vient d’où ?
De loin, de Mohlakeng, un township de l’ouest de Johannesbourg, mais aussi des étoiles car, si le grand public n’en savait rien, le petit, lui, s’était déjà préparé à voir Thembi Kgatlana jouer les fusées en France. Tout simplement car madame a été élue joueuse africaine de l’année en 2018 et avait déjà fait tourner quelques têtes lors de la CAN 2018 (cinq buts marqués, un titre de meilleure joueuse de la compétition). Kgatlana est une référence du foot féminin en Afrique et en est devenue une ambassadrice, elle qui a filé, avec un bachelor de tourisme en poche, aux États-Unis à 22 ans pour rejoindre le Dash de Houston. Depuis, la Sud-Africaine évolue en Chine, où elle a renforcé son statut de joueuse la plus rapide du monde.
Barbara Bonansea (Italie)
L’action qui nous a fait fondre :
On joue la dernière minute du temps additionnel et l’Italie, après deux buts refusés, n’est pas parvenue à renverser l’Australie. Jusqu’à ce que Barbara Bonansea balance un coup de casque plongeant qui trompe Lydia Williams et offre aux Italiennes une première place qu’elles conserveront jusqu’à la fin.
Pourquoi elle est si excitante :
Parce qu’elle a le profil de la joueuse qui réussit sur le terrain et en dehors. Et Barbara Bonansea sait comment remplir son temps libre. Quand elle ne dévore pas les bouquins de Dan Brown, elle pince les cordes de sa guitare ou étudie l’économie à l’université de Turin, la ville où elle enquille également les buts avec la Juventus. Bref, une personne à suivre. Ils sont d’ailleurs plus de 152 000 à être tombés sous le charme de son compte Instagram.
Et elle vient d’où ?
De Pignerol, une ville qui rime avec Aperol, bien que ce dernier ait été inventé à Padoue, à 400 kilomètres de son Piémont natal, où sa carrière démarre à seulement quinze ans, à Turin. Six ans plus tard, l’heure est venue pour elle de prendre une nouvelle dimension et d’intégrer l’un des tout meilleurs clubs du calcio féminin : Brescia. En Lombardie, elle découvre les premiers titres et la Coupe d’Europe. Mais l’appel des racines était visiblement trop fort et elle retourne dans le Piémont en 2017, l’année ou Brescia revend sa licence à l’AC Milan. Sauf que son come-back turinois se fait cette fois-ci… à la Juventus, nouveau mastodonte enfin décidé à sublimer sa section féminine. Et avec une ambassadrice de la trempe de Barbara, il y a de quoi espérer qu’on verra bientôt briller la Vieille Dame sur la scène européenne.
Par Maxime Brigand et Julien Duez