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  • CAN 2019

Comment je suis tombé amoureux de…

Par Clément Gavard et Maxime Renaudet
7 minutes
Comment je suis tombé amoureux de…

Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'un joueur. En voilà trois qui nous ont tapé dans l'œil depuis le début de cette Coupe d'Afrique des nations 2019 : Baghdad Bounedjah (Algérie), Bongani Zungu (Afrique du Sud) et Andria Carolus (Madagascar).

Baghdad Bounedjah (Algérie)

L’action qui nous a fait chavirer :

Avec lui, ce n’est pas vraiment un coup de foudre, mais plutôt une accumulation de plusieurs palpitations révélatrices. Mais s’il fallait retenir un symbole de cette idylle naissante entre les amoureux du ballon rond et l’attaquant des Fennecs lors de cette compétition en Égypte, ce serait certainement son geste de classe pour débloquer la situation face à la Guinée en huitièmes de finale (3-0). Un pion fou ? Non, le numéro 9 sait aussi être un passeur. À la 24e minute de jeu, Bounedjah se retrouve dans la surface et se met dos au but, s’appuyant sur Ernest Seka, pour offrir une solution à Youcef Belaïli, qui n’hésite pas à jouer le une-deux avec son pote. Résultat, le grand Baghdad lâche une talonnade soyeuse pour remettre le ballon dans la course de Belaïli, qui se charge de finir le travail en ouvrant le score. Tout ça après avoir croqué trois belles occasions dans les vingts premières minutes.

Pourquoi il est si excitant :

Parce qu’il est terriblement imparfait, déjà, et c’est aussi ce qui fait son charme. Bounedjah est connu pour avoir un sale caractère sur le terrain : il aime gueuler sur ses partenaires, sur l’arbitre et sur tout ce qui peut lui permettre de se défouler quand les choses ne vont pas dans son sens. Et alors ? Durant cette CAN, il a plutôt réussi à contenir ses nerfs, étant plutôt occupé à faire parler son talent sur la pelouse. Bounedjah n’est pas un tricoteur, il ne va pas partir dans de grandes chevauchées pour régaler le public. Non, il possède un autre profil : celui de l’attaquant besogneux et plutôt complet. Dans le onze de Belmadi, il s’est rendu indispensable. C’est simple, Bounedjah est excellent dos au but, il n’est pas vraiment lent, son jeu de tête est impeccable, son sens du placement également et ses appels de balle sont redoutables. Pour résumer, aucun défenseur n’aime défendre 90 minutes sur un tel enquiquineur. Et s’il a parfois tendance à manquer de lucidité devant le but, c’est aussi parce qu’il ne lésine jamais sur les efforts. Puis, comment ne pas craquer devant son émotion après avoir manqué le penalty du break contre la Côte d’Ivoire ? On peut tout pardonner à son chouchou.

Et il vient d’où ?

Comme son coéquipier Youcef Belaïli, il est né à Oran, en Algérie. Sans surprise, il fait ses premiers pas sur les terrains de foot là-bas, passant plusieurs années au RCG Oran, sans vraiment réussir à percer. En 2011, Bounedjah a 20 piges et il est bloqué en sixième division, avant qu’un club de la banlieue d’Alger, l’USM El Harrach, évoluant dans l’élite ne vienne le chercher. L’attaquant signe ses premiers coups d’éclat chez les professionnels et tape même dans l’œil de Vahid Halilhodžić, alors sélectionneur des Fennecs, qui choisit de le convoquer en 2011, sans qu’il ne puisse finalement honorer sa première sélection. Peu importe, Bounedjah se fait un nom et quitte le pays pour migrer en Tunisie en juin 2013, rejoignant le club mythique de Sousse, l’Étoile sportive du Sahel. Là-bas, il termine meilleur buteur du championnat tunisien dès sa première saison (14 pions) et rafle plusieurs trophées. Puis, il prend à nouveau la tangente au printemps 2015 en signant un beau contrat à Al Sadd, au Qatar, qu’il rejoindra définitivement en 2016 après un prêt de six mois à l’ESS. Et au contact de Xavi, Bounedjah s’éclate dans le championnat qatari, réalisant une année 2018 exceptionnelle avec 58 buts marqués. L’hiver dernier, il a même prolongé jusqu’en 2024, et il paraît qu’à 27 ans, le bonhomme n’est pas vraiment attiré par l’Europe. Trop triste.


Bongani Zungu (Afrique du Sud)

L’action qui nous a fait fondre :

Alors qu’il n’a joué que cinq petits matchs de Ligue 1 avec Amiens cette saison, la faute à un foutu ligament du genou, Bongani Zungu a quand même été appelé pour cette CAN 2019. Remplaçant lors du premier match perdu contre la Côte d’Ivoire (0-1), il a ensuite montré qu’il n’avait pas traversé le continent africain pour rien. À la réception d’un corner de Percy Tau contre la Namibie, Zungu a débloqué son compteur buts en sélection grâce à un coup de casque salvateur. Pas rassasié, le milieu récupérateur sud-africain a remis le couvert lors du quart de finale perdu contre le Nigeria (1-2). Encore servi par la patte gauche de Tau, il s’est astucieusement caché dans le dos des Super Eagles avant de placer une tête savamment dosée, à l’opposé de Daniel Akpeyi. Ficelle.

Pourquoi il est si excitant :

Parce que, malgré plus d’un an sans jouer avec les Bafana Bafana, Bongani Zungu a régalé tout au long de la compétition. Infatigable gratteur de ballons, il a toujours essayé de relancer proprement lorsque son équipe subissait le jeu. Bon des deux pieds et impressionnant dans les phases de transition, le milieu picard prend des risques et n’hésite pas à jouer en une touche, preuve en est sa magnifique passe qui amène le but vainqueur contre l’Égypte, en huitièmes de finale. S’il a été impérial dans les airs, bien aidé par son mètre 84, il se permet même quelques friandises, à l’image de son ciseau acrobatique contre le Maroc. Avec Bongani, l’Universal Zungu Nation a de beaux jours devant elle.

Et il vient d’où ?

De Duduza, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Johannesburg. Mais c’est plus au nord, à Pretoria, que Zungu a fait ses débuts en pro. Après avoir porté les couleurs du club de l’université de la ville, il a rejoint le club phare de la capitale administrative sud-africaine, les Mamelodi Sundowns. Dans ce club où sont passés Henri Michel, Hristo Stoichov et Johan Neeskens sur le banc, Zungu s’éclate et remporte deux fois le championnat sud-africain avant de s’engager avec le Vitória Guimarães. Après le Portugal, il file à Amiens pour jouer sous les ordres de Christophe Pélissier, qui l’aligne d’emblée aux côtés de Thomas Monconduit. Bientôt de retour en Picardie après une CAN réussie, il pourrait voir débarquer Percy Tau à la Licorne. Attention au coup de tête.


Charles Andriamanitsinoro (Madagascar)

L’action qui nous a fait fondre :

Pour le premier match de l’histoire de Madagascar dans une Coupe d’Afrique des nations, Charles Andriamanitsinoro aka Carolus n’a pas fait dans la dentelle. Lors de la première rencontre de groupe contre la Guinée, alors que les Malgaches viennent d’égaliser sur corner, le défenseur d’Arras Pascal Razakanantenaina envoie une chandelle intergalactique en profondeur. Tout le monde semble avoir perdu le ballon des yeux, sauf Carolus, parti dans le dos de la défense avant de contrôler le cuir comme il peut et d’ajuster astucieusement le portier adverse d’un petit piqué somptueux.

Pourquoi il est si excitant :

Parce que le sosie d’Eric Mouloungui, qui joue ailier gauche, est un vrai feu follet polyvalent. Bouffeur de ligne comme on les aime, il a donné le tournis à ses adversaires tout au long du tournoi grâce à une activité incessante. Doté d’un physique fluet qui lui permet de jouer les passe-partout, le numéro 2 malgache ne rechigne pas à faire les efforts, et ces derniers ne l’empêchent surtout pas de multiplier les allers-retours dans son couloir. Également très à l’aise techniquement, il a régalé à de nombreuses reprises en enchaînant les dribbles, ne se privant pas de distribuer quelques gourmandises de transversales. Lors du dernier match de poule contre le Nigeria, il s’est même transformé en artilleur, inscrivant un chanceux, mais magnifique coup franc.

Et il vient d’où ?

De Mahajanga, ville située au nord de Madagascar et réputée pour son baobab centenaire. Après des débuts remarqués au pays, Carolus traverse le continent africain pour aller s’installer en Algérie. Là-bas, il va enchaîner deux belles saisons au Widad Atheltic Tlemcen avant de s’engager avec le mythique club de l’USM Alger. Son expérience dans la capitale est une vraie réussite et l’Algérie va même devenir sa terre d’adoption puisqu’il détient la double nationalité malgache et algérienne. En cinq saisons, il dispute plus d’une centaine de matchs et participe même à la finale de la Ligue des champions africaine contre le TP Mazembe. En 2017, il décide de filer à Médine en Arabie saoudite, mais le challenge est un échec. Après à peine une saison, il quitte le club et attend cinq mois avant d’en retrouver un nouveau, toujours en Arabie saoudite, ce qui ne l’empêchera pas de jouer la CAN et de briller.

Dans cet article :
Kenny Lala appelé pour la première fois avec Madagascar
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