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Comment Gonçalo Guedes va sauver Benevento
Gonçalo Guedes ne pourra pas participer ce dimanche au match de Valence sur la pelouse de Getafe, la faute à une petite blessure. Un mal pour un bien puisque l'ailier portugais pourra alors faire tomber le masque et encourager son club de cœur, Benevento, qui selon toute logique devrait à nouveau s'incliner face à l'AC Milan. Mais que les supporters des Stregoni se rassurent : le ciel va s'éclaircir dans les jours à venir grâce à Gonçalo Guedes.
Après des mois de mensonges, il est temps de rétablir la vérité : non, Gonçalo Guedes n’est pas venu à Valence pour rejoindre la colonie Jorge Mendes déjà présente en nombre chez les Chés. Si l’ancien joueur du Benfica Lisbonne a décidé d’être prêté à Valence par le PSG, c’est uniquement pour se rapprocher de son club de cœur, le Benevento Calcio. Si 1905 kilomètres séparent les deux villes, les deux clubs sont en réalité bien plus proches qu’il n’y paraît. Il ne faut pas voir de hasard dans le fait que les Chés et les Giallorossi portent une tunique similaire composée de bandes verticales rouges et jaunes. Les jours où Valence joue à domicile – donc avec son maillot blanc –, il suffit de jeter un œil au niveau du cœur de chaque joueur pour vérifier que ces deux couleurs sont omniprésentes sur le logo du club. Cela ne s’arrête évidemment pas là. Pendant que les Italiens se font surnommer les Stregoni (Sorciers) et affichent une sorcière au milieu de leur blason, les Espagnols, eux, ont pour emblème une chauve-souris. Toujours pas convaincu ? Ajoutez à cela que Gonçalo Guedes est né à Benavente, à une cinquantaine de kilomètres de Lisbonne, et vous comprendrez que l’Amour que le Portugais porte au club italien s’écrit bien avec un grand A.
De Valence à Benevento, il n’y a qu’un pas
Mais alors pourquoi ne pas avoir choisi Benevento plutôt que Valence ? Tout simplement pour une question d’argent, le Paris Saint-Germain souhaitant que le club qui accueille Guedes paye son salaire, chose impossible à envisager pour le petit promu italien. Mais, face à la situation déplorable des Stregoni en championnat – qui n’ont toujours pas remporté le moindre point après quatorze journées –, l’ailier portugais a décidé de s’activer. Son objectif est simple : prouver en quatre mois qu’il a le niveau pour jouer au Paris Saint-Germain tout en permettant à Valence de retrouver la Ligue des champions la saison prochaine. Mission accomplie puisque Unai Emery est déjà sous le charme du Portugais qui a marché sur la Liga en trois mois et compte bien l’utiliser à la place de Di María, Lucas, Pastore ou Ben Arfa, priés de dégager l’été prochain. De son côté, Valence est toujours invaincu en Liga et dispose déjà d’une avance confortable pour assurer un top 4. C’est donc avec le sentiment du devoir accompli que Gonçalo Guedes profite des vacances de Noël pour demander un immense cadeau au Père-Nasser : accepter de le rapatrier cet hiver afin de l’envoyer en prêt à Benevento. Ce que le président du Paris Saint-Germain, touché par cet acte de bravoure, accepte avec plaisir.
Premiers points et Pascal Dupraz
C’est donc en rock star que l’ailier de 21 ans débarque à Benevento le 1er janvier, accueilli par des centaines de supporters à l’aéroport, venus pour apercevoir leur futur héros. Il faut dire que le Portugais est le dernier espoir des Stregoni qui n’ont toujours pas remporté le moindre point en Serie A après vingt journées et possèdent désormais quinze unités de retard sur le premier non-relégable Sassuolo. Titulaire pour son premier match avec sa nouvelle équipe face à la Sampdoria, Guedes régale les 13 000 supporters présents au Stadio Ciro Vigorito en inscrivant un doublé dont une énorme frappe des 25 mètres dans la lucarne d’un Emiliano Viviano médusé. Malgré les deux buts de son nouveau joyau, Benevento concède le nul en fin de match et Guedes se dit que la mission sera plus périlleuse qu’il ne le pensait. Les supporters, eux, savourent ce point. Poussé par un Guedes auteur d’un caviar pour Amato Ciciretti, le promu empoche un second point sur la pelouse de Bologne (1-1) avant d’enchaîner trois défaites au Torino et face au Napoli et à la Roma. Un coup de mou synonyme de retour à la case départ, le retard sur le 17e revenant à quinze points à treize journées de la fin. Manque de résultats oblige, le président Oreste Vigorito limoge Roberto De Zerbi afin de le remplacer par le maître des missions commando : Pascal Dupraz, qui n’a pas passé l’hiver à Toulouse.
Pull-over et maintien improbable
À Benevento, le Savoyard reproduit ce qui a fait son succès au Téfécé : des discours musclés entrecoupés de vidéos des familles des joueurs et un pull-over porte-bonheur. Une méthode qui fonctionne à la perfection puisque Benevento écrase 3-0 Crotone, un concurrent au maintien, grâce à un doublé de l’inévitable Gonçalo Guedes. La suite est du même acabit : cinq victoires dont une primordiale contre Sassuolo, deux nuls et seulement quatre défaites. Un bilan qui permet à Benevento de squatter la dix-huitième place à seulement deux points de Crotone à l’aube de la dernière journée de Serie A. Le devoir est donc simple pour les hommes de Pascal Dupraz : gagner au Chievo, tout en espérant une défaite de Crotone au Napoli.
À Naples, tout se passe comme prévu puisque les coéquipiers de Dries Mertens mènent déjà 3 à 0 après trente minutes et filent vers un troisième Scudetto après ceux remportés en 1987 et 1990. À Vérone, en revanche, rien ne va plus puisque Gonçalo Guedes est contraint de sortir sur une civière à la 25e minute, tel Cristiano Ronaldo en finale de l’Euro 2016. Abattus, les supporters des Stregoni venus en masse au stade Marcantonio-Bentegodi commencent à perdre espoir. Jusqu’à ce coup franc du gaucher Samuel Armenteros, tout juste entré en jeu, à la 80e minute, synonyme de maintien inespéré en Serie A. Genou bandé et boitillant, Guedes court en direction de Pascal Dupraz pour le serrer dans ses bras. Cette image touche un artiste de la région, qui décide d’en faire une statue qui se trouvera à l’entrée du stade. Benevento sauvé, Guedes peut repartir à Paris. Là-bas, la musique de la Ligue des champions et un entraîneur en costume l’attendent de pied ferme.
Par Steven Oliveira