- Marché des transferts
Comment éviter le fair-play financier ?
En se faisant prêter Serge Aurier par le Téfécé, le PSG aurait trouvé la parade pour contourner un fair-play financier qui s'installe confortablement dans le football actuel. Bien vu. Sauf qu'il y a d'autres solutions pour manquer de fair-play. Mais pas d'inventivité.
En déclarant son club au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO
Quand on avance pour certains une existence vieille de plus d’un siècle, que l’on déplace des dizaines de milliers de personnes chaque semaine à un endroit précis pour célébrer tous ensemble un événement et que l’on fait partie – en quelque sorte – de la culture locale voire nationale, pourquoi ne pas figurer au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ? Après tout, en 2011, « l’équitation de tradition française » a emboîté le pas du « compagnonnage » , de la « fauconnerie » , du « repas gastronomique » et du « savoir-faire de la dentelle de point d’Alençon » , entrés en 2010 au Patrimoine. Soit. Mais comment dépenser sans se faire griller, du coup ? L’un des critères d’éligibilité au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO est le suivant : « Des mesures de sauvegarde qui pourraient permettre de protéger et de promouvoir l’élément sont élaborées. » De fait, pour maintenir son club compétitif, il faut bien évidemment renouveler ses effectifs et ça passe par des recrutements sans doute faramineux. Une bonne solution pour Nasser Al-Khelaifi, qui cherche à installer une « marque » Paris en s’appuyant sur des images qui font la renommée internationale de la Ville Lumière.
En reconnaissant le football d’utilité publique
Pour devenir une association reconnue d’utilité publique, c’est très simple : un but d’intérêt général (le football), un rayonnement qui dépasse le cadre local (la réputation du club), un nombre minimum de 200 adhérents (les supporters) ainsi qu’une solidité financière tangible (un mécène-argentier). Pour ce dernier critère, une association reconnue d’utilité publique reçoit donations et autres legs pour se maintenir à flot. Une pratique souvent exonérée d’impôts, sans véritable limite, et qui permet en outre de se donner bonne conscience. Il n’est donc pas impossible qu’un jour, certains clubs français se muent en associations loi 1901. Et si certains doutent encore de cette possibilité, n’oubliez pas que le statut officiel de la FIFA (et de son milliard de dollars en banque en cas de pépin) est « association à but non lucratif » .
En nommant Michel Platini Premier ministre
Certes, le fair-play financier au sein de la FIFA ne vient pas uniquement du bon Michel. Mais si vous décapitez le projet, pas sûr qu’il lui repousse deux têtes derrière. Or, Platini, tombé en amour pour l’organisme mondial du football, n’est pas prêt de lâcher son poste à Zurich. Un poste de ministre des Sports lors d’un prochain remaniement ministériel orchestré en urgence et en sous-marin par les oligarques du foot moderne ? Très peu pour Michel. Lui et Najat ne sont pas faits du même bois. En revanche, peut-être l’ancien meneur de jeu de la Juve se verrait-il à Matignon (avec Boniek à l’Intérieur). Sauf que Manuel Valls n’est pas d’accord pour lâcher son poste. Du coup, Sepp Blatter intervient personnellement et offre au futur ex-Premier ministre la présidence du PSG, délocalisé à Évry pour l’occasion, ainsi que des actions au sein du Barça, n’oubliant pas les racines catalanes du bonhomme. De toute façon, la Coupe du monde au Qatar, c’est foutu depuis longtemps et l’Helvète le sait. Sepp, un homme de compromis.
En délocalisant les clubs
Pour échapper aux règles de la FIFA, pourquoi ne pas sortir de la FIFA littéralement ? Elles sont peu, c’est vrai, mais certaines fédérations, éparpillées aux quatre coins du monde, ne sont toujours pas affiliées à l’organisme du football mondial. Façon franchise de NBA, les présidents de clubs pourraient être prêts à délocaliser leur club dans l’une d’entre elles. Les clubs britanniques pourraient envisager de déménager sur l’île de Man, voire à Gibraltar ou Jersey. Les équipes italiennes, elles, demanderont l’asile au pape François. Les plus téméraires pousseront jusqu’à Kiribati ou Tuvalu. En revanche, l’AS Monaco reste à la maison puisque la Fédération monégasque de football n’est toujours pas reconnue par la FIFA. Quant au Barça, les Blaugrana pourraient décider de se placer sous l’égide de la Fédération de Catalogne de football. Du coup, tous les clubs souhaitant échapper au fair-play financier se réuniraient pour former leur propre ligue de football, pour le plus grand bonheur de tous les fans de PES. Avouez qu’un derby Manchester United-Manchester City à l’Amaan Stadium de Zanzibar, ça aurait quand même de la gueule, non ?
Par Matthieu Rostac