Comment devient-on un expert en CSC ?

Mercredi 1^er février 2017, seizième de finale de Coupe de France entre Angers et Caen. On joue la 35^e minute lorsque le Caennais Hervé Bazile distille un magnifique centre que le capitaine angevin, Romain Thomas, bien placé au premier poteau, reprend d’une jolie reprise de volée du gauche pour offrir l’égalisation au Stade Malherbe de Caen. Il pourrait s’agir d’un coup du sort si les Angevins n’étaient pas des habitués de ce genre de gestes. Car oui, ce match de Coupe de France était le quatrième de suite durant lequel un joueur du SCO a inscrit un but contre son camp. Une statistique assez rare pour être soulignée et qui permet de placer le club angevin parmi les experts du CSC.

« C’est tout un art »

Un statut que le SCO partage avec d’autres joueurs adeptes des buts dans leur propre camp. Parmi eux, Xavier Méride. L’ancien défenseur lensois reste l’un des meilleurs en la matière, avec pas moins de trois buts contre son camp en Ligue 1 lors de la saison 1998-1999, performance que seul le Rémois Anthony Weber a réussi à réaliser depuis. Actuellement coach au Sporting Club de Douai en PH, Xavier Méride explique comment on devient un maître en la matière : « C’est tout un art (rires). On ne fait surtout pas exprès. Ce qui peut paraître paradoxal, c’est que c’est l’envie de sortir le ballon qui fait qu’on marque contre son camp. Par pression, manque de sérénité ou mauvaise prise d’informations, on fait le mauvais geste. » Mais attention, le mauvais geste ne suffit pas toujours à réussir à marquer dans ses cages, car le gardien veille au grain et peut toujours récupérer votre frappe : « Au moment où l’on touche le ballon, on sent qu’on a fait le mauvais geste, mais on ne se dit pas tout de suite que le ballon va rentrer dans notre camp, on espère encore que notre gardien nous sauve. Mais une fois qu’on voit le ballon au fond des filets, on s’en rend compte et on se sent coupable pour l’équipe, enfin sauf s’il y a déjà 3-0 pour nous, là on n’y pense pas trop. »

3-0, c’est justement le score du RC Lens lorsque Franck Queudrue inscrit le plus beau CSC de l’histoire de la Ligue 1 sur la pelouse du SC Bastia. Dans une interview accordée à So Foot, l’ancien défenseur de Middlesbrough était revenu sur son geste et confirme les propos de Xavier Méride : « Je suis tourné de trois quarts et je veux dégager le ballon très fort de l’extérieur pour qu’il parte à l’opposé. Sauf que je la prends très mal, et le ballon part vers nos cages. Honnêtement, on a plutôt rigolé. Bon, on relançait un peu Bastia dans le match alors qu’il était plié. Mais comme le score est resté à 3-1, ce but n’a eu aucune incidence. » Finalement, le plus dur après un CSC reste de réussir à passer outre, comme le confirme Xavier Méride : « Il faut une force de caractère pour réussir à passer au-dessus. On essaye de ne plus y penser, car sinon on ne sera pas totalement concentré sur le match et on fera une autre connerie. Après, c’est sûr que si exactement la même situation se présente à nous, on va y penser pour éviter de refaire la même erreur. »

La clé ? Être bien placé

Si certains attaquants ont déjà réussi l’exploit de mettre un CSC – dont Cristiano Ronaldo, Zlatan Ibrahimović ou encore Edinson Cavani – ce geste reste attaché aux joueurs défensifs. Et aux bons défenseurs. Car, si le but contre son camp reste une erreur défensive, elle signifie aussi que le joueur était bien placé à la base puisqu’il est sur la trajectoire du ballon. Une théorie que partage Xavier Méride : « On peut le voir comme ça en effet, ça signifie qu’on est au bon endroit au bon moment, mais on fait quand même le mauvais geste, car si on fait le bon, on dégage en touche ou en corner. » Alors que les joueurs du SCO se rassurent, le fait qu’ils mettent autant de CSC prouve que ce sont de bons défenseurs. Attention à faire le geste juste la prochaine fois.