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Comment cuisiner un bon maillot third ?
Tiens tiens : revoilà la Ligue des champions qui repointe son nez. Et comme la fashion week-end à chaque saison, elle entraîne dans son sillage son lot d'excentricité textile. La faute à des clubs qui cherchent à exister sur le plan marketing plus qu'esthétique. Mais d’ailleurs quels sont les ingrédients pour réaliser un bon maillot third ?
Étape 1 : se qualifier en Coupe d’Europe
Cela peut paraître idiot à dire, mais la principale motivation d’ajouter un troisième maillot à sa collection est et doit rester celle de le porter en Coupe d’Europe. Car quel est intérêt de se déguiser si c’est pour parader uniquement sur le terrain de la lanterne rouge au mois de novembre ? C’est pourtant le pari qu’ont tenté cette année quelques équipes comme Everton, qui a tenté une liquette couleur vert d’eau, dans laquelle ils pourraient bien un jour se noyer. Si celle-ci est loin d’être inesthétique, elle devrait rester au placard pendant une bonne partie de la saison. À moins que l’élégant Don Carlo ne veuille le garder dans un coin pour la saison prochaine ?
Étape 2 : assumer que cette démarche est commerciale
Les clubs de foot ne peuvent s’en cacher, alors autant ne pas faire semblant : la majorité des troisièmes kits ont pour but de booster les ventes de maillots et de créer un phénomène de curiosité chez les fans. Et ce n’est pas le PSG qui dira le contraire : lors de la saison 2018-2019, le club de la capitale avait lancé sa première collaboration avec Jordan. Jackpot, ceux-ci ont représenté plus de 70% des maillots vendus par le club, à 90 euros pièce, on estime que c’est plus d’un million d’exemplaires qui ont été vendus. Autre point à prendre en compte : ces maillots sont en général présentés à la rentrée de septembre, presque trois mois après les « home » et « away », ce qui laisse le temps aux fans les plus acharnés/aisés de s’offrir au moins deux jeux de maillots.
Étape 3 : respecter les valeurs et l’histoire du club
Chaque club a une histoire, plus ou moins belle, mais une histoire quand même. Alors autant la respecter ou, encore mieux, la rappeler. L’Inter le sait, et l’affirme cette saison encore avec un troisième maillot rappelant les bons souvenirs des années 1990. Les rayures horizontales noires et grises rappelleront de magnifiques soirs de matchs aux supporters nerazzurri, notamment la victoire en coupe de l’UEFA en 1998 face à la Lazio, au Parc des Princes, avec un but d’un certain Ronaldo. À l’inverse, certains équipementiers ont offert à plusieurs clubs le même troisième maillot, alors qu’ils pourraient se croiser plus tard dans la saison. Par exemple, Grenade et l’AZ Alkmaar, tous deux en Ligue Europa, devraient négocier entre eux pour savoir lequel des deux aura le droit de se déguiser en Sully de Monstres et cie dans une manifestation de gilets jaunes.
Nike a fait fort. 3e maillot cette saison de :- Bourg-en-Bresse – AZ Alkmaar- Granada CF – KRC Genk pic.twitter.com/ajXtGr8mw9
— Vice (@ViceIsFootball) August 28, 2020
Étape 4 : l’originalité oui, mais dans la limite du bon goût
Ne soyons pas bornés : l’originalité fait aussi du bien, car elle amène un peu de fraîcheur. Et récemment, certains clubs se sont permis de faire un clin œil à une spécificité de leur ville, de leur pays ou de leur effectif. Wolverhampton a par exemple choisi cette année de rendre hommage aux nombreux Portugais évoluant au Molineux Stadium (ils sont onze, en plus du coach Nuno Espírito Santo), par l’intermédiaire d’un troisième maillot aux couleurs de la Selecção. Mais attention cependant à ne pas dépasser la limite du bon goût. Pas vrai, Manchester United ? À moins qu’il n’y ait un zèbre dans sa ménagerie qu’on n’avait pas vu.
The players will wear the third jersey tomorrow against Paris St. Germain. @ManUtd @PSG_inside @ChampionsLeague #UCL #manutd pic.twitter.com/LssTP1Hqpv
— United We Stand ?? (@UWS_KOL) October 19, 2020
Étape 5 : bannir le fluo
Il faut que cela cesse ! Après une bonne décennie à s’abîmer les rétines lors des matchs de Lyon, Marseille, du Barça ou de toutes les autres formations à avoir adopté le fluo, il est grand temps de passer à autre chose. Pensez donc à dire à la Juve de se mettre à jour : les équipementiers font des choses bien plus coquettes de nos jours sans avoir l’air d’un dépanneur de la DDE couvert de cambouis.
Étape 6 : laisser voix au chapitre aux supporters
On ne va pas se le cacher, surtout en ce moment, les supporters occupent une place immense dans les clubs de foot. Ainsi, un troisième maillot qui n’est pas du tout à leur goût pourrait causer des tensions entre un club et ses fans. D’ailleurs, la grogne a déjà conduit au boycott, comme lorsque les Girondins avaient boudé un troisième kit rose et leur faisant « un peu honte ». L’Eintracht Francfort a, lui, géré l’histoire en toute intelligence en consultant son public lors de la saison 2019-2020. Et ceux-là avaient choisi un maillot jaune, plutôt honorable.
Étape 7 : faire un beau parcours européen pour que ce maillot reste dans les mémoires
Une élimination dès la phase de poules avec son tout nouveau maillot rose fluo, ça fait tache. Pour honorer un beau maillot thirdspécial Coupe d’Europe, un beau parcours européen s’impose donc. Comme la saison dernière où le PSG a porté avec panache son maillot blanc rétro, comme dans les années 1980, lors d’une campagne qui l’a amené jusqu’en finale. Les joueurs savent ce qu’il leur reste à faire : mouiller le troisième maillot.
Par Massimiliano Paseri, avec Mathieu Rollinger