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Comment Cristiano va gagner d’autres Ballons d’or grâce à la musculation
C'est évident, si Cristiano Ronaldo est aussi bon footballeur, c'est grâce à la musculation. Travaillé et sculpté de haut en bas, le corps de CR7 est une arme de guerre qu'il peut encore bonifier. Analyse en marcel pour que Cricri devienne encore plus balèze, et remporte encore plus de Ballons d'or.
La menace du carton jaune en cas de maillot retiré après un but l’a un peu calmé, mais Cricri reste un arracheur de T-shirt frénétique. Après les matchs, à l’entraînement, dans des publicités, en vacances, sur les réseaux sociaux, chaque fois qu’il le peut, le Portugais fait tomber la chemise. Un réflexe pavlovien de rat de salle de muscu, qui prouve que le plus célèbre et le plus riche des sportifs européens reste l’égal du plus banal des abonnés de Club Med Gym face à l’envie de montrer son beach body. Et s’il n’y a pas de fumée sans feu, il n’y a pas non plus d’abdos sans sueur. Et ça, Cristiano Ronaldo sait faire. Beaucoup, et en aimant avoir des résultats qui sautent aux yeux. Mais s’il affiche un solide 1m85 sous la toise et 83 kilos sur la balance, Ronaldo n’est pas pour autant massif physiquement.
Ronaldo n’a pas le physique d’un expert-comptable, certes. Mais en boîte, il a plutôt le gabarit de ceux qui font la queue que celui de ceux qui gardent la porte d’entrée. Des bras dessinés, mais minces, des jambes sèches et fuselées, des pectoraux peu développés, et des épaules loin des standards des armoires qui se butent au développé-couché. Mais pour les néophytes, peu importe, les biscottos de CR7 détonnent tellement dans le monde du football qu’il en devient un Golgoth. Le même raisonnement qui faisait de Rafael Nadal un body-builder sous prétexte qu’il avait un bras gauche un peu développé, alors qu’il a en réalité un corps plutôt quelconque. Cependant, impossible de nier le fait que la muscu a grandement aidé Ronaldo à devenir Ronaldo, et qu’elle pourrait même être son salut s’il veut rester si fort.
Un gringalet
Voir Cristiano Ronaldo torse nu inspire généralement deux réactions : l’envie ou l’agacement. Les partisans de la réponse B expliquent la plupart du temps que c’est de la frime, et qu’un footballeur n’a pas besoin d’être musclé à ce point pour être performant. Très rapidement, le « il fait de la gonflette » est lancé sur la table, toujours de façon péremptoire. La « gonflette » , ce terme inventé par les partisans du moindre effort pour parler des accros aux haltères, et le plus souvent utilisé par des gens n’ayant jamais mis le pied dans une salle de sport. Mais si, au fil des années, Cristiano est devenu quasiment invincible, impossible de ne pas voir de corrélation avec sa prise de masse musculaire. Car il ne faut pas oublier qu’à la base, le quadruple Ballon d’or est un gringalet, un ecto-mésomorphe devenu sculptural à force de séances intensives.
Longtemps mal vue et entrée tardivement dans les programmes d’entraînement des footballeurs, la musculation est habituellement utilisée pour gagner un peu de puissance, devenir plus résistant, et mieux prévenir les blessures. Ronaldo en a fait un outil de progression à part entière, et il n’y a qu’à jeter un œil à son programme pour voir quel type de résultats il recherche. La plupart des exercices au menu sont basiques, mais exécutés en circuit training à haute intensité avec peu de temps de repos. Des tractions, des pompes, du soulevé de terre jambes tendues, des fentes, des développés aux haltères, de la pilométrie, et beaucoup de cardio. Bref, pas du tout le cocktail pour une prise de masse, mais plutôt pour développer résistance et endurance, en habituant son corps aux passages secs du repos à l’action violente qu’il retrouve sur les terrains.
Pack de six
Alors pourquoi un tel résultat esthétique à l’arrivée ? Car Ronaldo s’aime beaucoup, et qu’il y accorde une importance un peu folle. Et c’est là qu’il dépasse le simple cadre de la performance sportive, et donc qu’il devient agaçant pour beaucoup. Le moyen le plus simple de s’en rendre compte est de jeter un œil à ses abdos. Alors oui, la sangle abdominale est importante chez les sportifs, et celle de CR7 explique pourquoi il est si fort de la tête et évite les pubalgies. Mais Ronaldo ferait une véritable fixette dessus, au point d’y consacrer une heure par jour, et il y a quelques années, Marca affirmait qu’il s’envoyait 3000 répétitions quotidiennes. Un chiffre assez peu crédible, qui ne correspond pas à la science de l’entraînement de Ronaldo. Car en muscu, le trop est l’ennemi du bien, et le sur-entraînement un frein à la croissance musculaire.
Professionnel et perfectionniste, l’homme du Real est accompagné par un coach même pour sa nutrition, et les quinze conseils fitness qu’il avait donnés sur son propre site internet prouvent que le Portugais connaît son métier. Quinze piliers qui ont fait de lui un athlète hors du commun doublé d’une machine à se mettre en slip logiquement devenue égérie Armani, et dont le taux de masse graisseuse constamment aux alentours des 10% est bien plus impressionnant que sa masse musculaire pure. « Il prend parfaitement soin de son corps. Il ne plaisante pas avec son alimentation et ne manque pas un temps de récupération » , résumait le préparateur physique de la sélection portugaise.
Mr. Ronaldolympia
À trente et un ans, Ronaldo n’est plus tout jeune. Combien de temps pourra-t-il tenir ce rythme et continuer à se faire photographier en sous-vêtements comme un éphèbe ? S’il veut continuer à gagner des titres et des Ballons d’or, pourquoi ne pas envisager une autre approche ? Courir très vite, sauter très haut, il faudra bientôt oublier. Pour ne plus s’encombrer avec des rushs de 50 mètres, la frappe de mule qui part de très loin fonctionne toujours. Pour ça, Cricri ferait mieux de se bâtir des gros cuissots en squattant lourd plutôt que de faire des fentes sur des ballons d’équilibre. Sur les corners, dégager le défenseur d’un bon coup d’épaule est plus pratique que de décoller de 75cm pour lui passer au-dessus, alors Ronaldo peut oublier les pompes claquées pour se lancer dans le bon vieux développé-couché qui tache.
Avec une reconversion toute trouvée dans le body-building. De passage à Barcelone en septembre dernier pour l’Arnold Classic Europe, compétition majeure créée par Schwarzenegger himself, l’ancien gouverneur de Californie s’était fendu de ce commentaire sur Ronaldo : « Il a un physique fantastique, il a de très bons abdos. Il semble impressionnant et être en excellente forme, donc c’est normal qu’il soit un bon footballeur. » L’Arnold Classic avait couronné Dexter Jacskon, bodybuilder à la longévité jamais vue qui a remporté Mr. Olympia, la plus grosse compétition au monde, à trente-huit ans. Soit à peu près l’âge auquel Ronaldo risque de prendre sa retraite footballistique. Et puis, s’il finit au trou à cause des Football Leaks, Ronaldo aura tout le loisir de commencer sa préparation en pompant dans sa cellule.
Par Alexandre Doskov, depuis la salle