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Comment Claude Puel peut-il rebondir ?
On pensait qu'il avait fait une bonne première saison en Angleterre. Malgré tout, Claude Puel a été prié de faire ses valises et de quitter Southampton. À 55 ans, le technicien français garde une belle réputation et l'envie de rebondir. Reste à savoir où, alors que la valse des entraîneurs est quasiment bouclée.
« Aujourd’hui, il y a peu de bancs disponibles, on verra. Mes priorités ? Je ne sais pas. J’ai besoin d’un coup de cœur, de me sentir bien et apprécié. » Il y a moins d’un an, quand il a accepté de s’engager avec Southampton, Claude Puel devait s’imaginer durer un peu plus longtemps dans le sud de l’Angleterre. Ou tout du moins ne pas voir sa tête tomber malgré une honorable huitième place en Premier League et une finale de League Cup, la première depuis 2003 pour les Saints. Mais, comme souvent, l’avenir de Claude Puel a été influencé par des courants dépassant nettement le simple cadre sportif. Devant lui, désormais, peu de possibilités à court terme en raison du timing de son éviction, mais peut-être un beau rebond dans quelques mois car la cote du technicien français de 55 ans reste importante. Tour d’horizon.
Plus de place en Ligue 1
Son nom a été évoqué à Saint-Étienne et Nantes. Deux projets potentiellement à la mesure de son pedigree. Mais dans les deux cas, Puel était encore officiellement l’entraîneur de Southampton et n’a donc pas approfondi les contacts. Par principe ou par nécessité de négocier serré sa sortie d’Angleterre ? Le technicien risque de ne jamais s’épancher sur le sujet. Toujours est-il que le mois de juin touchant à sa fin et les clubs reprenant progressivement le chemin de l’entraînement, plus aucun banc n’est disponible en Ligue 1. Pour Puel, un retour dans l’élite française avant l’été 2018 passera donc par le limogeage d’un confrère et la prise en charge d’un rôle de pompier. Pas forcément le style maison, l’ancien coach niçois préférant bâtir que faire des coups. Une perspective encore plus improbable quand on considère que dans les plus grosses écuries du championnat, seul Lyon avec un Bruno Génésio contesté semble en mesure de se séparer de son entraîneur en cas de retard à l’allumage. Or, entre Puel et l’OL, impossible d’imaginer une reprise de la collaboration précédemment achevée devant le Conseil des Prud’hommes. Reste alors les options Ligue 2. Là encore, au vu de la cote quasiment intacte de Puel, seul un club comme le RC Lens dispose du profil en adéquation : ferveur populaire, centre de formation performant et infrastructures de niveau Ligue 1. Mais en dépit de l’échec dans la course à la montée, Alain Casanova garde une position solide et devrait – sauf catastrophe – tenir jusqu’à juin prochain. À moins que la solution ne vienne du National, avec un Paris FC dont les actionnaires décideraient enfin de mettre les très gros moyens pour emmener leur club dans l’élite. Assouvir le fantasme d’un second grand club à Paris, cela peut motiver Claude Puel, mais cela reste à ce jour un petit fantasme plutôt qu’une hypothèse sérieuse.
Et si c’était la DTN ?
À défaut de trouver un club professionnel, Claude Puel pourrait décemment postuler pour intégrer la direction technique nationale. Fin mai, on annonçait Hubert Fournier quasiment installé. Sauf que l’officialisation se fait attendre depuis, et Claude Puel, enfin libre, s’avère avoir un profil idoine : passionné, avec des idées arrêtées sur la formation, excellent avec les jeunes joueurs, doté d’une vision moderne et crédible. Des idées qu’il développait dans nos colonnes au mois d’avril et qui pourraient apporter un vent de fraîcheur dans les instances de la FFF. La question du salaire, moindre que dans le circuit pro, ne devrait pas être un problème pour un technicien qui privilégie le « coup de cœur » et a toujours semblé donner la priorité aux projets plutôt qu’aux bonnes affaires financières. Grand écueil cependant, Claude Puel n’a jamais brillé dans les clubs où il est passé par un sens politique aiguisé et une capacité à gérer au mieux tous les à-côté. Or, à la Fédération plus qu’ailleurs, la compétence n’est rien sans une grande capacité à se faire des alliés et des soutiens. Claude Puel n’en garde pas moins un profil qu’il serait très intéressant de voir à l’œuvre dans ce poste si stratégique à l’échelle nationale.
Une nouvelle aventure à l’étranger ?
Claude Puel ne s’en est jamais caché : la vie au Royaume-Uni lui convenait parfaitement. Autant dire qu’une bonne offre venue de Premier League, voire d’un des deux gros clubs écossais, pourrait le séduire. À l’heure actuelle, seul le banc de Crystal Palace reste vacant depuis la retraite de Sam Allardyce. Mais les Eagles n’auraient pas coché le nom de l’ex-chaperon des Saints parmi leurs priorités, Sean Dyche, le Mourinho roux de Burnley, faisant figure de favori. Difficile donc de voir Puel replonger de sitôt, sauf improbable effet domino. Idem en Espagne, le pays a priori le mieux adapté à la philosophie de jeu de Puel, où aucun club à sa mesure ne semble avoir besoin d’un nouveau technicien. Quant à imaginer un choix de carrière exotique, mais lucratif comme la Chine, cela paraît plus qu’improbable. Reste l’option d’une sélection nationale, non encore expérimentée par Puel, ou alors une année sabbatique. Pour mieux rebondir dans un an.
Par Nicolas Jucha