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Comment bien choisir ses adversaires pour un match de préparation ?
Après sa victoire facile face à la Norvège (4-0), la France affronte le Paraguay dimanche pour son deuxième match de préparation à la Coupe du monde. Mais au fait, sur quels critères sont retenus les sparring-partners des Bleus ? Entre géographie et qualité de l'opposition, début d'explication.
Dimanche, face au Paraguay, l’équipe de France tentera de confirmer les attentes placées en elle à la suite de sa la victoire face à la Norvège (4-0) mardi soir. Si la rencontre face aux Scandinaves a surtout permis de renforcer le début de réconciliation entre les Bleus et leurs supporters, elle a aussi rassuré sur le niveau des troupes de Didier Deschamps. Pourtant, en face, les Français avaient affaire à une équipe nettement inférieure à celles qu’ils devront affronter lors du Mondial. Modestes 55es au classement FIFA, les coéquipiers de Brede Hangeland paraissaient bien loin du niveau de jeu de la Suisse, de l’Équateur ou même du Honduras. Au même titre que le Paraguay ou la Jamaïque, les deux prochains adversaires de l’équipe de France. Seul point commun éventuel, l’emplacement géographique. Deschamps et son staff semblent s’être calqués sur les adversaires qu’ils auront à affronter lors du Mondial. La Jamaïque et son jeu aux allures de kick and rush façon Stoke City n’a rien de commun avec le jeu court et technique du Honduras. Ancien habitué des Coupes du monde, le Paraguay traverse quant à lui une passe creuse de son histoire. Le temps où Chilavert désertait ses cages pour planter des coups francs semble révolu, puisque les partenaires de Roque Santa Cruz ont terminé à la dernière place du groupe des éliminatoires de la zone CONMEBOL. Dès lors, on peut s’interroger sur l’intérêt pour l’équipe de France de disputer ces rencontres de préparation face à des sélections dont le niveau de jeu n’apparaît pas vraiment révélateur. Un doute partagé par Alain Giresse, actuel sélectionneur du Sénégal. « Il faut rester mesuré par rapport à ces matchs amicaux et les adversaires rencontrés, qui ressemblent soi-disant à ceux que l’on affronte au Mondial. Ils ne reflètent pas forcément la compétition. »
Créer des automatismes avant tout
Alors comment choisir ses adversaires pour préparer au mieux un Mondial ? « Concernant le choix des adversaires, il y a deux écoles, ou vous jouez des adversaires à votre portée pour entretenir la confiance, ou vous affrontez des équipes d’un niveau semblable au vôtre, mais c’est plus compliqué. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement aucune grosse opposition en match de préparation. » Pour l’ancien milieu de terrain de l’équipe de France, l’enjeu serait tout autre. Le principal serait avant tout de créer des automatismes entre des joueurs qui n’évoluent que très rarement ensemble tout au long de la saison. « Il ne faut pas donner plus d’importance à ces matchs de préparation qu’ils n’en ont déjà. Ils servent essentiellement à huiler le collectif, et trouver des relations dans le jeu. Quand vous avez une équipe plus limitée en face de vous, il faut réussir à montrer l’écart de niveau entre les deux formations, ce que l’équipe de France a très bien fait face à la Norvège. » Ce qui est certain, c’est que plusieurs critères entrent en compte lorsqu’il s’agit de planifier ses matchs de préparation. « Les matchs de préparation ne sont pas les mêmes en fonction des équipes, ils n’ont pas la même signification selon le contexte. En 1982, on peut considérer que les matchs de préparation pouvaient servir à l’entraîneur pour constituer son équipe et aux joueurs pour trouver des automatismes. En 1986, on était champions d’Europe, l’équipe avait une grosse ossature depuis l’Euro. Le groupe avait fait toutes les qualifications ensemble. Cela a joué pour un ou deux joueurs, surtout aux postes offensifs. On a commencé le Mondial avec Papin et on a terminé avec Stopyra. C’était une équipe déjà installée, bien en place. »
« Il n’y a pas de vérités »
Si pour le sélectionneur, ces matchs lui permettent donc de tester son onze souvent déjà établi et d’engranger un capital confiance important, ils sont aussi l’opportunité pour les joueurs encore en ballottage de se mettre en valeur à quelques jours du Mondial. Il n’est en effet pas rare que l’entraîneur s’appuie sur ces rencontres pour modifier ses plans tactiques initiaux, comme le rappelle le vainqueur de l’Euro 1984. « En 82, on a démarré dans une composition, mais on a terminé avec une autre composition totalement inédite. Après, en 1986, on était sur la lancée du championnat d’Europe. La base de l’équipe était faite. En 1998, l’équipe a aussi été modifiée en cours de route. » Pour autant, difficile de chambouler la hiérarchie lorsque celle-ci est établie, comme l’explique Dominique Bathenay, présent dans le groupe tricolore au Mondial 1978. « Les remplaçants n’ont pas forcément l’occasion de devenir titulaires indiscutables. L’entraîneur a évidemment son équipe en tête, au moins à 80 ou 90%. Quand on est remplaçant, c’est important de pouvoir jouer pour montrer au sélectionneur qu’il peut nous faire confiance, et mettre une pression amicale sur les titulaires. » Et ce n’est pas Lucas Digne ou Olivier Giroud qui viendront contredire l’ancien Stéphanois, qui rajoute : « Qu’on soit titulaire incontestable ou remplaçant, cela dépend de son statut. Contre la Norvège, on a vu que cela a permis à des joueurs de se montrer. Les titulaires jouent peut-être avec un peu moins de motivation, mais on ne joue pas en pensant à la blessure, car c’est le meilleur moyen de se blesser. »
L’important serait aussi de savoir s’il existe une corrélation entre les résultats des matchs de préparation et ceux du Mondial. Sur ce point, Dominique Bathenay précise : « Il n’y a pas de vérité. On peut faire de très bons matchs amicaux et se louper en compétition. Mais l’inverse est vrai aussi, la compétition peut transcender certains joueurs. » En effet, les prestations moyennes des joueurs d’Aimé Jacquet lors de la préparation au Mondial 1998 n’avaient pas empêché les Bleus de devenir champion du monde.
Par Victor van den Woldenberg et Paul Piquard