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Comment Benzema, Griezmann et Mbappé subliment le poste de buteur défensif
S’ils ont laissé à Mats Hummels le loisir de faire trembler les filets à leur place, Karim Benzema, Antoine Griezmann et Kylian Mbappé ont prouvé qu’en plus d’être de redoutables attaquants, ils pouvaient aussi former à eux trois un premier rideau redouté. Et puisque cela ferait désormais partie du job, les lauriers à en tirer ne seront pas statistiques, mais à considérer comme un succès d’estime.
Il paraît que Didier Deschamps a le don de faire naître des vocations. Sinon comment expliquer ce sprint effectué par Mbappé, attaquant de son état, en direction de son propre camp pour arracher des griffes allemandes un ballon qu’il avait lui-même perdu ? Bien des coachs du PSG, d’Emery à Pochettino, s’y sont cassé les dents au moment d’espérer cette implication du Wonderkid. Mais pas DD. La masterclasscollective signée mardi face à l’Allemagne a permis de mettre en lumière les bonnes dispositions du soliste de Bondy. « Si je n’ai pas envie de courir, autant ne pas jouer, clarifiait KM10 en amont de la compétition. Bien sûr que je vais tout donner pour aider mon équipe offensivement et défensivement. Le coach a un plan précis pour tous les trois(Benzema, Griezmann et lui-même, NDLR): aider l’équipe au pressing ou au placement, mais aussi garder de l’énergie pour attaquer. Les attaquants sont là pour être au bout de la chaîne. »
Un discours qu’aurait pu tenir Karim Benzema, toujours intercalé dans l’axe pour couper les transmissions, tout comme Antoine Griezmann, au vu de ses tacles près de la ligne de touche ou de son replacement en fin de match sur le poste d’arrière droit pour contenir Robin Gosens et libérer Pogba, bien trop précieux dans ses sorties de balle. Ce trio offensif est peut-être le meilleur de l’Euro devant un but, mais il a voulu montrer en premier lieu qu’il était surtout au service d’un collectif. Ses consignes appliquées à la lettre, Didier Deschamps peut déjà considérer cela comme un adoubement de son management. « Ils auraient pu marquer des buts, mais ils ont été annulés. En revanche, ils nous ont permis de défendre, pesait le sélectionneur. On ne va pas gagner en défendant, mais les Allemands nous ont imposé un tel combat, une telle densité… Les trois, je ne les dissocie pas des sept autres derrière. Ils se sont mis au service du collectif. »
La meilleure défense, c’est l’attaque
Pour son retour dans un grand tournoi international, Karim Benzema aurait bien évidemment adoré pouvoir boucler la boucle en marquant face à Neuer, l’homme qui lui avait opposé un bras articulé sur sa reprise de la tête en quarts de finale du Mondial 2014. Le dernier de ce genre que le Brondillant avait eu à disputer avec les Bleus avant mardi. Mais personne ne pourra lui reprocher quoi que ce soit s’il multiplie les efforts comme à Munich. Certainement pas Paul Pogba. « C’est comme si Karim n’avait jamais quitté l’équipe de France, entamait l’homme du match avant d’élargir son propos à ses compères. On sait l’équipe qu’on a, mais aussi le travail défensif que ceux de devant font. On n’a pas l’habitude de les voir aussi bas et courir autant, mais il faut que ça continue comme ça. » Un cran plus bas, Raphaël Varane approuve : « Les voir faire ces efforts, ça nous donne de la force. » Celle-ci n’a pas échappé à la première victime des Bleus dans ce tournoi, Joachim Löw, reconnaissant deux choses : « la France ne permet pas beaucoup d’occasions » et « on ne peut pas faire disparaître totalement Mbappé et Griezmann ».
Ça tombe bien, c’est exactement le plan de son homologue français, qui exhorte ses offensifs à s’imbriquer dans le bloc justement pour mieux lancer les futurs mouvements. Pour ça, Deschamps a sa maxime : « Défendre quand on doit défendre, mais aussi pour mieux attaquer. » Et mardi, l’addition de la Mannschaft aurait pu être plus lourde, prise à défaut à chaque fois sur des contres ou des transitions cinglantes. Reste à savoir si les doublures, si elles ont la chance d’entrer avant la 85e minute, sauront se mettre au diapason des titulaires. Parce que le trident a déjà mis la barre très haut. « Le premier quart d’heure de la seconde mi-temps a été un peu moins bien, parce qu’entre autres, j’ai trouvé que Mbappé et Griezmann défendaient trop bas, avance paradoxalement notre consultant et coach de Lorient, Christophe Pélissier. Mais si j’avais la chance d’être l’entraîneur de ces trois attaquants, le lendemain ce serait séance vidéo pour montrer à tout le groupe ce qu’ils ont fait sur le plan défensif.[…]Quand on a des joueurs d’un tel talent qui acceptent de se mettre au service de l’équipe pour faire de telles courses défensives, on se dit qu’il ne peut pas nous arriver grand-chose. » Et à voir Antoine Griezmann porter les bidons d’eau aux remplaçants qui disputaient eux une mini-opposition au centre d’entraînement du Bayern le lendemain du match, on peut se dire que l’altruisme, en équipe de France, est bien plus qu’une vocation. C’est un sacerdoce.
Profitez de votre 1er pari sportif remboursé de 150€ chez Betway en cliquant ICI pour parier sur l’Euro !Par Mathieu Rollinger, à Munich