- Ligue des champions – 8e de finale aller – Arsenal/Bayern Munich
Comment Arsenal peut éviter la raclée ?
Arsenal, c'est assez costaud. Le Bayern Munich ? C'est beaucoup trop fort. Tout sauf favoris au moment de recevoir le big boss de la compétition à l'Emirates, les Gunners ont bien besoin de quelques solutions pour sortir vainqueurs de cette rencontre. En voici quelques-unes.
En rappelant la défense « Dreamcast »
« Ils sont quatre, mais l’alliage est encore moins bon que ce groupe de la fin des années 90. » Au téléphone avec Gilles Grimandi pour parler de sa défense, Arsène Wenger chiale un bon coup, puis se reprend. « Tu sais, Gilles, tes frisettes me donnaient la gerbe, mais la saison 2001-2002, c’était quelque chose. Ça ne te dirait pas de rappeler Sol, Tony et Lee ? J’ai essayé d’appeler Nigel Winterburn, mais depuis qu’il a perdu contre Lens à Wembley, il a viré les pâtes de son alimentation pour les remplacer par du Prozac. » 2001-2002 chez les Gunners, c’est quelque chose. Ce n’est pas la fameuse saison terminée invaincus, mais c’est un maillot Dreamcast époque Virtua Tennis – quel jeu ! –, c’est une première place acquise en Premier League avec un trio Wiltord – Pirès – Henry fou, et une défense qui a encaissé moins d’un but par match dans ce championnat de dingues. Alors Gilles dégaine son portable, plein de nostalgie. « Sol, c’est Gilles. Ça te dirait de jouer contre le Bayern ? Arsène a envie qu’on se fasse ça. En gros, ce serait comme le Variété Club, mais sans Jean-Michel Larqué » , balance le Français. « Tu sais Gilles, j’adorerais. Mais je fais 238 kilos maintenant. Mandžukić, je peux l’attraper. Mais Robben… » répond l’Anglais. Robben, c’est Tony Adams qui va le savater. Réunis à l’Emirates, Dixon, Campbell, Adams et Grimandi se démerdent bien. Après un 0-0 à l’aller, l’arrière-garde est reconduite au retour, mais s’incline en prolongation. Et oui, le Bayern a fait venir Mickaël Debève.
En comptant sur une hécatombe extraordinaire
Les scénarios et les acteurs d’une de ces géniales publicités de Nike. Le tout dans la vraie vie. Il fallait au moins ça pour qu’Arsenal s’impose face au Bayern. Nike oblige, tout commence dans un aéroport. À peine arrivé à Heathrow, Mario Götze, amateur de Justin Bieber, donc non anglophone, ne comprend pas l’inscription « Wet floor » (sol glissant, ndlr) et se fait les croisés sur un coup de serpillière d’un employé de l’aéroport. Heathrow toujours, Thiago Alcántara et sa tête d’acteur pakistanais ne passent pas la douane. Foutu Homeland. Enfin arrivés dans le bus qui met le cap vers l’hôtel, les Munichois déplorent déjà deux pertes. Le début de la fin. Lors d’un entraînement avant la rencontre, Arjen Robben, perturbé par le sens de la circulation en Angleterre, file à droite au lieu d’aller à gauche sur un crochet et décide de mettre fin à ses jours en sautant sous le métro à la station Tottenham Court Road, parce qu’il avait bien aimé le film Braquages à l’anglaise. Privés de trois joueurs importants, les Allemands, réunis dans les vestiaires avant la rencontre, attendent les consignes de Guardiola pour attaquer le match comme il faut. Mais trop occupé à démonter tout le monde au biathlon sous les couleurs de la France, Pep Guardiola, aussi connu sous le nom de Martin Fourcade, n’a pu revenir à temps. Sans leur maître à penser, les Bavarois plient à l’Emirates et quittent la compétition la tête basse. La faute à pas de chance, comme on dit.
En alignant un 5-3-2 « José Anigo »
« Vous êtes bien sur le répondeur de José Anigo, je suis actuellement en train d’élaborer une tactique de génie, ou de parler avec un agent, laissez un message. » On a beau s’appeler Arsène Wenger, certaines portes fermées demeurent impénétrables. Alors l’Alsacien fait comme tout le monde, il laisse un message. « José, c’est Arsène. Putain, c’est l’enfer de recevoir Munich. Il y a deux ans, vous n’en aviez pris que deux avec Brandão et Morel. Je voulais que tu me donnes la clé tactique pour ne pas craquer. » Pas bête, le coach d’Arsenal se rend bien compte que José ne répondra pas. Alors il consulte, il fouille, il sort les archives. Le week-end dernier, le coach de l’OM a dégainé un 5-3-2 ennui qui a bien failli venir à bout de l’AS Saint-Étienne. Alors Arsène essaye. Sagna – Mertesacker – Vermaelen – Koscielny – Monreal. « Cher José, j’ai mis Monreal plutôt que Gibbs, car il est orthographiquement proche de Morel. J’espère que j’ai bien fait » , écrit Wenger dans une lettre pleine d’admiration. Et la sauce va prendre. Sans réponse face à la tactique de José Anigo, le Bayern bute sur une défense solide et se fait prendre en contre. D’où la fin de la lettre. « PS : je crois que j’ai trouvé la solution. Essayez avec Özil, Wilshere et Cazorla devant la défense, ça marchera peut-être mieux. »
Demander au Sun de piéger le Bayern
Depuis quelques jours, les photos d’Olivier Giroud en slip publiées par le Irish Sun font le tour de la toile. Forcé de se fendre d’excuses publiques avant ce matin et de récuser les accusations d’adultère, le beau gosse aux joues creusées est de toute évidence victime d’un complot mis en place par le tabloïd. Arsenal, lassé d’être le dindon de la passe, négocie alors avec les paparazzi pour faire tomber une partie de l’effectif munichois dans le même piège. Raté. Arjen Robben claque la porte au nez de Tamara, magnifique blonde siliconée, d’un laconique : « Je préfère rester seul. » Même échec pour Sandra devant Franck Ribéry : « On me l’a déjà faite, je suis pas débile. Routourne d’où tu viens. » Seul Mario Götze cède face à Julia, jolie brune de 24 ans. Mais l’affaire tourne au vinaigre. Accusée de pédophilie, la jeune Tchèque est arrêtée à la sortie de la chambre par les bobbies. Durant les interrogatoires, elle lâche le nom de son mac, un certain Tonton Arsène, qui la rejoindra en cellule quelques heures plus tard. La mission a échoué, Arsenal s’incline 4-0.
Négocier le score final avec Uli Hoeness
Humiliés par Liverpool, piétinés par City, Arsène Wenger ne se fait guère d’illusions : ses Gunners vont se faire dérouiller par l’ogre bavarois. Alors depuis quelques semaines, l’Alsacien réfléchit à une solution pour amoindrir les pertes lors de cette invasion inévitable. Habitué à négocier les arrivées allemandes sur ses terres, le coach décroche son téléphone et contacte l’un des cadres de l’armée munichoise, Uli Hoeness :
« Écoute Uli, évitons que ce soit sanglant. Un but à l’aller, un autre au retour, vous avez la qualif’ et nous, l’honneur sauf.
– Ya Arsène, thisse isse a goot idea. » Tout heureux d’avoir pactisé avec l’ennemi, Wenger aborde sereinement cette double confrontation. Mais puisqu’un traité, ne serait-il pas fiscal, importe peu à ce diable d’Hoeness, le Bayern plie Arsenal 0-5 à l’Emirates avant d’infliger un sévère 9-0 aux partenaires d’un Koscielny depuis hospitalisé dans une clinique militaire du Val-de-Marne.
Faire appel à deux légendes allemandes
L’Allemagne, ce n’est pas que la bière, l’Oktoberfest et un accent franchement vilain. Non, l’Allemagne n’est pas qu’une contrée ou les kebabs se font sans viande et où les étudiants viennent cachetonner dans des trous à rat aux basses surpuissantes. Car l’Allemagne, c’est avant tout deux noms : Horst Tappert et Nena. Ainsi, pour tenter d’amadouer les visiteurs, les programmateurs de l’Emirates misent sur ces légendes. Dès leur entrée dans le stade, Philippe Lahm et les siens n’en croient pas leurs yeux. Les écrans géants diffusent un spin-off des aventures de l’inspecteur Derrick, avec Arsène Wenger dans le costume du défunt nazi. Bien décidés à ne pas rater ce 648e épisode inédit, les Allemands du Bayern perdent de leur concentration. Sagna dépose Schwensteiger avant de tromper Neuer d’une frappe des 45 mètres. Arsenal est devant, Munich toujours sous le choc. Conscient de la passivité de son équipe, Arjen Robben se lance alors dans un rush gagnant et remet les deux équipes à égalité. Mais là, c’est 99 Luftballons qui résonne dans une enceinte calmée par cet intérieur du gauche. Boateng, Götze et Kroos entament une danse sans fin et ne voient pas Giroud inscrire le second but sur le coup d’envoi. Les Gunners tiennent leur exploit pendant que Franck Ribéry se marre en tribunes : « C’est la musique de la Beuze ! »
Par Swann Borsellino et Raphael Gaftarnik