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- 12e journée
- Évian TG/Toulouse
Comment aider un gardien à rebondir après un match catastrophique ?
Ali Ahamada a vécu un cauchemar samedi dernier avec son TFC. Cinq boulettes, cinq buts encaissés et une défaite 5-0 à domicile contre Rennes qui fait tache. Mais qu'il se rassure, il n'est pas seul. Oliver Baumann de Fribourg aussi a fait n'importe quoi. La question se pose alors : comment rebondir après un match catastrophique ?
« Vous, journalistes, pouvez écrire un article de merde. Nous, nous avons fait un match de merde. » En bon capitaine, Étienne Didot assumait la défaite sans détour samedi dernier en conférence de presse. Même son de cloche chez Alain Casanova qui responsabilisait tout le monde : « Ce serait indécent d’évoquer un joueur plutôt qu’un autre. Nous sommes tous à mettre dans le même sac, staff compris. À la pause, j’aurais pu sortir toute l’équipe. » Car en tant qu’ancien gardien, coach « Casa » le sait trop bien, viser un joueur après un match raté n’a jamais rien auguré de bon. Pourtant, des raisons d’en vouloir à son gardien Ali Ahamada, l’entraîneur toulousain pouvait en avait plusieurs. Cinq plus précisément. Une par but, quoi. Contre Rennes, Ali Ahamada a fait très fort : proposer au public clairsemé du Stadium tous les gestes du gardien à coté de la plaque. Une sortie foklorique devant Pitroipa qui permet à Alessandrini d’inscrire le premier but, une nouvelle sortie dans le vide sur le second but de Bakayoko, une main en dehors de la surface qui amène le coup franc du troisième but, un ballon mal dégagé qui amène le quatrième but d’Oliveira et une incompréhension avec Abdennour sur le cinquième but. Mais il ne le sait que trop bien, en période de crise, les joueurs n’ont besoin que d’une chose : d’amour. Les gardiens encore plus que les autres.
« Le poste le plus exposé du sport en général »
L’entraîneur toulousain le rappelait dans la semaine, le poste de gardien est avant tout un poste ingrat : « C’est le poste le plus exposé, non pas du football, mais du sport en général. On y est sans cesse sur le fil du rasoir, exposé en permanence. » Coach des gardiens d’Ajaccio et ex-routier de D1, Thierry Debès ne dit pas autre chose : « Le poste de gardien est un poste à part, parce qu’on est tout le temps tout seul. Sur le terrain, les joueurs rattrapent les erreurs des autres. Le gardien n’a personne pour rattraper les siennes. » Drôle de position en effet que celle de gardien de but. Bâtarde, presque. Quand tout va bien, le gardien n’a rien à faire. Quand tout va mal, il doit se transformer en sauveur. Un poste où il faut finalement être constant avec une activité inconstante. Sans doute pour cela qu’il a apporté au foot son lot de grands malades. Aussi pour cela qu’il est le seul à avoir un coach spécifique. « Toujours à l’écart, le gardien est celui qui a le plus besoin de la confiance des autres. Même si extérieurement, il veut paraître costaud parce qu’il doit aussi rassurer les autres… » , ajoute Thierry Debès, avant de rappeler que la caste des gardiens est sans doute le seul endroit dans le foot où une véritable solidarité de classe existe : « Il existe une vraie solidarité entre gardien, aucun gardien ne rigolera des malheurs d’un autre, au contraire, quand un joueur se plante comme Ali samedi dernier, cela nous fait tous de la peine. » Solidaire alors que solitaire, le gardien n’est donc pas à un paradoxe près.
Corriger lorsque tout va bien, soutenir lorsque tout va mal
Qui dit poste spécial, dit donc traitement spécial. Thierry Debès le confirme : « Un gardien sait toujours les conneries qu’il a faites, pas besoin de les lui rappeler. Ou alors plus tard. Personnellement, je n’en parle pas avant deux ou trois semaines. C’est le paradoxe du travail de l’entraîneur des gardiens de but : il faut savoir être beaucoup plus exigeant avec le joueur quand tout va bien et, à l’inverse, le soutenir lorsque tout va mal. » S’il n’existe donc pas de solution miracle à côté du soutien psychologique, un autre remède pour relancer un gardien au fond du seau demeure néanmoins : une nouvelle titularisation rapide : « Il n’y rien de mieux que de rejouer le plus vite possible pour éviter de ruminer » , ajoute l’ancien gardien strasbourgeois. Ça tombe bien, Ali Ahamada sera titulaire contre Évian Thonon Gaillard ce soir. Tout comme Oliver Baumann contre Nuremberg.
par Antoine Mestres