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Comment aider Ricardo à rester sur son banc
Un entraîneur cloué sur son banc et interdit de donner des consignes ? Voilà la belle situation dans laquelle est engluée Ricardo depuis le début de saison, la faute à un règlement européen auquel il est soumis faute de diplôme d'entraîneur professionnel. Voici, en complément de la méditation, quelques pistes d'occupations à faire en position assise.
C’est une histoire à dormir debout, quitte à travailler assis. « S’il vient en tant que manager, Ricardo aura le droit de s’asseoir sur le banc en tant que dirigeant. Mais il n’aura pas le droit de se lever, d’avoir le moindre contact avec les arbitres » , avait très clairement déclaré Raymond Domenech en début de saison. Parole de président du syndicat des entraîneurs et cadres techniques professionnels (UNECATEF) : le « manager » bordelais n’a pas son diplôme d’entraîneur professionnel, ce sera donc à Éric Bedouet d’assurer la partie spectacle, pantin articulé d’une tête pensante condamnée à phosphorer sur ses fesses.
Une consigne également valable en Coupe d’Europe, affirme l’organisme après contact téléphonique, et un sacré temps d’inactivité qui ne devrait pas arranger la moyenne nationale en matière d’immobilisme, les Français étant titulaires de la médaille de bronze européenne en la matière avec 7h24 quotidiennes passées en position assise. Mais alors que les études scientifiques ne cessent d’appuyer la nécessité de passer plus de temps sur ses deux jambes, comment bien s’occuper sur le banc des Girondins une fois privé du stimuli du bond en avant ?
Privilégier les loisirs créatifs
Dans un papier sobrement titré « Comment s’occuper en avion » délesté de tout point d’interrogation, le site internet toutcomment.com préconise d’abord le port de « vêtements très confortables » pour la durée du vol, question de bien-être pour le timide coincé côté hublot. Mais pour un temps de match hebdomadaire assimilable à un trajet Paris-Barcelone, Ricardo semble pourtant pour le moment opter pour le costume deux-pièces et le polo, chaussé de délicates baskets noires aux semelles blanches. Une association pas des plus habiles pour profiter du confort des sièges ouatés du Matmut Atlantique, à moins de suivre les nouvelles préconisations de notre site spécialisé. Pêle-mêle : « Regarder le paysage » , « socialiser avec de nouvelles personnes » , « dormir » , ou encore « prendre dans votre bagage à main tout ce que vous considérez comme pouvant être utile pour ne pas vous ennuyer : des livres, un ordinateur portable ou tablette avec des films et de la musique, des jeux et un passe-temps comme le sudoku, les mots croisés ou les mots cachés, avec lesquels vous pourrez tuer beaucoup de temps. » Libre à Ricardo, par la suite, d’ajouter plusieurs variantes hilarantes à cette liste, comme les mots fléchés ou un jeu de carte de solitaire. Seul bémol sur ce point : la plupart des jeux de carte nécessiteront un étalage au sol, attention donc à changer d’activité par jour de pluie.
La problématique amène dans son sillage une nouvelle question : pourquoi les coachs ressentent-ils le besoin de se lever de leur siège ? Diego Simeone vous répondra probablement en hurlant, mais la nature nous apprend une fois de plus une belle leçon de vie, via l’exemple admirable des grands mammifères herbivores. Les éléphants, chevaux et girafes dorment debout afin de rester alertes quant à l’évolution de leur environnement, signe d’une activité cérébrale qu’un sommeil allongé ne leur permettrait pas. Et qui serait par là même dangereux pour leur espérance de vie. Difficile donc pour Ricardo de réfléchir correctement depuis son banc, en réponse de quoi une activité davantage manuelle lui est conseillée par le blog de lamariéeencolère.
À l’instar d’une femme enceinte, le coach bordelais pourra donc se concentrer sur « le rangement de sa garde-robe, de sa bibliothèque ou de son placard à chaussures » , à condition toutefois d’apporter lesdits meubles à ses côtés. Autre solution, s’initier à des loisirs créatifs, en plein boom depuis quelques années dans les rayons enfants des grandes enseignes. Les coups de cœur vont évidemment au tricot, au crochet, à la couture, la peinture, l’encadrement ou même l’origami, dédicace évidente au placide Michael Scofield pour un homme prisonnier de son propre banc. Enfin, dernière option, profiter de son temps libre pour « se former » . Le Brésilien pourrait ainsi lier l’utile à l’agréable, en révisant les cours dispensés dans sa formation d’entraîneur directement depuis son banc de touche.
Marche active à la mi-temps : la solution miracle ?
Un motif de satisfaction, tout de même. Selon Alan Hedge, professeur d’ergonomie à l’université Cornell, dans l’État de New-York, l’idéal pour une heure de travail résiderait dans le rapport suivant : quarante minutes assises, seize debout, et quatre d’étirements divers. Un quotient qui se rapproche peu ou prou de celui d’un match de football, à condition toutefois que Ricardo profite de ses causeries de mi-temps pour réactiver la circulation de ses jambes, dont la fonction vasculaire peut être réduite de près de 50% après six heures assises.
Mieux, une étude de la Nasa intime que rester debout pendant deux minutes environ quinze fois par jour serait extrêmement efficace pour maintenir la densité osseuse et musculaire. Libre donc au monsieur de remplir son quota avant les rencontres, afin d’éviter de foutus maux de dos, problèmes cardiaques, pulmonaires, articulaires ou circulatoires, et ainsi écarter les risques de diabète. On lui conseillerait toutefois l’utilisation de bas de contention FYTTO ou de petites électrodes stimulantes Veinoplus, afin de mieux digérer ces périodes inactives, et profiter au mieux du spectacle alentours. Parce qu’à 25 000 euros l’amende pour le lever, autant se tricoter un joli coussin en laine.
Par Théo Denmat